ONG, les réussites de 2011

ONG, les réussites de 2011

ONG, les réussites de 2011

ONG, les réussites de 2011

28 décembre 2011

Entre crise économique, catastrophes naturelles et secousses géopolitiques, le monde a été fortement chamboulé en 2011. Pour ne pas rester sur ce triste constat, Citazine a décidé de mettre en avant les succès et les avancées des organisations non gouvernementales, dans le domaine humanitaire et de l'environnement. Tour d'horizon.

Le Time l’a dit en une, l’homme de l’année est "The protester", le manifestant, celui qui s’indigne, qui dit son mécontentement. C’est lui qui a régi l’année 2011. Il nous a dit combien la crise n’était pas une excuse, combien il rejetait l’ultra-capitalisme galopant, et le cynisme ambiant. Peut-être en avez-vous été ou, d’une manière ou d’une autre, y avez-vous participé. Vous avez levé le poing, vous avez donné pour une cause ou pétitionné pour une autre et votre action a eu un impact.

Aide au développement : la France triple son aide
à la Corne de l’Afrique

En 2011, l’Afrique de l’Est a connu sa plus grande famine depuis vingt ans, avec comme responsable désigné le changement climatique. La crise humanitaire qui a suivi et les appels aux dons ont permis d’aider l’Est du continent, notamment le Kenya, la Somalie, Djibouti, le Soudan et l’Éthiopie : 13 millions de femmes et d’hommes en danger de mort et en lutte quotidienne pour leur survie suite aux faibles précipitations… Et au manque d’investissements.

La Food and agriculture organisation, Oxfam et le Programme alimentaire mondial se sont mobilisés dès cet été pour aider les populations en danger. Les associations ont déjà connu des victoires face à des crises alimentaires ou des catastrophes naturelles comme celles que le Pakistan a connu récemment ou le séisme qui a déchiré la Libye. D’ores et déjà sensibilisée, si ce n’est mobilisée, la communauté internationale a reçu le message de la coalition d’ONG "Défendre la Corne de l’Afrique". C’est donc sans trop de difficultés que les associations ont réussi à donner de la voix et faire entendre leurs arguments. « Tous mobilisés ! », déclare Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, lors de la signature d’un partenariat avec la Croix-Rouge pour aider les pays de la Corne d’Afrique, avant de publier un communiqué précisant : « Face à la sécheresse et à la famine qui frappent l’Afrique de l’Est, la France a décidé de tripler son aide à destination des pays de cette région. Sa contribution atteint désormais 30 millions d’euros ».

 

Indépendance de la presse : le groupe Murdoch empêché
d’étendre son empire de 50 %

L’association citoyenne Avaaz compte peu de bureaucrates, à peine quelques dizaines sur ses 10 millions de membres, partout dans le monde. Le Premier ministre britannique Gordon Brown la juge « capable de faire entendre une alarme incontournable aux oreilles des leaders » et le Prix Nobel 2007 Al Gore (lauréat avec le Giec) en parle comme d’une « source d’inspiration qui a déjà fait beaucoup pour changer les choses ». Cette année, Avaaz n’a rien fait de moins que soumettre l’ultra-groupe médiatique Murdoch, « le baron des médias, la mafia murdoch », celle-là même qui servait d’exemple au maître du monde médiatique du vingtième James Bond, Demain ne meurt jamais.

Murdoch cherchait à étendre son pouvoir de 50 % en faisant l’acquisition de la chaîne britannique British Sky Broadcasting, alias BskyB. Avaaz, s’intéressant de près à la liberté de la presse, ne l’entendait pas de cette oreille. Quelque 668 784 messages et 30 000 coups de téléphones aux députés anglais plus tard, et avec sous le coude plusieurs actions de communication et sondages révélant les profonds désaccords de la population mondiale avec cette décision, l’accord a été reporté de plusieurs mois par le ministre en charge, imputant la faute à l’ONG – pas peu fière – qui ne s’arrêta pas en si bon chemin. En Australie, le groupe Murdoch possède 70 % de la presse locale. Qu’à cela ne tienne ! Avaaz a largement participé à empêcher le groupe médiatique de détenir le 30 % restant, poussant au passage le gourvernement à lancer, non seulement une enquête sur Murdoch, mais aussi une réforme des médias.

