On repère facilement les amoureux qui s'y bécotent, immortalisés en chanson par Georges Brassens. On prête un peu moins attention aux bancs publics. Pourtant, dispersés dans la ville, ils offrent au Parisien pressé ou au touriste plein d'ampoules aux pieds l'occasion de s'arrêter, de faire une pause dans leur journée pour se reposer, manger ou admirer le paysage.
A Paris, les bancs publics ont véritablement commencé à fleurir au XIXe siècle, sous l'impulsion du désormais incontournable baron Haussmann. Son architecte Gabriel Davioud a créé des bancs en bois composés de plusieurs lattes. Les bancs droits sont installés dans les rues, au bord des trottoirs, dans l'alignement des arbres. Les bancs courbés, ou "gondoles", viennent prendre place dans les parcs et jardins.
Avec ou sans dossier, de bois ou d'acier, le banc public est la promesse d'une petite pose dans la jungle urbaine. Il est aussi la mémoire des histoires de Parisiens et de touristes. Comme celui, sur lequel un collégien timide a fait sa première déclaration d'amour à sa camarade de classe ; ou celui-là, où deux mémés se retrouvent chaque jour en fin de matinée pour observer les passants, se raconter les derniers ragots de l'immeuble et tout simplement faire passer le temps, le rendre un peu plus doux.
A l'image de la ville, le banc s'est transformé au fil des ans. On a vu apparaître, le long des trottoirs comme dans le métro, des bancs scindés en trois places séparées par des accoudoirs, ou carrément plusieurs assises simples mises bout à bout. Par souci de protéger l'intimité d'étrangers partageant le même banc sans être collés ? Pas seulement. Cette forme de banc est aussi une invitation à écourter sa pause, pour que les sans-domicile n'aient pas l'envie de s'y allonger pour y passer la nuit.
S'ils n'ont cessé d'évoluer, aujourd'hui les bancs se veulent toujours esthétiques mais aussi pratiques. La mairie de Paris a d'ailleurs lancé une consultation pour designer ceux, du tabouret Tempo, de la chaise Kruz ou de la banquette Kelly qui accueilleront dans les années à venir nos postérieurs en quête de repos.