« Les Optimistes », les seniors montent au filet

« Les Optimistes », les seniors montent au filet

« Les Optimistes », les seniors montent au filet

« Les Optimistes », les seniors montent au filet

Au cinéma le

"Les Optimistes" est une équipe de volley-ball norvégienne composée de joueuses de 66 à 98 ans qui s’apprêtent à disputer un vrai match après 40 ans d’entraînement. Un documentaire à l’image de ces incroyables mamies sportives : surprenant, tendre, tonique et très attachant.

En Norvège, comme ailleurs, une équipe de volley-ball féminine n’a rien d’extraordinaire, mais celle-ci devient tout de suite plus intrigante lorsque ses membres ont entre 66 et 98 ans ! Portant un nom qui leur colle à la peau, les « Optimistes » s’entrainent avec un dynamisme et une motivation qui forcent l’admiration, et ce depuis 40 ans. Pour bousculer le quotidien de ses partenaires de jeu, Irma, l’énergique « jeune » capitaine de 66 ans, leur propose un nouveau défi : se rendre en Suède pour y affronter « Les Canonniers », une équipe masculine également composée de séniors. Mais avant la grande confrontation – le premier vrai match pour « Les Optimistes » habituées à se renvoyer la balle entre elles – tout reste à faire : les mamies super actives vont devoir convaincre un sponsor, trouver des survêtements et les broder elles-mêmes, s’entrainer avec des professionnels et tenter de mémoriser les véritables règles de ce sport qu’elles ont un peu oubliées et arrangées à leur manière au fil du temps. C’est l’histoire de cette surprenante et flamboyante équipe que la réalisatrice Gunhil Westhagen Magnor raconte dans ce magnifique documentaire, témoin d’une vitalité exaltante et d’un état d’esprit enthousiaste très contagieux.

Les Optimistes

Coup de foudre au match de volley-ball

Porté par la positivité sans faille de ces joueuses seniors, Les Optimistes est à classer sans hésitation dans la catégorie des « feel good movies ». Il se regarde avec un sourire constant sur les lèvres – les débats sans fin entre les membres de l’équipe pour savoir si « boxer » la balle est permis ou non sont irrésistibles – et se quitte avec la conviction que rien n’est impossible. Sur ce point, ce film peut être considéré comme le cousin sportif du documentaire I Feel Good! (2007) dédié à une chorale de seniors du Massachussetts qui réalise des reprises de morceaux rock. Il s’en écarte cependant par le ton choisi par la réalisatrice – enceinte de 9 mois vers la fin du tournage ! – qui a décidé d’adopter l’optimisme inébranlable de l’équipe, ici aucune place pour l’abattement. Ainsi le cancer qui touche Goro, la doyenne de l’équipe âgée de 98 ans, est évoqué avec une pudeur absolue, il n’est pas question de s’attarder sur ce désagrément qui l’afflaiblit et pourrait l’empêcher d’aller jouer le match contre l’équipe masculine suédoise. D’ailleurs la vieille femme balaie toute possibilité de s’épancher sur son état physique, elle l’annonce de façon catégorique : il est hors de question qu’elle décède à cause de cette maladie, une prise de position non négociable. Alternant les séquences à leurs domiciles et lors des entrainements, Gunhild Westhagen Magnor dévoile le quotidien de ces femmes et surtout leur joie à se retrouver pour frapper cette balle qu’il faut inlassablement tenter de faire passer de l’autre côté du filet. Une version senior de la série Jeanne et Serge (1984) où le volley-ball qui les rassemble n’est finalement qu’un prétexte.

Les Optimistes

Come together

Au-delà du dénouement de l’aventure – la rencontre finale pleine de suspens contre l’équipe suédoise – Les Optimistes propose une vision du sport qui tranche avec ce qu’il devient une fois perverti par des considérations économiques. Ici le but n’est pas de gagner, ni même de participer, mais d’être ensemble, comme le prouve Anni, 75 ans, qui vient assister aux entrainements sur le banc de touche malgré une blessure au genou. Le sport comme vecteur de lien social avant tout c’est ce qui transpire de ces femmes incroyables qui joue selon leurs règles, sur un terrain qui est loin d’être homologué… mais qui s’en fichent pas mal, seul compte l’échange et le fait d’être réunies. Une conception du sport rafraichissante qui relègue les matchs entre stars millionnaires au rang de spectacles pathétiques. L’enthousiasme et la philosophie de vie de Goro, Birgit, Irma et leurs co-équipières ridiculisent les états d’âme des Zlatan Ibrahimović du monde entier et leur combativité force le respect.

Ce plaisir de jouer la réalisatrice l’a magnifiquement capturé lors du match final, filmant de très près au ralenti les visages de ses championnes en plein effort, à la fois concentrées et ravies de cette rencontre au sommet avec leurs homologues suédois. Le résultat du match, à découvrir à la fin du documentaire, importe peu au final : leur victoire c’est de continuer à vivre et jouer, ensemble, le plus longtemps possible. Une philosophie qui a fait des petits car depuis la diffusion du film en 2013 le club continue sa route, submergé par les demandes – il y a désormais une liste d’attente pour rejoindre Les Optimistes – et cinq nouvelles équipes seniors se sont formées en Norvège.

Bouffée d’insouciance irrésistible, Les Optimistes enchante par son message positif d’une simplicité désarmante : la vieillesse se vit mieux dans le partage. Parfois le bonheur peut prendre la forme d’une balle et d’un filet, une révélation aussi percutante qu’un smash.

> Les Optimistes (Optimistene), réalisé par Gunhild Westhagen Magnor, Suède – Norvège, 2013 (1h32)

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