« May in the summer », une femme, deux cultures

« May in the summer », une femme, deux cultures

« May in the summer », une femme, deux cultures

« May in the summer », une femme, deux cultures

Au cinéma le

May retourne dans sa Jordanie natale auprès de sa famille chrétienne pour préparer son mariage avec un musulman. Un retour aux sources plein d’émotions pour la jeune femme qui va devoir se poser les bonnes questions sur l’engagement qu’elle s’apprête à prendre.

May (Cherien Dabis), jeune auteure jordanienne installée à New York, vient passer l’été en famille à Amman pour y préparer son mariage. Chrétienne de confession, elle souhaite épouser Ziad, un musulman, une union qui n’obtient pas la bénédiction de sa mère Nadine (Hiam Abbass), très pratiquante. Heureusement, May peut compter sur le soutien de ses deux sœurs cadettes Dalia et Yasmine face au scepticisme familial. La jeune femme espère également profiter de ce retour au pays pour renouer le contact avec son père (Bill Pullman), un diplomate américain qui a abandonné sa famille et vit désormais avec une jeune indienne. Alors que le jour fatidique de l’union approche et qu’elle doit affronter les frasques familiales, le doute s’installe peu à peu dans l’esprit de May : est-elle vraiment prête à se marier ?

May in the summer

Double face

Avec May in the summer, Cherien Dabis continue à confronter les cultures. Une thématique très personnelle présente dès son premier film Amerrika (2009), relatant l’installation mouvementée de deux palestiniens, une mère et son fils, dans une Amérique post 11 septembre. Considérée « comme une femme arabe aux yeux des Américains et comme une Américaine dans les pays arabes », Cherien Dabis porte en elle cette double culture, elle en connait la richesse mais également les préjugés associés. La jeune réalisatrice s’est d’ailleurs laissée convaincre de passer devant la caméra pour la première fois afin d’incarner elle-même le personnage de May. Tout dans le film fait référence à cette double identité. La ville d’Amman, capitale du pays, n’a pas été choisie au hasard, elle symbolise l’imprégnation de la culture américaine en Jordanie et les changements sociétaux en cours. Une cohabitation qui n’est pas sans contradiction : si les grandes marques, les artistes et les films américains sont adulés, la politique étrangère des États-Unis est toujours aussi méprisée. La réalisatrice excelle à montrer cette société arabe variée où des femmes en niqabs peuvent croiser May et ses sœurs portant des tenues décolletées.

May in the summer

Obsession religieuse

Le mariage contesté qui oppose May à certains membres de sa famille est le moteur du film mais Cherien Dabis arrive à s’en détacher habilement pour mettre en avant son personnage principal. En refusant de s’appesantir sur le conflit lié à la religion, la réalisatrice porte l’attention sur les retrouvailles de la fratrie et l’évolution de l’état d’esprit de May. Pour affronter la polémique liée à son mariage, la jeune femme s’est créée une carapace dès son arrivée sur le sol jordanien. Mais peu à peu l’enveloppe protectrice se fissure : forcée de répondre aux attaques sur l’aspect religieux de son union, May se rend compte qu’elle a négligé tout le reste. Confrontée à des rebondissements familiaux et une rencontre inattendue, la future mariée va progressivement douter de sa motivation à s’engager.

Cherien Dabis poursuit la description habile de cette double culture qu’elle porte en elle dans un film distrayant qui sonne juste, porté par un casting parfait. Si certains rebondissements sont attendus au tournant, accompagner May dans son voyage intérieur s’avère un périple séduisant.

May in the summer, réalisé par Cherien Dabis, Jordanie / Qatar / États-Unis, 2013 (1h39)

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