« Ernest et Célestine : le voyage en Charabie », tout pour la musique

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« Ernest et Célestine : le voyage en Charabie », tout pour la musique

Au cinéma le 14 décembre 2022

Après un malencontreux accident, Ernest et Célestine retournent dans le pays natal d'Ernest, la Charabie, pour réparer son violon. Sur place, ils découvrent que la musique est bannie ! Une injustice contre laquelle nos deux compères vont se rebeller. Charmant périple en absurdie, Ernest et Célestine : le voyage en Charabie voit nos deux héros quitter leur train-train quotidien pour une drôle d'aventure touchante. Une belle ode à la liberté qui fait du bien en ces temps troublés.

En voulant transporter le précieux violon d’Ernest (Lambert Wilson), Célestine (Pauline Brunner) le fait tomber accidentellement dans les escaliers. Brisé, le « Stradivarous » de son ami est inutilisable. Pour se faire pardonner de sa maladresse, l’énergique petite souris propose à l’ours bourru de se rendre en Charabie afin de faire réparer le violon par le luthier qui l’a créé.

Bien qu’il n’ait aucune envie de retourner dans son pays natal, Ernest est entraîné par l’enthousiasme de Célestine et les deux amis se retrouvent sur la route. Une fois arrivés, Ernest et Célestine découvrent que la musique est interdite dans tout le pays depuis plusieurs années par une loi absurde. Accompagnés de complices, dont Mifasol (Lévanah Solomon), un mystérieux justicier masqué, Ernest et Célestine vont essayer de faire revenir la joie au joie des ours.

Ernest et Célestine : le voyage en Charabie © Copyright 2022 - Folivari - Mélusine Productions - Studiocanal - France 3 Cinéma - Les Armateurs

Ligne ouverte

Basées sur l’œuvre de l’autrice de bande dessinée belge Gabrielle Vincent décédée en 2000, les aventures de Ernest et Célestine étendent de nouveau leur univers. Après un premier film il y a dix ans et Ernest et Célestine, la collection, une série débutée en 2017, les deux amis improbables sont de retour sur grand écran pour une aventure qui explore le passé de l’ours bougon au grand cœur.

Aux manettes de cette nouvelle aventure, Jean-Christophe Roger et Julien Chheng qui ont déjà travaillé sur le premier film et la série. Au sein de l’équipe, on retrouve également Davy Durand, superviseur de l’animation, qui a notamment travaillé sur Le grand méchant renard (2017) – lire notre critique. Dans la continuité de la première adaptation, le soin de préserver l’univers visuel de la bande dessinée d’origine est toujours présent.

Ernest et Célestine : le voyage en Charabie conserve en effet le trait particulier qui fait le charme de l’œuvre de Gabrielle Vincent. En réalisant les dessins à la main, l’équipe honore son dessin caractéristique avec ses lignes aux tracés ouverts et ses aplats de couleurs aquarelles. Sur la forme les deux amis sont de retour dans un univers graphique familier, sur le fond, il y a par contre du changement.

"Ernest et Célestine : le voyage en Charabie", tout pour la musique

Au delà du périph

Alors que la première aventure de l’imposant ours et la petite souris traitait de leur amitié naissante, ce second opus les fait sortir de leur quotidien. Déclenché par une maladresse de Célestine, leur périple va les conduire très loin de chez eux. Le film s’inscrit ainsi dans la continuité de la seconde saison de la série qui voit plus d’aventures et d’humour au sein de l’univers.

Avec ce retour aux sources, Ernest et Célestine : le voyage en Charabie joue à fond la carte de la surprise. Le film étend également habilement l’univers de nos deux amis en explorant le passé d’Ernest. Avec un part de mystère car, malgré l’attachement qu’il a pour son violon, Ernest ne semble pas enchanté par l’idée de retrouver sa famille et ses semblables. Et les deux voyageurs ne sont pas au bout de leurs surprises…

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Musicloose

Arrivés en Charabie, Ernest et Célestine découvrent en effet que le pays est tenu par un pouvoir autoritaire qui interdit jusqu’à l’absurde. Ainsi, la production de notes, autrement dit faire de la musique, est proscrite depuis plusieurs années par la loi Ernestof. À la tête du pays, le père d’Ernest, à la fois juge et dictateur. Vu l’ambiance, la départ d’Ernest pour vivre son rêve de devenir musicien de rue s’éclaire d’un jour nouveau.

En Charabie, même les oiseaux sont soumis à cette réglementation et risquent d’être arrosés par des policiers s’ils chantent. Didier Brunner, l’un des producteurs du film, cite volontiers Mon Oncle (1958) de Jacques Tati et Brazil (1985) de Terry Gilliam comme inspiration pour cet univers régi par des règles sociales absurdes et totalitaires. Footloose (1984) peut être ajouté à la liste en transposant l’interdiction de la musique à celle de danser qui contrarie fortement Kevin Bacon lors de son arrivée à Bomont au Texas.

Nos deux amis épris de liberté vont évidemment rejoindre la contestation face à cette règle absurde. Ils seront aidés pour cela par des musiciens en résistance qui se réunissent dans un bar clandestin pour jouer et par Mifasol, étrange personnage masqué qui nargue les autorités en jouant dans les rues. Mais au-delà de la réglementation liberticide, ce retour aux sources pour Ernest est aussi l’occasion de régler des comptes familiaux.

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Family business

Comble de l’ironie, cette loi qui interdit la musique a été nommée Ernestof en écho au départ de l’ours pour vivre sa vie de musicien loin des siens. En revenant en Charabie, l’ours et la souris se heurtent à un système incompréhensible auquel le nom de la ville est évidemment un clin d’œil. Mais pour Ernest il s’agit aussi d’une affaire personnelle. Car en Charabie, la musique n’est pas la seule chose très réglementée.

Dans ce pays dirigé d’une main de fer, la loi oblige les fils à faire le même travail que leurs pères et les filles celui de leurs mères. Au-delà de l’aspect sexiste, cette prédestination sociale explique la fuite d’Ernest qui ne voulait pas devenir juge comme papa. La devise du pays « C’est comme ça et pas autrement ! » résume parfaitement l’application inepte de la loi sans possibilité de la contredire. Une injonction qui amusera au passage les plus jeunes spectateurs.trices dont l’éducation est régie en grande partie par cette règle inflexible.

Au sein d’un cocon familial étouffant ou plus largement dans une société totalitaire, Ernest et Célestine : le voyage en Charabie plaide avec ferveur pour une liberté à défendre, encore et toujours. Un droit à imposer qui fait écho aux luttes actuelles : difficile en effet de ne pas penser notamment à l’Iran et à l’Ukraine. D’autant plus que, par un hasard poétique, des mésanges bleues et jaunes survolent la Charabie. Présage d’un avenir plus mélodieux ?

> Ernest et Célestine : le voyage en Charabie, réalisé par Jean-Christophe Roger et Julien Chheng, France, 2022 (1h30)

Ernest et Célestine : le voyage en Charabie

Date de sortie
14 décembre 2022
Durée
1h30
Réalisé par
Jean-Christophe Roger et Julien Chheng
Avec
Lambert Wilson, Pauline Brunner, Michel Lerousseau, Céline Ronté, Lévanah Solomon
Pays
France