Eggsy (Taron Egerton) est un jeune homme intelligent qui a abandonné les Royal Marines pour trainer dans les rues de la banlieue londonienne où il se livre à divers trafics illégaux. La vie de ce petit délinquant insolent prend une tournure inattendue lorsqu’il croise Harry Hart (Colin Firth) alias Galahad, un agent en costume trois pièces qui se dit membre d’une organisation de renseignement nommée Kingsman, une agence indépendante aussi secrète que puissante.
L’énigmatique espion propose au jeune homme de tenter l’examen d’entrée au sein de la structure en manque de nouvelles recrues. Pour rejoindre l’élite des agents spéciaux, Eggsy va devoir s’imposer parmi les autres prétendants – des jeunes privilégiés issus des plus illustres écoles anglaises – et résister à un entrainement implacable. Une formation qui devra vite porter ses fruits car le temps presse, l’organisation est sur la piste d’un génie de la technologie en train de mettre en place un plan machiavélique pour anéantir la quasi-totalité de l’humanité. Grosse pression !
Fast and (very) furious
Dès les premières secondes du film – rythmées par la célèbre montée nerveuse du titre Money for Nothing de Dire Straits qui accompagne la première explosion – le décor est planté, ce film d’espionnage sera rock’n’roll ou ne sera pas. Et en effet, Matthew Vaughn, réalisateur de Kick-Ass (2010) et de X-Men: Le commencement (2011), se fait plaisir dans ce film d’espionnage revisité qui donne un bon coup de vieux au célèbre 007.
Avec sa mise en scène (très) remuante – à la limite de l’épilepsie lors des scènes de combat – le cinéaste ne laisse aucun temps mort. Tout va vite, très vite, et c’est parfois préférable car à y regarder de plus près certains effets spéciaux plus faibles que les autres ne doivent par résister longtemps à l’épreuve de la pause sur image – une impression à confirmer lors de la sortie du film en vidéo. La violence – très esthétisée – retient également l’attention, et peut choquer.
Habilement chorégraphiée, la brutalité des affrontements reste néanmoins très explicite. Une scène dans une église – particulièrement sanglante – pousse le bouchon très loin dans le gore, assez loin en tout cas pour créer le recul nécessaire et nous rappeler que tout ceci n’est que du cinéma. Cette farce déjantée ne se prend pas au sérieux et c’est ce qui la rend si sympathique, elle ne doit surtout pas être intellectualisée, au risque de gâcher le plaisir.
100% british spirit
L’efficacité de ce film qui oscille entre parodie et respect scrupuleux du genre – avec les incontournables gadgets hi-tech et l’inévitable méchant vraiment impitoyable bien que risible – tient, au-delà de son rythme effréné, à son casting très malin. Découvrir Colin Firth, jouant à contre-emploi l’agent formateur du jeune Eggsy pouvant quitter son flegme tout britannique pour se transformer en une fraction de seconde en redoutable ennemi, est absolument réjouissant.
Le film joue évidemment sur ce contraste entre la tenue et les manières impeccables de ses agents très spéciaux et leurs méthodes très expéditives. Le grand méchant est évidemment attendu au tournant dans ce genre de film et les espoirs ne sont pas déçus. Samuel L. Jackson est parfait dans la peau de Valentine, un geek qui souhaite éradiquer l’humanité pour sauver la planète – ce qui, dans l’absolu, est une idée plutôt logique.
Difficile de prendre au sérieux l’ennemi numéro un alors que celui-ci est affublé d’un défaut de prononciation improbable qui rend chacune de ses répliques drôlement savoureuses. L’humour pince sans rire typiquement anglais – qui s’aventure parfois au dessous de la ceinture – dans lequel baignent les aventures de l’apprenti espion s’associe à merveille avec l’action permanente qui captive l’attention de la première explosion à la dernière goutte de sang versée.
Kingsman : Services secrets absorbe les codes du film d’espionnage et les digère – comme Kick-Ass l’avait fait à l’époque pour le genre super-héros – afin de mieux les dynamiter dans une explosion pop, violente et franchement drôle. Enfilez votre costume trois pièces, faites quelques pompes et révisez vos meilleures vannes, sauver le monde ce n’est, finalement, pas si compliqué.
> Kingsman : Services secrets (Kingsman: The Secret Service), réalisé par Matthew Vaughn, Royaume-Uni, 2014 (2h09)