« S.O.S. fantômes : L’héritage », succession pleine d’esprit

« S.O.S. fantômes : L’héritage », succession pleine d’esprit

« S.O.S. fantômes : L’héritage », succession pleine d’esprit

« S.O.S. fantômes : L’héritage », succession pleine d’esprit

Au cinéma le 1 décembre 2021

En difficulté financière, Callie, mère célibataire, doit s'exiler avec ses deux enfants dans la petite ville où son père, récemment décédé, vivait en reclus. Peu à peu, des indices dévoilent que ce parent énigmatique était autrefois chasseur de fantômes. Hanté par le thème de la succession, S.O.S. fantômes : L'héritage offre une suite tendre et nostalgique à la célèbre saga. Un divertissement familial réussi avec une touche de mélancolie en phase avec les films d'origine.

Les temps sont difficiles pour Callie (Carrie Coon), mère célibataire de deux adolescents : Trevor (Finn Wolfhard) et Phoebe (Mckenna Grace). Dans l’incapacité de payer le loyer, elle est contrainte de quitter son appartement pour s’installer à Summerville, une petite ville isolée où vivait son père, qui vient de décéder.

Dans la vieille demeure reçue en héritage, Trevor et Phoebe découvrent peu à peu les vestiges d’un passé intriguant. Ce grand-père absent qui a abandonné sa famille pour vivre loin de tout se révèle en effet être un ancien chasseur de fantômes. Avec l’aide de ses collègues connus sous le nom de S.O.S fantômes, ils ont sauvé New-York de la destruction dans les années 80.

Par curiosité autant que par nécessité, Trevor et Phoebe vont s’approprier l’incroyable héritage légué par leur grand-père avec le soutien enthousiaste d’un prof local dilettante, Mr Grooberson (Paul Rudd). De découverte en découverte, ils soupçonnent que les secousses sismiques surnaturelles qui menacent les fondations de Summerville sont annonciatrices d’un désastre imminent.

S.O.S. fantômes : L'héritage © 2021 CTMG, Inc. All Rights Reserved

Retour aux sources

Près de trente ans après le premier opus, cette nouvelle plongée dans l’univers des célèbres chasseurs de fantômes est attendue au tournant. L’espoir est d’autant plus grand que le SOS Fantômes (2016) réalisé par Paul Feig, transposition avec une équipe 100% féminine, n’a pas convaincu. Si cet échec à faire revivre la franchise ne méritait pas la haine que certains ont ressenti pour le projet, la déception était bien présente.

Cette fois-ci, ce retour orchestré par Jason Reitman, réalisateur de Thank You for Smoking (2005), Juno (2007) et The Front Runner (2018), joue la carte de la fidélité à l’œuvre originale. S.O.S. fantômes : L’héritage s’inscrit directement dans la lignée des deux premiers films.

Une continuité qui débute sans surprise avec les objets cultes de la franchise. À commencer par l’incontournable Ecto-1. Comme une véritable star, le célèbre véhicule était partiellement dévoilé avec malice dans un premier teaser. Une fois débarrassée d’une épaisse couche de poussière, l’incontournable Cadillac ambulance est de retour, prête à pourchasser les fantômes comme au bon vieux temps.

S.O.S. fantômes : L'héritage © 2021 CTMG, Inc. All Rights Reserved

Nostalgeek

L’iconique détecteur de fantômes PKE est également de la partie, tout comme les pièges pour les capturer. Sans oublier l’encombrant mais très efficace lance-protons, sac à dos bricolé pour tirer sur les esprits récalcitrants. La découverte de ces objets par Trevor et Phoebe est une véritable chasse aux trésors, à la fois excitante et nostalgique.

Au-delà de cet attirail renvoyant à l’univers des chasseurs de fantômes, ce sont les années 80 qui semblent planer sur cette histoire d’héritage. Parmi les figures incontournables, le bonhomme Marshmallow Stay Puft est de retour dans un adorable format réduit. L’activité frénétique de ces confiseries n’est pas sans rappeler celle des turbulents Gremlins, autres figures marquantes des années 80.

S.O.S. fantômes : L'héritage © 2021 CTMG, Inc. All Rights Reserved

Au jeu des liens de parenté, Phoebe et son ami Podcast (Logan Kim) pourraient être de lointains cousins débrouillards et intrépides du personnage de Data dans Les Goonies (1985). Conscientes ou non, ces références invoquent l’esprit des grands films de divertissement des années 80 dans lequel s’inscrit joyeusement cette suite.

En quête de sciences

Ce retour en grâce de la saga est également l’occasion de célébrer la science. Une science décalée qui sort des chemins battus mais une science tout de même. Pour incarner la relève, le choix de la jeune Mckenna Grace, vue dans Moi, Tonya (2017), The Haunting of Hill House (2018), Young Sheldon (2017-) ou encore The Handmaid’s Tale: La Servante écarlate (2017-) est particulièrement judicieux.

Teinte en brune, la jeune actrice est très crédible dans le rôle de la petite fille du Dr. Egon Spengler, pilier scientifique de l’équipe originale. Fille passionnée par les sciences, le scénario ne la présente pas pour autant en geek asociale incapable de communiquer avec son prochain. Une nuance appréciable qui évite le cliché et vient renforcer le propos sous-jacent sur la science dans le film.

