« Les nouveaux sauvages », férocement drôle

« Les nouveaux sauvages », férocement drôle

« Les nouveaux sauvages », férocement drôle

« Les nouveaux sauvages », férocement drôle

Au cinéma le

Défouloir composé de six histoires, toutes plus déjantées les unes des autres, Les nouveaux sauvages de Damián Szifrón est une comédie noire hilarante qui pousse ses personnages au bout, pour notre plus grand plaisir.

Projeté au Festival de Cannes en mai 2014 puis annoncé dans les salles à l’automne pour sortir finalement en janvier 2015, Les nouveaux sauvages est un film qui s’est fait attendre sur les écrans français. Dans ces six histoires indépendantes les unes des autres, le réalisateur prend un malin plaisir à plonger ses personnages dans des situations imprévisibles qui les entrainent sur la dangereuse pente du pétage de plombs intégral. On y retrouve ainsi pèle mêle : un vol en avion vraiment mortel, un règlement de compte délirant entre automobilistes, un homme qui se rebelle à sa façon contre la fourrière s’acharnant sur sa voiture, une femme tentée de commettre un meurtre parfait, un homme usant d’un stratagème immoral pour détourner l’attention de la police et pour finir en beauté un mariage qui part totalement en cacahouète. Point commun de toutes ces situations : l’irruption d’un élément perturbateur qui vient bouleverser le quotidien, la fameuse goutte d’eau qui fait déborder le vase de la rage et déclenche une réaction viscérale qui flirte avec la folie.

Les nouveaux sauvages

Exutoire hilarant

Dès le générique avec ses animaux sauvages le ton est donné, il est ici question d’explorer notre part d’animalité, qui – malgré tous nos efforts – n’est jamais cachée très loin sous le vernis de la civilisation. Et à ce jeu le réalisateur Damián Szifrón s’avère très doué, il réussit admirablement bien à faire monter la pression dans ces histoires parfois sordides, parfois ridicules, jusqu’au point de non retour où la perte de contrôle est totale, révélant une attitude pas franchement reluisante. Le cinéaste explore avec une justesse remarquable la violence sous jacente dans les rapports humains – et le rapport avec l’administration – et l’expose au grand jour dans un grand éclat de rire. Baignées dans un humour (très) noir, les six histoires oscillent entre loufoquerie pure et thriller avec une ambiance qui monte crescendo vers la réjouissante explosion finale. Toujours poussées à l’extrême, les situations font énormément rire car ces « sauvages » nous les connaissons que trop bien. Combien de nos concitoyens deviennent complètement cons une fois installés confortablement derrière le volant de leur voiture ? Qui n’a jamais été tenté de se venger d’une administration injuste ou d’une personne qui nous a fait souffrir ? C’est ce passage à l’acte insensé que le réalisateur nous projette en pleine face, c’est terrifiant, complètement amoral et par conséquent réjouissant.

Les nouveaux sauvages

La justesse dans l’excès

Dérivées de situations pour le moins banales et entrainées dans une surenchère de catastrophes extravagantes, ces péripéties arrivent pourtant à rester crédibles dans leur folie. Un tour de force qui est dû à une écriture fine permettant une montée en puissance continue mais également à la justesse des comédiens. L’extravagance de ces explosions de rage et de violence nécessitait des acteurs à l’aise dans l’expression de leur – très obscur – moi intérieur, et c’est un pari réussi.

Coup de projecteur sur nos pulsions animales les plus inavouables, Les nouveaux sauvages est une collection de dérapages incontrôlés sur fond d’humour noir totalement irrésistible. Un film à ne surtout pas rater en ce début d’année difficile, car Dieu (?) sait qu’il est important de rire.

Les nouveaux sauvages (Relatos salvajes), réalisé par Damián Szifrón, Argentine – Espagne, 2014 (2h02)

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