« Godzilla », le retour réussi de la bête

« Godzilla », le retour réussi de la bête

« Godzilla », le retour réussi de la bête

« Godzilla », le retour réussi de la bête

Au cinéma le 14 mai 2014

Le roi des monstres fête ses 60 ans sur grand écran dans ce nouveau reboot américain qui enterre définitivement la version insipide de 1998. Au programme : des combats de monstres titanesques devant une population ahurie et impuissante. Nature 1 – Humanité 0.

Quinze ans après le drame, le physicien nucléaire Joseph Brody (Bryan Cranston) cherche toujours la cause de l’incident qui a irradié la région de Tokyo et déchiré sa famille. Son fils Ford (Aaron Taylor-Johnson), lieutenant dans la Navy, s’inquiète de voir son père rejeter la version officielle du séisme et s’enfermer dans ce qui lui semble être une théorie du complot. Revenus sur le lieu de la catastrophe, le scientifique et son fils découvrent que celle-ci a été provoquée par des monstres gigantesques, réveillés par des essais nucléaires dans le Pacifique au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

Monarch, une organisation secrète, est chargée de surveiller de près ces vilaines bestioles appelées MUTO mais lorsque l’une d’elles, cachée au sein de la centrale dévastée, s’active et appelle un de ses congénères, la situation devient très vite incontrôlable. Le seul espoir semble alors être le redoutable Godzilla, prédateur naturel de ces créatures invincibles.

Godzilla © Legendary Pictures / Warner Bros

Un gros dino écolo

Si le look de ce nouveau Godzilla « made in USA » n’a pas plu à tout le monde au pays du soleil levant (certains lui reprochent son « gros cul »), cette version respecte l’esprit de la saga débutée en 1954. Pour les japonais, le kaijū  – bête étrange – est plus une force de la nature qui laisse l’homme impuissant qu’une créature maléfique qui détruit pour le plaisir. Cette vision d’une catastrophe naturelle inéluctable peut paraître fataliste en occident mais elle est en phase avec l’histoire du Japon, fréquemment menacé par des tsunamis (l’un d’eux ayant provoqué la récente catastrophe de Fukushima).

La légende du dinosaure géant est également liée à la thématique de l’écologie et du nucléaire ; la naissance du mythe, à peine dix ans après les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, n’est pas un hasard. Ces thèmes sont habilement évoqués pour mener à une conclusion sans appel : si l’homme détruit son environnement et manipule une énergie dont il peut perdre le contrôle, il doit s’attendre à la riposte de la nature, sous la forme métaphorique de gigantesques créatures envahissantes.

Godzilla © Legendary Pictures / Warner Bros

No way out

Le réalisateur de Monsters (2010) livre une vision sans concession d’une nature qui se venge des dégradations que l’homme lui inflige. Une leçon terriblement ironique car la puissance nucléaire, censée être l’arme ultime, ne peut pas être utilisée pour détruire ces monstres qui s’en nourrissent. Godzilla dépeint une destruction inéluctable qui emporte tout sur son passage, malgré l’avancée technologique. Une vision sombre et anxiogène qui fait écho à ces grandes catastrophes naturelles (tsunamis, tornades, séismes…) qui nous rappellent de plus en plus fréquemment notre impuissance face à la nature.

Face au désastre, le salut ne peut venir ni des autorités, ni d’un héros providentiel ; l’humanité doit s’en remettre à une autorégulation naturelle. Godzilla, samouraï solitaire, incarnation suprême de la force de la nature, est le seul espoir d’une humanité impuissante, totalement désemparée.

Soixante ans après sa création, ce nouveau Godzilla trouve son équilibre entre drame familial et combats de monstres spectaculaires tout en restant fidèle à l’esprit du mythe. Une réussite indéniable qui évite les clichés du genre mais dont la version 3D est facultative.

Godzilla, réalisé par Gareth Edwards, États-Unis, 2014 (2h03)

Godzilla

Date de sortie
14 mai 2014
Durée
2h03
Réalisé par
Gareth Edwards
Avec
Bryan Cranston, Aaron Taylor-Johnson, Sally Hawkins, Elizabeth Olsen, Juliette Binoche, Ken Watanabe
Pays
États-Unis