Le Majordome, une histoire de l’Amérique

Le Majordome, une histoire de l’Amérique

Le Majordome, une histoire de l’Amérique

Le Majordome, une histoire de l’Amérique

Au cinéma le

En inversant les rôles et en mettant en avant l'homme dans l'ombre des présidents, Lee Daniels met les états-Unis face à leur histoire. Dans Le Majordome, Forest Whitaker revisite trois décennies de lutte pour les droits des Noirs depuis les cuisines de la Maison-Blanche.

C'est le film qui a arraché les larmes de Barack Obama. "J'ai pleuré, pas seulement en pensant aux majordomes qui ont travaillé à la Maison-Blanche, mais à une génération entière de gens talentueux et doués qui, à cause des lois Jimmy Crow [de ségrégation raciale], à cause de la discrimination, ont été bloqués dans leur élan", a expliqué le président américain à la veille de la célébration des 50 ans de la Marche sur Washington, menée par Martin Luther King en août 1963. 

Ce Président qui a pleuré devant Le Majordome de Lee Daniels, aujourd'hui en salles, c'est aussi le dernier qu'a connu Eugene Allen, majordome noir à la Maison-Blanche durant 34 ans et sous 8 présidents, avant de mourir à 90 ans en 2010. Le dernier président d'Allen, et le premier Président noir des États-Unis.

Eugene Allen est entré au service de la Maison-Blanche à la condition de ne rien entendre et ne rien dire : "nous n'aimons pas la politique à la Maison-Blanche" annonce la personne chargée du recrutement du personnel dans le film. Le majordome n'est pas un biopic mais une histoire librement inspirée de la vie d'Eugene Allen. Le personnage du film porte d'ailleurs un autre nom, Cecil Gaines, interprété par un Forest Whitaker aussi impeccable que son costume. Cette liberté par rapport au majordome original fait l'une des forces du film, qui se voit ainsi enrichi de personnages racontant l'histoire du pays au moment où Cecil Gaines servait les Présidents, des places réservées aux blancs dans les restaurants aux bus de la liberté, en passant par les Black panthers, le Ku Klux Klan et la guerre du Vietnam.

Les présidents au second plan

La présence dans l'entourage du majordome de ces personnages de fiction vivant les événements qui ont écrit l'Histoire aide à mieux comprendre les effets de la ségrégation et des mouvements civiques. L'homme noir au service des présidents blancs, relégués pour une fois à l'arrière plan, fait son chemin à travers la grande histoire en bousculant lentement l'ordre établi, pour mieux raconter ces heures sombres et bouleversantes qui ont fait les États-Unis. On peut toutefois regretter le manque de détails sur certains événements ayant marqué la lutte pour les droits des Afro-américains.

Oprah Winfrey, papesse de la télé américaine, est parfaite dans le rôle de la femme délaissée par Cecil Gaines pour son travail. À tel point qu'Hollywood la voit déjà repartir des prochains Oscars avec la prestigieuse statuette. Les seconds rôles célèbres complètent cette belle affiche, avec notamment Mariah Carey qui retrouve ici le réalisateur de Precious, mais aussi Lenny Kravitz, Jane Fonda dans le tailleur de Nancy Reagan et Alan Rickman, Liev Schrieber, John Cusack ou encore Robin Williams dans la peau des présidents successifs.

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