USA, le hobby des armes à feu

USA, le hobby des armes à feu

USA, le hobby des armes à feu

USA, le hobby des armes à feu

17 août 2012

Trois fusillades ont eu lieu en moins d'un mois aux États-Unis. Mais 2012 ne sera pas l'année du débat sur le port d'armes. 2012 sera uniquement l'année de l'élection présidentielle.

Lundi 13 août nous avons appris que les Etats-Unis avaient connu leur troisième fusillade en mois d’un mois. Tenons les comptes : trois morts le 13 août au Texas, 6 morts le 5 août à Oak Creek, dans le Wisconsin et 12 morts le 20 juillet à Aurora dans le Colorado. Le point commun entre ces 21 victimes ? Leurs assassins ont tous acheté leurs armes légalement. Depuis 1994, une loi fédérale oblige les marchands d’armes à vérifier les antécédents psychiatriques et judiciaires des nouveaux acheteurs. Mais il reste tout de même plus facile aux Etats-Unis de s’offrir un Smith & Wesson que de s’octroyer une petite douceur, comme un Kinder Surprise. On peut s’étouffer avec l’œuf. Les États-Unis protègent leurs citoyens, les États-Unis ne leur vendent donc pas d’œuf Kinder. Pour le fromage au lait cru, c’est pareil, trop de bactéries pour les Ricains. Interdit !

Croisade anti-lait cru caricaturée par Douglas de la Brodoff.

Quand qu’on s’appelle Romney ou Obama, il est absolument hors de question de se mettre à dos les amateurs d’armes à feu. Al Gore en 2000 avait osé mettre les pieds dans le plat lors de la campagne, ce qui avait fortement déplu aux vieux fermiers du Texas, adeptes de la chique. Depuis Al Gore fait de l’écologie et si les candidats à la Maison Blanche se joignent à la douleur des familles des victimes, hors de question de se prendre les pieds dans le tapis avec ce débat casse-gueule.

Parce que les Américains, ce droit sacro-saint de posséder une arme à feu, ils y tiennent farouchement. Selon un sondage Gallup réalisé en octobre 2011, 47 % des Américains affirment détenir une arme chez eux. Un chiffre qui n’a jamais été aussi élevé. Par contre, le chiffre qui n’a jamais été aussi bas, c’est celui des personnes en faveur d’une interdiction, 26 %.
Ces armes tuent en moyenne 30 000 personnes par an, en blessent près de 100 000 et sont impliquées dans 300 000 attaques armées. Si les frais de santé étaient davantage pris en charge par l’Etat, on oserait peut-être en parler !

A Bill tu ne toucheras point

Le nœud du problème est le deuxième amendement de la constitution des États-Unis, faisant partie de la déclaration des droits, le Bill of Rights, adoptée le 15 décembre 1791. Pour empêcher le gouvernement fédéral de faire sa loi, la constitution garantissait au peuple le droit de se défendre contre des tyrans au pouvoir. Voici ce qu’il dit : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé ».

Dirty Harry

Une bonne partie des Américains, souvent des Républicains, fait comme si la première partie de la phrase n’existait pas et considère que chacun possède le droit fondamental de posséder son arme.
Une autre partie prend elle en compte ces premiers mots. Et voudrait donc limiter le droit au port d’armes au seul cadre de la milice citoyenne. Mais ces Américains-là ne le disent qu’entre eux, à la tombée de la nuit, ou seuls dans leur salle de bain, ou le pensent mais ne le disent pas. Barack Obama ? Il est vraiment triste quand des citoyens américains se prennent une balle au cinoche mais de là à remettre en cause le port d’armes, c’est seulement avec Michelle qu’il évoque le sujet. Le Président des États-Unis a tout de même reconnu qu’il fallait chercher un consensus sur la question des armes à feu. Selon lui, ces avancées « échouent à cause de la politique et des groupes de pression ». Parle-t-il des amis de Ben-Hur ?

A Ben-Hur, tu ne toucheras point

Il n’a pas été que Judah Ben-Hur et Moïse, il a aussi été le président la NRA, National Rifle Association, prête à tout pour défendre le droit illimité du port d’arme par n’importe quel citoyen américain. Lui, c’est Charlton Heston, qu’on préférait sur un char plutôt que dans ce fauteuil.


Charlton était à la tête de la NRA, National Rifle Association, de 1998 à 2003. Née en 1871, La NRA est sans doute le lobby le plus puissant des Etats-Unis, des adeptes de la gâchette, fans de Dallas et de son univers impitoyable. 3,5 millions d’adhérents, des coffres remplis comme les cuisses d’un nouveau-né, et une force de frappe que personne n’ose défier. Parce que les armes, c’est la sève des Etats-Unis, le garant de la liberté des citoyens de se défendre. Une notion fondamentale qu’il est impératif de prendre en compte pour appréhender le problème.

L’homme étant un loup pour l’homme, avoir le droit de s’en défendre est un pilier outre-atlantique.
La NRA soutient Mitt Romney, comme des générations de candidats républicains avant lui.

David ne peut rien contre Goliath

Il y a bien dans le camp d’en face des militants pour le contrôle des armes à feu. Mais c’est bien faible comparé au pouvoir de la NRA. Brady Center, l’organisation la plus importante en faveur du contrôle, a récolté 5,9 millions de dollars en 2010 (4,7 millions d’euros), alors que la National Rifle Association (NRA), a levé 253 millions de dollars (202 millions d’euros) la même année.
Et la fondation American for Gun Safety (aujourd’hui Thirdway) peut compter sur des mecs comme Kiefer Sutherland pour faire sa promo anti-armes.


Jack Bauer ne peut pas rivaliser avec Moïse. Ni avec Amazon.

Car commander un fusil semi-automatique sur le site du cybermarchand est parfois plus simple que de commander un téléviseur sur Amazon. Ce fut le cas pour Seth Horvitz, habitant de Washington. Il voulait une télé mais Amazon en a décidé autrement et lui a fait parvenir un fusil d’assaut, un SIG Sauer SIG176. Cette fois, il n’est pas tombé entre n’importe quelles mains, l’homme a contacté immédiatement les autorités. Une chance, parce que tout de même, c’est un engin !

Sig Sauer sur le site www.sigsauer.com