L’économiste Émilien Long (ça ne s’invente pas !) est le candidat de la paresse à l’élection présidentielle. Qui peut bien croire à la semaine de 15 h ?!
Et pourtant, si l’utopie n’était pas si farfelue ? Si la paresse n’était pas la flemme, mais bien un futur souhaitable, un nouveau modèle pour (re)faire société, pour retrouver un peu de ce qu’il y avait de beau dans le monde d’avant, lorsque « les portables ne perturb(ai)ent pas l’ensemble du champ relationnel humain ? »
Ce n’est pas l’écriture que l’on retiendra de cet ouvrage dont le début se cherche un peu, mais bien l’originalité d’une utopie très ancrée dans le contexte et les préoccupations de ces dernières années : le Covid, l’environnement, les élections et sa candidate tout à fait macron-compatible … Le tout est très documenté et, avec l’astuce bien menée du roman dans le roman, pose grâce à des extraits de la thèse de Long les enjeux économiques et sociaux d’une manière si rigoureuse que l’utopie en est brillamment nourrie… On apprend beaucoup, et on s’y croirait presque !
Évidemment, il y a des professions qui ne peuvent se permettre une semaine de 15H ! Klent y apporte un début de réponse intéressant qui mise sur l’engagement de chacun dans le collectif. Sur les gens « qui ont les armes des dominants, et qui acceptent de les utiliser pour le bon camp, celui des dominés ».
On le savait déjà, la littérature a le pouvoir de changer le monde. Ne fait-on que rêver au monde de demain ? Ce roman-essai d’une efficacité diable tombe à point pour repenser notre avenir, et l’urgence, peut être, de changer de modèle de société.
J’ai eu envie de découvrir le 2e tome, où E. Long, en devenant président, fait l’expérience du pouvoir.
> Paresse pour tous de Hadrien Klent, 360 pages, éditions Le Tripode, 2021