Molitor, piscine chérie du graffiti

Molitor, piscine chérie du graffiti

Art

Molitor, piscine chérie du graffiti

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Molitor, piscine chérie du graffiti

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8 novembre 2012

Actuellement à la galerie Caplain-Matignon, une exposition photographique de Dimitri Tolstoï. Elle révèle le dernier visage de Molitor, la mythique piscine parisienne, construite en 1929. Un visage où règnent les graffiti, magnifiques. Avant démolition.

Viens, série Molitor | Dimitri Tolstoï

Gamin, il allait patiner à Molitor, célèbre lieu parisien, où nageurs et patineurs se retrouvaient, porte d’Auteuil. Aujourd’hui, le gamin a grandi, il est devenu photographe. Dimitri Tolstoï, petit-fils de, présente à la galerie Caplain-Matignon une expo sur cette piscine Art déco, inaugurée par les nageurs médaillés olympiques Aileen Riggin Soule et Johnny Weissmuller, le premier Tarzan, oui, oui. "Voici un an et demi, j’ai participé à une fête de la musique dans ce lieu incroyable où je n’était pas retourné depuis mon enfance, j’y ai découvert une véritable caverne d’Ali Baba ! C’était tellement beau, les graffiti allaient tellement bien avec cet endroit devenu complètement désuet, sans eau dans les bassins. J’ai découvert un endroit magnifique et très inspirant", raconte Dimitri Tolstoï.

Palette Graphique, Molitor | Dimitri Tolstoï

Fermé et abandonné en 1989, le paradis des bikini a laissé sa place au paradis des graffiti. Au début des années 2000, les street artistes ont pris possession du lieu. Durant plus de dix ans, le complexe nautique dessiné par l’architecte Lucien Pollet a reçu les visites nocturnes des artistes urbains parisiens qui ont recouvert de graffiti les murs de celle qu’on appelle le "Paquebot blanc". Ceux que Dimitri Tolstoï a photographiés sont les derniers qui ont été réalisés dans l’enceinte de la piscine.

Une journée seul dans une piscine sans eau

Le photographe a réussi à obtenir carte blanche de la part de Colony Capital, le fonds d’investissement qui rénove le lieu. Mais avant ça, le détruit. "Durant une journée entière, j’étais seul dans Molitor. Si ce n’est certains architectes qui sont passés, aucune machine n’était sur place, j’ai pu photographier les derniers graffiti."

La cité interdite, série Molitor | Dimitri Tolstoï

Molitor, c’était un centre nautique de deux bassins. L’un en plein air 50 de mètres, encerclé de galeries de cabines disposées sur trois étages et qui, l’hiver venu, se transformait en patinoire. Un autre bassin, couvert celui-ci, de 33 mètres, flanqué de deux galeries de cabines. Dimitri Tolstoï a pourtant découvert un nouveau lieu. Seuls les volumes et les hublots lui rappellent le terrain de jeu de son enfance. "Tous ces tags, ces dessins partout, m’ont révélé un endroit hors du temps." Il en fait une série, Molitor, qu’il a conçu comme une BD. "Le jour où j’ai pris ces photos, j’avais l’impression d’être dans une bande dessinée", confie-t-il.

Molitor, série Molitor | Dimitri Tolstoï

Une BD, en trois dimensions, dont les "planches" à la galerie Caplain-Matignon, sont sans doute les ultimes témoignages de Molitor avant sa destruction. "Les tags ont réussi à faire revivre un endroit qui était déjà mort."

Les graffiti réinventent le Paquebot blanc

Des souvenirs encore vivaces de l’enfance, une piscine art décor complètement réinventée par l’énergie urbaine contemporaine et un haut lieu de la mémoire collective qui disparaît… Dimitri Tolstoï avait là une matière très riche pour nous emmener à bord du "Paquebot blanc" explorer le temps.

Le ciel peut attendre, série Molitor | Dimitri Tolstoï

Le lieu détruit et reconstruit devrait rouvrir ses portes en 2014. Un hôtel de luxe, un restaurant, un spa et deux piscine, esprit art décor, histoire de. Seule la façade du côté du stade Jean Bouin sera conservée. Mais d’après Vincent Mezard, chef de projet à Colony Capital, il n’était pas possible de préserver la structure. "Les supports en béton sont beaucoup trop abîmés. Il était très difficile de les conserver" lit-on sur le site de Paris.fr. Dimitri Tolstoï a également pu photographier les différentes étapes de la destruction. Il devrait poursuivre son exploration du temps et consacrer une deuxième exposition à la piscine de son enfance, définitivement disparue.

> Molitor, une exposition de Dimitri Tolstoï à découvrir à la galerie Caplain-Matignon,  jusqu’au 30 novembre 2012.