« Moonwalkers », la face gâchée de la lune

« Moonwalkers », la face gâchée de la lune

« Moonwalkers », la face gâchée de la lune

« Moonwalkers », la face gâchée de la lune

Au cinéma le

Été 1969, Tom Kidman, agent de la CIA, doit convaincre Stanley Kubrick de filmer un faux alunissage au cas où la mission d’Apollo 11 échouerait. Hélas, à défaut du grand réalisateur, il se retrouve entouré d’une équipe de bras cassés pour mettre en place la supercherie. Malgré une intrigue de vrai faux complot alléchante, Moonwalkers peine à surprendre et fait, au mieux, sourire.

Juillet 1969, la mission Apollo 11 est entourée d’une très grande tension. Et si les américains n’arrivaient pas à se poser sur la Lune ? Pour écarter le risque d’une humiliation mondiale, la CIA convoque l’un de ses meilleurs agents, Tom Kidman (Ron Perlman), solide gaillard de retour du Vietnam, et lui confie une étonnante mission. Kidman doit se rendre à Londres pour rencontrer le célèbre réalisateur Stanley Kubrick et le convaincre de tourner un faux alunissage qui sera utilisé si la tentative de Armstrong et ses collègues échoue.

Suite à un concours de circonstances, l’agent Kidman rencontre Jonny (Rupert Grint), manager raté et fauché d’un groupe de rock hippie, au lieu du vrai agent de Kubrick. En faisant passer son colocataire Leon (Robert Sheehan) pour le célèbre metteur en scène, Jonny s’enfuie avec la somme allouée au tournage de la supercherie. Furieux de s’être fait arnaquer, Tom Kidman accepte pourtant de s’associer avec les deux losers et une improbable équipe de production pour mettre en boite un alunissage convaincant aux yeux de la CIA.

Moonwalkers

Un drôle de faux complot

Portée par le goût immodéré de certains internautes pour les théories du complot en tous genres, la légende est tenace : les fameuses images de la mission Apollo 11 sur la Lune en 1969 auraient été tournées en studio par Stanley Kubrick. Après tout, quelques mois auparavant, le réalisateur avait ébloui le monde entier avec 2001, l’odyssée de l’espace (1968), faisant de lui le candidat idéal pour une supercherie spatiale de la sorte. Ce mythe de Kubrick travaillant pour la CIA a d’ailleurs déjà été traitée dans Opération Lune (2002), un documentaire canular de William Karel dans lequel Christiane Kubrick, la veuve du réalisateur, venait renforcer la rumeur. En france, ce faux documentaire malicieux a été diffusé sur Arte en 2004… le 1er avril, évidemment !

C’est donc sur cette théorie du complot fantaisiste que Moonwalkers se base, en rajoutant une couche supplémentaire à l’énigme : et si le projet fou n’était jamais arrivé aux oreilles de Kubrick pour être finalement réalisé par des mecs complètement à côté de la plaque ? C’est dans cette uchronie de complot imaginaire que se retrouve l’agent Kidman, alors forcé de gérer Jonny et ses amis hippies accros à la drogue d’un côté, et un clan mafieux voulant mettre la main sur l’argent du tournage de l’autre. Une mallette pleine d’argent, de la violence, de la drogue, des filles à moitié nues… Bref, tous les ingrédients d’une bonne comédie d’action loufoque sont réunis. Sauf que dans le cas précis, une fois la mécanique lancée, la farce se déroule sans véritable surprise, tout juste relevée par des clins d’œil appuyés à la filmographie du maître Kubrick.

Moonwalkers

Pas assez lunaire

Si Ron Perlman (Hellboy) et Rupert Grint (le Ron de Harry Potter) ne déméritent pas dans leurs rôles respectifs d’agent brutal et de paumé dépassé par les évènements, les ressorts de cette comédie complotiste restent très prévisibles. Les blagues sur l’usage de drogues et l’amour libre en cours à la fin des années 60 sont peu originales, et dans l’ensemble les situations font plus sourire que franchement rire. La présence d’une violence non édulcorée — le sang gicle régulièrement et les têtes explosent facilement — tire la comédie vers l’action pure, avec un résultat moins homogène que Kingsman : Services secrets (2014) par exemple, film dans la même veine mais plus convaincant dans son équilibre entre action et comédie. Malgré un ton décalé plutôt sympathique, ce premier long métrage d’Antoine Bardou-Jacquet manque d’un grain de folie et son irrévérence reste au final assez frileuse.

Avec une bonne idée de départ dans son réservoir, Moonwalkers décroche quelques sourires mais peine à décoller et n’atteint jamais les étoiles espérées. Un fantasme de complot spatial tout juste divertissant, sans plus.

Moonwalkers, réalisé par Antoine Bardou-Jacquet, France, 2015 (1h47)

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