Brest, une ville portuaire située à la pointe du Finistère, une ville du bout du monde. Liliwenn, peintre et street artiste reconnue, originaire de cette ville. Un jour lui vient l’idée folle de transformer sa ville en un gigantesque musée à ciel ouvert. D’ailleurs, musée n’est pas le bon terme, car sous sa protection, les œuvres sont à l'abri. Au contraire, Liliwenn veut des fresques sur les murs de sa ville, des murs battus par le vent, la pluie, brûlés par le soleil.
Son projet, c’est Crimes Of Minds, un projet dur et intense qui lui a pris deux ans de sa vie et pour lequel il a fallu qu'elle monte une association sur laquelle s'appuyer, Sugar Rush. Durant plus d’un an, d’avril 2011 à juin 2012, des artistes venus de France, d’Angleterre ou des Etats-Unis ont envahi Brest pour peindre sur ses façades des fresques murales impressionnantes. Collages, pochoirs, peinture, craie, portrait, graffiti futuristes… Tous les styles, toutes les sensibilités, tous les imaginaires des artistes sont là, déployés, étalés sur les murs. Prêts à exploser sous les yeux des Brestois surpris.
En tout, 26 artistes sont intervenus dans les rues brestoises, des photographes, des vidéastes sont venus immortaliser le projet. Jef Aerosol, C215, BOM.K… tous ont accepté de relever le défi : faire de Brest une toile gigantesque, où chaque fresque n’est qu’une partie d’un ensemble plus vaste, d’un plan d’une plus grande envergure.
Une histoire artistique, chapitre après chapitre
Celui-ci est aujourd’hui dévoilé dans un livre, Crimes of Minds, édité aux éditions Critères. Les points d’ancrage de l’impressionnante entreprise picturale sont consignés dès les premières pages du livre : une carte de Brest permet d’appréhender l’emplacement des différentes fresques. Conçu pour rendre tangible les étapes de réalisation de Crimes Of minds, il est divisé en douze épisodes. Chacun d’entre eux suit la réalisation d’une, deux ou trois fresques, 21 en tout, réalisées au même moment. Des photos, mais aussi des textes et témoignages des artistes, témoins privilégiés de la mutation de Brest, sous l'influence du Street Art. On suit la déambulation de l’auteur des textes, Marie Hashehoug-Clauteaux, qui livre ses impressions au fil du parcours et recueille les propos des artistes.
Rue après rue, on perçoit la construction de ce projet ambitieux. Les photos, superbes, dévoilent le work in progress. A la manière d’une caméra embarquée, on suit le même parcours que la narratrice, un parcours urbain, au cœur de la création artistique.
> Crimes of Minds, Brest Street Art, Critères Editions, 2013.