Pas toujours facile de savoir quoi lire et de faire le tri parmi la pléthore de romans proposés chaque année.
Chez Citazine on lit, (beaucoup) et on vous aiguille (un peu).
On avait hâte de découvrir le nouveau roman de Claire Jehanno, Qu’importe la nuit. D’abord parce qu’on la connaît (c’est une amie d’amis). Et parce que son premier roman, La Jurée, nous avait époustouflé (on en reparle). Juger d’un livre, d’un film, d’une pièce de théâtre est un exercice difficile. Derrière, et quel que soit le verdict, il y a des milliers d’heures de travail, du détricotage et des dizaines de versions, beaucoup de soi et des souvenirs parfois douloureux, des insomnies, des cheveux qui s’arrachent, de la lassitude et nombre de doutes. Il faut toujours avoir en tête, au-delà du résultat la traversée en solitaire qu’est le parcours de création, souvent ingrat, ô combien douloureux. Figurez-vous qu’il est encore plus ardu de juger le travail des gens qu’on connaît. Même de vue, même très peu.
Qu’importe la nuit, au nom de l’amour
Victoire et Jérôme, quadragénaires, sont un couple soudé, qui s’apprête, après dix ans d’amour, à se marier. Ils passent un week-end dans la maison de famille chinonaise de Victoire, Les Ormes, avec leurs amis Lola et Monti, leurs enfants, et Sacha, le fils ado de Victoire. Mais en pleine nuit, après avoir raccompagné la baby-sitter, Jérôme percute une silhouette au bord de la route et s’enfuit. Un sanglier peut-être, quoi d’autre ? Il n’en dira rien. Enfin, pas tout de suite.
« Il y a des erreurs que l’on pardonne en se compromettant, en fermant les yeux. D’autres qui changent le cours d’une vie. »
Un homme aux prises avec l’angoisse, un couple dont la vie bascule. Et si celui ou celle qui partageait votre vie commettait un acte répréhensible et ne se dénonçait pas ? Cela remettrait-il en cause l’amour que vous lui portez ?
Claire Jehanno nous avait déjà épaté avec La Jurée (2023), premier roman d’une maîtrise absolue, au joli succès. On y suivait Anna, dont la vie basculait après un tirage au sort pour être jurée à un procès d’assises. Malgré quelques longueurs, avec Qu’importe la nuit, page-turner très habile, Claire Jehanno réussit haut la main l’exercice périlleux du second roman, s’inscrivant durablement dans le paysage du roman français.