Une borne tous les 300 mètres, c’est le pari de la mairie de Paris quand elle lance le 15 juillet 2007 le service Velib’. Prenez un vélo, prenez la liberté, vous aurez le Velib’. Les vélos accessibles en libre-service sont devenus en 6 ans des incontournables de la chaussée parisienne et les chouchous du bobo qui aime migrer le nez au vent. 250 000 abonnés annuels et des milliers de cyclistes occasionnels font la réussite du vélo parisien. Et cette fois, ce cher Haussmann n’y est pour rien. Non, le Velib’ est l’œuvre de JCDecaux qui a adapté à Paris son service Cyclocity. Signe distinctif, la capitale bénéficie d’une bicyclette au design exclusif dessiné par le designer Patrick Jouin.
Le vélo en libre service, une longue histoire
Le vélo en libre service, l’idée n’est pas neuve. En 1965, le mouvement Provo d'Amsterdam, écolo et contestataire, met à disposition du public des vélos peints en blanc. En France, plus "officiellement", on voit pour la première fois apparaître des vélos jaunes en libre service à la Rochelle en 1974. Le maire Michel Crépeau, un type visionnaire, s’était déjà mis en tête de développer des transports urbains alternatifs. 350 vélos sont alors répartis aux trois bornes situées en centre-ville.
On passe à l'échelle supérieure en 1995 avec 1000 bicyclettes mis en libre-service à Copenhague. C'est le Bycykler København qui depuis, s'est largement développé.
Si Clearchannel, principal concurrent de JCDecaux, n’a pas remporté le marché parisien, l’entreprise peut toutefois se vanter d’avoir été la première à déployer en France des vélos en libre-service à l'échelle d'une ville. C’était à Rennes en 1998. Mais, ça ne suffira pas et c'est JCDecaux qui remporte le morceau à Lyon en 2005 avec Vélo’v. Ce qui lui ouvre les portes du marché parisien. Paris lance la mode. Aujourd’hui, une ville sans vélo en libre-service, c'est une ville pas cool, qui sent le renfermé.
Actuellement, 1220 bornes rythment Paris et la banlieue proche – 1,5km autour de Paris. En tout, 30 communes accueillent les bornes et leurs bornettes, plots d’attache des vélos. Près de 23 000 vélos sont en circulation. Pour faire rouler toutes ces bicyclettes, 652 km de pistes cyclables ont été créées. Quiconque pédale à Paris, sait que ça ne suffit pas, mais l’intention est là. Et de nouvelles devraient bientôt êtres tracées. Le concept’ Velib’ a tellement séduit qu’il a accouché de l’Autolib’ : prenez l’automobile, prenez la liberté, vous aurez l’Autolib’ !
Le Velib’ superstar est aussi mis en scène dans une vidéo de Maxime Musqua dans laquelle l'humoriste roule en Velib’ jusqu’à Lyon pour le fixer à une bornette Vélo'v. Et plus récemmment, en juin dernier, on l’a retrouvé à Bamako. Comment est-il arrivé dans la capitale malienne ? C’est le mystère Vélib’.
Les vandales du Vélib'
Le Vélib’ est aussi une victime. Volé, mutilé, vandalisé, le Vélib’ est aujourd’hui une cible privilégiée pour des jeunes qui ont fait du vandalisme sur Vélib’ un sport quotidien. L’été 2013 marque une recrudescence des attaques du 2 roues parisiens, surtout dans le nord-est, les 18e, 19e, 20e arrondissements de Paris, Pantin, Aubervilliers et Bagnolet. Cet été plusieurs stations ont tout simplement été fermées. Et l’an dernier, 9 000 vélos ont été volés ou dégradés, soit presque la moitié du parc. Une véritable plaie pour la mairie qui s’est engagée financièrement au côté de JCDecaux à partir de 5% de dégradations ou disparitions du parc cycliste. Ça coûte cher au contribuable. Et l'acharnement anti-vélib’ est difficile à endiguer, les vandales étant le plus souvent des mineurs. Plusieurs options sont à l’étude : les caméras de surveillance, une attache plus solide, des travaux d’intérêt général pour les vandales pris en flagrant délit. Le problème est aujourd'hui pris à bras le corps. Pour que roule le Vélib' !