« No », un grand oui !

« No », un grand oui !

« No », un grand oui !

« No », un grand oui !

Au cinéma le

En cette semaine riche en films alléchants, du "Spring Breakers" d'Harmony Korine au dernier Malick, "A la merveille", il ne faut surtout pas négliger le formidable "No", qui mérite un grand oui !

Pour certains, l’idée d’aller voir un film chilien consacré au référendum organisé par Augusto Pinochet – qui y a été contraint par la pression internationale – sur sa présidence, a tout du repoussoir. Pourtant, No est aussi séduisant que son acteur principal, Gael Garcia Bernal, et il aurait bien mérité l’Oscar du meilleur film non-anglophone, finalement attribué à « Amour ». « No » nous transporte en 1988 et s’intéresse donc à ce fameux référendum qui pourrait contraindre un dictateur d’abandonner le pouvoir.

Une campagne pour le NO. | © Wild Bunch Distribution

Pablo Larraín aborde ce morceau d’Histoire par le petit bout de la lorgnette, celui de la propagande. Un temps de parole à la télévision a été exceptionnellement accordé aux opposants à Pinochet. Et même s’il ne s’agit que d’un quart d’heure quotidien, ils entendent bien mettre chaque seconde à profit pour convaincre l’opinion publique de dire « No ». Le publicitaire René Saavedra – un personnage fictif – est chargé de concevoir cette campagne. Et plutôt que de miser sur la solennité, il fait le pari de l’espoir, de l’humour, de la provocation et n’hésite pas à recourir à l’imagerie et aux stratégies publicitaires.

Archives et fiction

Chacun des spots apparaissant dans le film a bel et bien existé (il est possible de les retrouver sur le Web), parfois caustiques, souvent kitschs, ils sont entrés dans la mémoire collective chilienne et nul doute qu’ils resteront dans la tête du spectateur bien après qu’il aura vu le film (preuve de l’efficacité d’une campagne réussie).

Gael Garcia Bernal dans No © Wild Bunch Distribution

On ne verra quasiment rien d’autre de ce moment charnière de l’histoire du Chili (si ce n’est des meetings et des manifestations de rue). Un parti pris courageux, dans la lignée des deux autres films composant la trilogie de Larraín sur la dictature de Pinochet. « Tony Manero » (2009) mettait en scène un sosie de John Travolta dans le Santiago de 1978, prêt à tuer tous ceux qui « encombraient » son chemin. « Santiago 73 – Post mortem » (2010) était un film aride sur une société gangrénée par le mensonge alors que Pinochet venait de faire son coup d’État. « N »o est, des trois, le plus lumineux et accessible. Il est aussi le plus captivant, rythmé et haletant.

Le film a été tourné avec des caméras des années 1980 (ou du moins, entièrement fabriquées à partir de matériaux de l’époque). L’image, au format 4:3 (carré), a ainsi une patine VHS qui déstabilise avant que l’œil finisse par s’habituer. Ce choix esthétique permet d’entremêler les images d’archives à celle de la fiction et donne l’impression de regarder un document d’époque de bout en bout. Un choix évident pour un film qui parle du pouvoir des images, de leur manipulation et de leur montage.

> « No » de Pablo Larraín, Chili – États-Unis, 2012, (1h57)

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