 

Agriculture raisonnée : Nespresso® passe au commerce équitable

Si Nespresso® est le café le plus cher du marché, il est loin d’être le plus équitable. Cette année, Solidar Suisse a mené une campagne médiatique de grande ampleur – surtout sur le net – visant à ouvrir les yeux des consommateurs et mettre la pression sur la marque. George Clooney, héros des fameuses publicités (what else ?) est censé être un acteur engagé. L’ONG l’a pris au mot et s’est adressée directement à lui. Après la diffusion d’un spot parodiant la publicité et du meilleur effet (voir plus bas), la star a reçu 32 000 messages en dix jours. De son côté, Nespresso® répondait vivement en proposant à l’ONG de revoir ses classiques : ils n’avaient rien à se reprocher, bien au contraire (voir le communiqué)… Oui oui oui, et la marmotte…

Peu de temps après, Clooney affirmait dans la presse allemande souhaiter « prolonger son contrat publicitaire pour les capsules Nespresso® pour autant que Nestlé® lui démontre, ainsi qu’à Solidar Suisse, qu’une rétribution correcte est versée aux cueilleurs, selon les critères du commerce équitable, et qu’aucun enfant, de moins de 18 ans, n’est présent sur les plantations de café ». Au-delà de cette victoire, Solidar Suisse se bat pour offrir des conditions décentes de travail aux planteurs et cueilleurs de cafés, notamment au Nicaragua où ils sont payés 30 centimes par heure et travaillent 12 heures par jour. 

 

Protection des populations civiles : le Protocole VI, visant à alléger
les charges contre les mines et les BASM, n’est pas adopté

C’est un camouflet pour les grands Etats comme les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie mais aussi Israël et le Pakistan, non signataires du Traité d’Oslo, une convention signée en 2008 pour une mise en application en 2011 et visant à réduire le nombre de bombes à sous-munitions (BASM). Ces pays souhaitaient profiter cette année d’une convention concernant les armes classiques pour revenir sur la Convention d’Oslo au travers d’un Protocole VI qui autoriserait les BASM fabriquées après 1980 et possédant la capacité d’autodéstruction. Prise à partie, la France, pourtant signataire d’Oslo, se rapprochait dangereusement du Protocole VI. Inquiets de ce mouvement, plusieurs ONG se sont réunies autour d’une action commune contre les sous-munitions : Amnesty International, Human Right Watch, Handicap International, Oxfam, l’Observatoire des Armements.

Dans une tribune publiée début novembre dans Le Monde, la coalition affirme : « Depuis son entrée en vigueur en 2010, la Convention sur les armes à sous-munitions (appelée aussi Traité d’Oslo) est devenue la norme internationale en matière d’interdiction des BASM (…). Or, depuis quelques mois, sous la pression de plusieurs puissances militaires, la France soutient un projet d’accord international, appelé Protocole VI. Un pas en arrière, en contradiction avec la norme établie par la Convention, et qui constituerait une régression sans précédent du droit international humanitaire ». Quelques mois plus tard, la France ainsi que 49 autres pays signataires du traité d’Oslo rejetaient le Protocole VI et laissaient les BASM et les mines au placard.

 

Environnement : le Sénat supprime la niche fiscale
sur les agrocarburants et élargit la TVA sur les pesticides

En 2011, ça ne vous a pas échappé, le Sénat est passé à gauche pour la première fois en France. Fortes de cette nouvelle majorité, un certain nombre d’associations, au sein desquelles Oxfam, Greenpeace et Réseaux-Action-Climat France, sont entrées en guerre contre les agrocarburants. Kézaco ? Les agrocarburants sont des carburants fabriqués à base de plantes ou de matières organiques, à l’origine pour des raisons purement environnementales. Oui mais voilà. Nuisibles pour le climat, plus encore que les énergies fossiles qu’ils sont censés remplacer, les agrocarburants profitent d’une niche fiscale (c’est-à-dire une manière légale d’échapper à l’impôt ou d’en économiser une bonne partie) adoptée en 2009 et initialement valable jusqu’en 2013. Au-delà de la pollution de fait qu’ils engendrent, les agrocarburants entraînent une agriculture intensive et un accaparement des terres dans les pays du Sud comme le montre la vidéo ci-dessous, augmentant ainsi le prix des matières premières et les difficultés pour les paysans.

Les associations ont bien fait de parier sur le changement politique du Sénat ! Fin novembre, lors de la discussion de la Loi de finances, les sénateurs votaient la suppression de la niche fiscale pour les agrocarburants, mise en place pour 2012 Et début décembre, c’est la TVA sur les pesticides qui passaient de 5,5 % à 19,6 %, sous l’impulsion de la Fédération nationale de l’agriculture biologique. « Dans un contexte d’austérité budgétaire et de lutte affichée contre les niches fiscales, continuer à soutenir des filières qui ne sont pas durables et qui n’ont plus besoin de soutien financier est en effet une aberration (480 millions d’euros d’argent public en 2011, selon un rapport UMP) », affirmait la coalition d’associations.  

 

Quelle que soit la cause à soutenir, l’année 2011 a permis de donner de la voix et d’aider certains combats. D’autant qu’à part ce qui concerne Avaaz, pour qui l’acte de générosité est complet, chaque particulier bénéficie d’une réduction de 66 % à 75 % sur le don qu’il effectue à une association, pour peu qu’elle soit reconnue d’utilité publique. Et vous, quelle cause vous souhaitez défendre en 2012 ?