« Laurent dans le vent », le grand air de rien

« Laurent dans le vent », le grand air de rien

« Laurent dans le vent », le grand air de rien

« Laurent dans le vent », le grand air de rien

Au cinéma le 31 décembre 2025

À 29 ans, Laurent, sans travail ni logement fixe, atterrit dans une station de ski déserte où il découvre la vie des rares habitants. Après quelques jours, il ne veut plus repartir. Récit d'une errance désabusée, Laurent dans le vent met en scène une indifférence existentielle qui trouve un port d'attache à travers la rencontres d'autres solitudes. Une quête de sens sympathique portée par des personnages vivant en marge d'une temporalité imposée.

Bientôt trentenaire, Laurent (Baptiste Perusat) continue de se laisser porter par une existence à laquelle il cherche toujours un sens. Sans boulot ni logement, il squatte où il peut, sans aucun but ni projet dans la vie. Grâce à sa sœur (Suzanne De Baecque), Laurent débarque dans un appartement situé dans une station de ski désertée par les touristes en attendant la reprise de la saison.

Sans rien d’autre à faire, Laurent visite les environs et s’immisce peu à peu dans la vie de la poignée d’habitants qu’il rencontre. Alors que les touristes débarquent dans la station, Laurent ne veut plus repartir.

Laurent dans le vent © Mabel Films - Arizona Distribution

Isolé mais pas seul

Film de rencontres, Laurent dans le vent est le second long métrage du trio formé par Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon. Leur premier film, Mourir à Ibiza (Un film en trois étés) (2022), était un assemblage de trois moyen-métrages interrogeant l’entrée dans la vie adulte. A contrario, Laurent pense en avoir déjà fait le tour et qu’il n’a plus grand chose à attendre de la vie.  Sa nonchalance désabusée l’a finalement entraîné vers la solitude d’une montagne sans touriste. Contre toute attente, son isolement ne sera que temporaire.

Pour tromper son ennui ou par simple curiosité, Laurent interagit rapidement avec une galerie de personnages solitaires qui vivent tous plus ou moins dans leur bulle. Il découvre Lola (Monique Crespin) assise sur une chaise dans son jardin enneigé. Frigorifiée, la vieille dame attend paisiblement la mort. Un projet dont Laurent va la dissuader. Sa rencontre avec Farès (Djanis Bouzyani), photographe posté au bord de la route, est plus chaleureuse avec un rapprochement physique et un projet de voyage pour changer d’air.

Laurent rencontre également Sophia (Béatrice Dalle), une herboriste qui vit seule avec son fils Santiago (Thomas Daloz), fasciné par les vikings. Il croise également un éleveur à la recherche d’une chèvre « magique » perdue dans la montagne. À part les acteurs principaux, tous les autres personnages sont originaires de la vallée où a été tourné le film. Une volonté de réalisme qui va bien au-delà du seul casting.

Laurent dans le vent © Mabel Films - Arizona Distribution

Somme de solitudes

Les réalisateurs l’assurent, tout ce qui est dans le film provient d’histoires qui leur ont été rapportées. De quoi remplir d’humanité un film qui s’ouvre sur le vide, celui de l’espace d’une station de ski désertée mais surtout le vide ressenti par Laurent qui atterrit, littéralement sur place depuis les airs. Une vacuité qui n’est cependant pas synonyme de spleen, il n’y a rien de triste ou de morbide dans l’attitude de Laurent, juste un détachement total face à une vie qui n’a pour lui aucun sens.

Comme l’annonce le titre du film, Laurent est « dans le vent » car il se laisse balloter de gauche à droite par les circonstances mais il est également lui-même insaisissable comme le vent. L’arrivée de Laurent dans la station impose une lenteur en phase avec la déconnexion totale de celui-ci avec son existence. Un jeune homme solitaire, sans but, erre dans un lieu vide. De quoi créer un vertige existentiel que Laurent ne semble pas désireux de combler a priori.

C’est sans compter les rencontres qu’il fait dans cette station déserte, sanctuaire d’habitants qui fuient plus ou moins consciemment la modernité et parfois une vie antérieure. En se confrontant à d’autres solitudes, Laurent semble trouver peu à peu sa place au sein de cette communauté hétéroclite étonnante. La vallée, promesse d’isolement, s’impose alors comme un refuge et cette accumulation de vide commence à faire sens pour Laurent.

Laurent dans le vent © Mabel Films - Arizona Distribution

L’essence de la vie

De rencontre en rencontre, Laurent réunit autour de lui ces habitants solitaires en une famille choisie, un communauté attachante. Un éventail d’existences allant de Lola, la vieille dame fatiguée de vivre, à Sophia, mère au passé mouvementé désormais retirée du monde et dévouée à son fils – incarnée avec tendresse par Béatrice Dalle en contrepied de ses rôles sulfureux. Dans ce lieu loin de tout, Laurent envisage de se poser pour la première fois de sa vie.

Laurent dans le vent réussit à donner corps à cette communauté, somme d’individus en marge réunit par la curiosité du jeune homme. Des personnages finalement pas si éloignés de Laurent qui ne trouve pas sa place dans le monde tel qu’il est. Santiago dont la passion dévorante pour les vikings et l’accoutrement qui va avec peut prêter à sourire est finalement assez proche de Laurent avec son rêve de fonder une communauté pour repartir de zéro. Son idéal d’autre autre monde s’impose comme une idée attachante. L’idée de réunir des personnes en marge pour recréer un destin commun différent plane sur ce film qui est loin d’être creux malgré sa nonchalance.

Laurent dans le vent © Mabel Films - Arizona Distribution

Avec son personnage désabusé dans une station de ski déserte, Laurent dans le vent joue la carte du vide pour combler une existence qui peine à trouver du sens avec des rencontres improbables. Une invitation à rebattre les cartes d’un monde aux objectifs et assignations étouffants pour celles et ceux qui partagent le rêve simple confié par Laurent, « d’aimer et d’être aimer ».

> Laurent dans le vent, réalisé par Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon, France, 2025 (1h50)

Laurent dans le vent

Date de sortie
31 décembre 2025
Durée
1h50
Réalisé par
Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon
Avec
Baptiste Perusat, Béatrice Dalle, Djanis Bouzyani, Thomas Daloz, Monique Crespin, Suzanne de Baecque, Ira Verbitskaya
Pays
France

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