S.O.S. fantômes : L'héritage © 2021 CTMG, Inc. All Rights Reserved

En dévoilant peu à peu l’identité de ce mystérieux grand-père, S.O.S. fantômes : L’héritage met la science au cœur du récit. Alors que la pandémie actuelle a invité la science au cœur de notre quotidien, et qu’elle est par ailleurs la cible de tous les complots imaginables, le film la met en avant sous un jour décalé et moins anxiogène.

Touche de modernité, cette science qui aide à lutter contre des forces maléfiques n’est plus réservée à une bande exclusivement masculine. La dextérité de Phoebe à faire usage de son lance-protons fait exploser avec fracas des choix encore influencés par le sexisme.

Utile, la science est également cool ! « La science, c’est du punk rock ! » déclare ainsi Mr. Grooberson. Difficile de lui donner tort devant l’incroyable héritage découvert par Callie et ses enfants.

S.O.S. fantômes : L'héritage © 2021 CTMG, Inc. All Rights Reserved

Hommage au désespoir

S.O.S. fantômes : L’héritage joue la carte de la nostalgie avec un grand respect pour l’œuvre originale. Jason Reitman marche dans les pas de son père Ivan, réalisateur des deux premiers opus, en inscrivant cette suite dans le même état d’esprit. Une vision de l’héroïsme qui n’est pas sans une certaine amertume.

Alors que Phoebe et Trevor enquêtent sur l’identité de leur grand-père, ils découvrent en effet que ses exploits ont été totalement oubliés. Près de trois décennies après les faits, il ne reste plus grand chose des héros ayant délivré New-York, par deux fois, des forces du mal. Le temps fait son œuvre et seuls des reportages d’époques perdus dans les fins fonds de YouTube permettent de révéler le courage des chasseurs de fantômes.

Ce parti pris de l’oubli n’a rien d’étonnant car il était déjà à l’œuvre dans S.O.S. Fantômes II (1989). Cinq ans après leur premier exploit, nos héros avaient abandonné cette activité pour cause de pénurie de fantômes. Deux d’entre eux tentaient même de faire vivre la légende en se produisant lors de goûters d’anniversaires pour enfants. Dans l’indifférence totale.

S.O.S. fantômes : L'héritage © 2021 CTMG, Inc. All Rights Reserved

Le spectre de l’oubli

Trente ans plus tard, le constat est encore plus amer. Sans fantômes à chasser, les liens se sont rompus entre la joyeuse équipe. Une distance qui a isolé Egon Spengler, vivant reclus à Summerville pour continuer seul le combat. Un dévouement qu’il paie en devant endosser le rôle peu reluisant du père abandonnant sa famille.

Derrière la menace d’une force surnaturelle destructrice, il plane sur ce retour un constat morose sur la façon dont le temps peut effacer les mémoires et séparer les êtres. Héros un jour, oubliés le lendemain.

La saga pose un regard cynique sur la notion d’héroïsme qui est ici mis en abyme après trois décennies d’oubli. Cette touche réaliste de regret vient renforcer l’aspect émouvant de ces retrouvailles que seul le cinéma permet.

S.O.S. fantômes : L'héritage © 2021 CTMG, Inc. All Rights Reserved

La vie d’après

Comme son titre français l’indique, le film d’Ivan Reitman est une histoire d’héritage à plus d’un titre, devant et derrière la caméra. Mais son titre original Ghostbusters: Afterlife indique également une réflexion sur la perte et la possibilité d’une continuité au-delà de la mort. Un thème qui résonne particulièrement dans un film de fantômes. Et pour cela, il faut des revenants.

Annie Potts incarnant la secrétaire Janine Melnitz, Bill Murray, Dan Aykroyd, Ernie Hudson évidemment et aussi Sigourney Weaver pour un clin d’œil. Ils ont tous répondu à l’appel ! Enfin presque tous car Harold Ramis, co-scénariste des deux premiers opus avec Dan Aykroyd et incarnation de Egon Spengler, a rejoint le monde des esprits en 2014.

S.O.S. fantômes : L'héritage © 2021 CTMG, Inc. All Rights Reserved

La disparition de l’acteur est habilement intégrée au récit et mêle la joie pour les fans de retrouver ces personnages à un vibrant hommage rendu à celui qui n’est plus là. Dans ce nouveau film de la saga, chasser les fantômes ne se fait pas uniquement à coup de puissants rayons à protons. Cette histoire d’héritage familial invite à se confronter aux souvenirs et à accepter les occasions manquées.

Film sur la transmission autant sur le fond que sur la forme, S.O.S. fantômes : L’héritage joue à fond la carte de la nostalgie régressive. En assumant une touche de regret sous le vernis de l’action, Ivan Reitman offre un divertissement efficace doublé d’une tendre réflexion sur le temps qui passe, laissant parfois des fantômes dans le placard.

> S.O.S. fantômes : L’héritage (Ghostbusters: Afterlife), réalisé par Jason Reitman, Canada – États-Unis, 2021 (2h04)

S.O.S. fantômes : L'héritage (Ghostbusters: Afterlife)

Date de sortie
1 décembre 2021
Durée
2h04
Réalisé par
Jason Reitman
Avec
Carrie Coon, Finn Wolfhard, Mckenna Grace, Annie Potts, Ernie Hudson, Paul Rudd
Pays
Canada - États-Unis