Cinq drôles de contes poétiques

Conçu comme un conte pour enfants, chaque chapitre du Grand Noël des animaux est visuellement différent du précédent. Un parti pris qui permet ainsi à 6 femmes, des réalisatrices venues de France, d’Allemagne, de Turquie, de Russie et du Japon, d’exprimer une vision personnelle de Noël. Au fil de chaque histoire, les cinéastes laissent ici et là quelques indices sur leurs origines.

À travers ces cinq contes, on rencontre des animaux de tous horizons : renards, cigognes, baleine, poules, coq et poussins, lynx, ours, hérisson ou hibou. Tous les animaux de ce bestiaire sont véritablement incarnés et attachants.

Pourtant, aucun ne parle. Tout passe subtilement par les expressions, la mise en scène, le bruitage et la musique. On rit de situations cocasses qui plaisent aux petits et grands, on s’attache à chacun d’entre eux et on croit en leur possibilité de réussir chaque mission.

Sur quelques épisodes on rencontre évidemment le Père Noël. Les humains sont quant à eux peu présents, hormis dans un des épisodes où ils viennent couper par centaines les sapins de la forêt…

Aventures enneigées

Le point commun de toutes ces aventures ? La neige. On voyage de la banquise du Pôle Nord à la neige japonaise, en passant par une basse-cour recouverte de blanc, une forêt hivernale et des steppes glacées.

Un périple aux quatre coins du monde grâce aux décors et aux techniques de dessins très différentes : estampe, aquarelle ou linogravure, les univers sont riches et les couleurs chatoyantes : parfait pour attirer le regard des petits. On sent ici l’expérience des autrices dans l’univers jeunesse.

Chaque spectateur aura bien sûr son récit préféré, mais on apprécie chaque chapitre pour son style et les valeurs transmises.

Des messages d’amour et de solidarité

En effet, il s’agit ici de transmettre des valeurs essentielles aux jeunes spectatrices et spectateurs : la solidarité, l’entraide et la bienveillance.

Dans chaque récit, les animaux évoluent ensemble et n’arrivent à atteindre leurs objectifs qu’en unissant leurs forces. Ils rient, apprennent et avancent les uns avec les autres, chacun ayant une force complémentaire à son voisin. Les plus grands ne sont pas forcément les plus forts, et les plus petits découvrent qu’ils peuvent aussi avoir une grande valeur.

À travers ces cinq chapitres, on note aussi l’importance de la famille : des parents, seuls ou en couple, ou d’une fratrie. Certains messages plus subtils sont des petits clins d’œil aux adultes qui accompagnent les enfants lors de ce visionnage : protection de la nature ou l’importance de savoir mettre de côté parfois son travail pour partager des moments importants avec sa progéniture.

Respirations musicales

Le format des chapitres est tout à fait adapté aux plus petits qui ne sont pas en mesure de rester concentrés trop longtemps sur une longue histoire. Pour lier le tout, les réalisatrices ont prévu de petits interludes composés de trois flocons de neiges facétieux qui évoluent au milieu d’un ciel étoilé.

Des petites respirations accompagnées d’une musique travaillée pour unifier tous les récits. Elle sert chaque épisode en apportant son rythme et son appui émotionnel comme une véritable bande son de long métrage.

Le film se termine par une chanson originale joyeuse et festive, Lueurs de la nuit, qui pourrait bien devenir un nouveau classique de Noël.

Le Grand Noël des animaux est une proposition différente mais très réussie pour les fêtes de fin d’année. Une production indépendante franco-allemande qui permet à six autrices et réalisatrices spécialisées dans l’animation jeunesse d’exprimer tout leur talent.

Le rythme est réellement adapté aux plus jeunes, c’est testé et validé : les enfants dans la salle sont pour la plupart restés sages pendant la séance qui fut ponctuée de quelques commentaires très spontanés et drôles. Les adultes auraient pu apprécier une double-lecture un peu plus poussée mais le graphisme et la poésie de chaque histoire permet de passer un bon moment.

> Le Grand Noël des animaux, réalisé par Camille Alméras, Caroline Attia Larivière, Ceylan Beyoglu, Haruna Kishi, Natalia Chernysheva et Olesya Shchukina, France – Allemagne, 2024 (1h12)