Jack et Nancy : une échappée colorée
Le premier court métrage, Jack et Nancy, nous entraîne sur les côtes anglaises, où deux enfants rêvent de grands voyages en écoutant les récits des marins. Un parapluie magique hérité de leurs ancêtres les emporte alors vers des contrées lointaines, lumineuses et exotiques, loin de la grisaille du bord de mer.
Poétique, coloré, rythmé par l’aventure et la joie de la découverte, ce récit émerveille les plus jeunes tout en célébrant la force de l’imaginaire. Adapté du dernier album de Quentin Blake, publié en octobre 2025 chez Gallimard, il conserve intacte la légèreté de son style et son humour délicat.
Petit Chou : l’attachement jusqu’à l’excès
Le second film, Petit Chou, propose une expérience plus mélancolique. On y suit Angela, une femme solitaire qui recueille un oisillon et l’élève comme son propre enfant. Peu à peu, son affection se transforme en possessivité démesurée, jusqu’à ce que la véritable nature de l’oiseau bouleverse son quotidien bien ordonné.
Avec un humour grinçant et une approche plus psychologique, l’histoire interroge le rapport à la parentalité, la liberté et l’autonomie. Un récit plus subtil, sans doute trop pour le très jeune public, mais qui touche les spectateurs adultes sensibles à ces thématiques.
Quentin Blake, maître de l’illustration
Réalisés en 2D, ces deux courts métrages conservent la patte reconnaissable de Quentin Blake : un dessin vif, expressif, plein de détails qui donnent vie à chaque scène. La narration, assurée avec tendresse et malice par Alexandra Lamy, guide les spectateurs dans ces récits aux tonalités contrastées.
Illustrateur anglais majeur, Blake a travaillé sur plus de 300 ouvrages, dont les célèbres romans de Roald Dahl, avec qui il forma un duo artistique inoubliable. Ici encore, il prouve que son trait à la fois simple et foisonnant reste universel.
Un duo inégal mais complémentaire
S’il séduit immédiatement le jeune public avec Jack et Nancy, le programme perd un peu de sa force avec Petit Chou, trop adulte pour captiver les enfants. Le contraste de ton entre les deux films manque d’une transition plus douce, ce qui accentue cette impression de déséquilibre.
Mais l’ensemble conserve une unité grâce à l’humour fin de Quentin Blake et la beauté de son dessin animé en mouvement.
Avec Jack et Nancy, les plus belles histoires de Quentin Blake, petits et grands retrouvent un univers graphique unique, à la fois drôle, tendre et empreint de poésie. Si le diptyque manque de liant, il a le mérite d’ouvrir une porte vers l’œuvre foisonnante d’un immense illustrateur. Un joli moment de cinéma familial, à la fois léger et profond, qui donne envie de replonger dans les albums.
> Jack et Nancy, les plus belles histoires de Quentin Blake, réalisé par Gerrit Bekers et Massimo Fenati, Royaume-Uni, 2024 (52min)