Laurence Anyways : bon chic, bon genre

Laurence Anyways : bon chic, bon genre

Laurence Anyways : bon chic, bon genre

Laurence Anyways : bon chic, bon genre

Au cinéma le

"Dans la rue, des tenues charmantes // Maquillé comme mon fiancé // Garçon, fille, l'allure stupéfiante // Habillé comme ma fiancée..." Les paroles du "3e sexe" d'Indochine pourraient résonner parfaitement en rythme dans le troisième film de Xavier Dolan. Mais Laurence Anyways est une histoire d'amour davantage qu'un plaidoyer queer.

Melvil Poupaud | Photo Mk2 diffusion.

Xavier Dolan en agace plus d’un. Le talent précoce, couplé à un certain sens de l’emphase (d’autres préfèreront parler de mégalomanie), a souvent du mal à passer à une époque où la fausse modestie est un gage de respectabilité bien plus sûr. Après J’ai tué ma mère – journal intime fictionnel énervé mais cathartique – et Les Amours imaginaires – radiographie pop de l’état amoureux – le Québécois ne freine en rien sa tendance à l’excès. Laurence Anyways dure 2h40, couvre dix années (la décennie 1990) et transpire l’hystérie, des costumes jusqu’au dialogues. On retrouve toutes les affèteries de style – les ralentis, les amples mouvements de caméras, les exubérances de mise en scène – qui aident le public à se répartir parmi les rangs des détracteurs et des adorateurs. La bande originale, où se croisent Visage, The Cure, Duran Duran ou encore, Moderat (« A new error », coup de cœur perso) est aussi réfléchie – aucun titre ne figure ici par hasard – qu’enthousiasmante.

Melvil Poupaud | Photo Mk2 diffusion.

La Laurence du titre est en fait UN Laurence. Laurence anyways. Quoi qu’il en soit. Ce prof de lettres décide d’assumer ce qu’il est vraiment : une femme. Cela, sans jamais douter de son amour pour sa compagne, Fred. Laurence Anyways n’est donc pas un film sur le transsexualisme, la transsexualité ou le transvestisme, mais bel est bien l’histoire d’un couple confronté à une question : peut-on aimer quelqu’un inconditionnellement ? Si, dans le rôle titre, Melvil Poupaud trouve effectivement ce qui est le rôle le plus fort de sa carrière, c’est surtout sa partenaire, Suzanne Clément, qui explose à l’écran.

Suzanne Clément et Melvil Poupaud | Photo MK2 diffusion

La Fred qu’elle incarne, mélange de fragilité, de tendresse, d’abnégation et de force, est sans doute l’un des personnages féminins les plus forts vus au cinéma récemment. Xavier Dolan livre un film extrêmement sensible, aux accents maniéristes qui, s’il n’est pas exempt d’une certaine langueur, laisse une trace durable et infuse une douleur diffuse et déchirante. Du haut de ses 23 ans, il signe une troisième œuvre mature mais non dénuée d’extravagances propres à la jeunesse. Le résultat s’impose : vibrant, vivant, bouleversant.

> Laurence Anyways de Xavier Dolan, 2011, Canada/France (2h39)

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