Incapable d’arrêter Balthazar Bratt, un malfrat ringard resté bloqué dans les années 80, Gru vient de se faire expulser de l’agence de service secret AVL. Déprimé par cette mise à pied, il apprend par un mystérieux inconnu la récente mort de son père et l’existence de Dru, son frère jumeau ! Gru se rend alors avec Lucy et les filles sur son île natale de Freedonia pour faire la rencontre de ce frère caché. Avec sa chevelure abondante, son charisme naturel et sa fortune colossale héritée de son père et de son élevage de cochon, Dru est l’exact opposé de son frère chauve, misanthrope et bougon.
Après une période de défiance, la fratrie brise rapidement la glace. Dru confesse à Gru qu’il rêve d’être un méchant et lui demande de le former au crime pour perpétuer la tradition familiale. Gru prend son frère jumeau sous son aile en lui montrant comment utiliser les gadgets ultra-sophistiqués de leur père et lui propose un plan pour « voler » un diamant. Ce que Dru ignore c’est qu’il s’agit en fait de récupérer celui subtilisé par Balthazar Bratt afin de le rendre aux autorités. Mais la rivalité gémellaire entre les deux frères va venir compliquer le plan de Gru.
La famille s’agrandit
Après un film qui leur était entièrement consacré en 2015 — avec un résultat en demi-teinte —, les Minions sont de retour auprès de Gru et de sa famille qui ne cesse de s’agrandir. Après avoir adopté les trois adorables orphelines Margo, Edith et Agnes dans le premier volet et rencontré l’agent Lucy dans le second, Gru découvre qu’il a un frère jumeau. Lâché par l’agence de service secret et son armée de Minions qui regrette qu’il ne souhaite pas redevenir méchant, Gru se rend sur son île natale pour rencontrer un jumeau intriguant. Avec l’introduction de Dru, sorte de Gru inversé, tout s’enchaîne rapidement dans le film, trop rapidement.
Ce nouveau opus de la saga ne manque pourtant pas de pistes intéressantes mais elles se retrouvent toutes expédiées en un temps record. La thématique de la famille est très présente avec l’antagonisme entre les deux frères — qui se retrouvent assez vite complices — et Lucy qui cherche sa place de mère auprès des trois filles. Mais le thème familial qui aurait pu être le fil conducteur de ce nouvel épisode se retrouve noyé dans des intrigues parallèles : les Minions en mode « thug life » en prison, la découverte par Agnes de l’existence potentielle des licornes et la mégalomanie du super méchant Balthazar Bratt, ancien enfant star d’une série des années 80 qui veut se venger du monde entier. En accumulant les thèmes sans jamais vraiment aller au bout de l’idée, Moi, moche et méchant 3 privilégie le rythme et peine à donner de la profondeur à un univers basé avant tout sur l’action et les blagues décalées.
Minion after all
Inabouti sur le plan du développement des personnages, Moi, moche et méchant 3 surfe sur ce qui a fait son succès, à commencer évidemment par les Minions, créatures jaunes plus ou moins stupides au comportement imprévisible. Si le film précédent « 100% Minions » ne vous a pas lassé de leur langage improbable, leur présence — réduite à une série de gags venant rythmer le film — devrait continuer à vous faire sourire. L’autre atout est évidemment Agnes, adorable gamine fan des licornes, qui apprend dans ce nouveau film qu’elles seraient réelles. Là encore l’idée n’est malheureusement pas vraiment exploitée et il faut se contenter des cris de joie communicatifs de la petite fille quand elle apprend la nouvelle.
Le film n’ira pas s’aventurer plus loin sur la thématique des légendes et des croyances enfantines déçues, dommage. L’opposition entre Gru et Dru étant rapidement soldée, il reste le personnage de Balthazar Bratt. À défaut d’être attachant ou d’avoir une quelconque aspérité, celui qui était le « méchant garçon » dans une série télé des années 80 avant de tomber dans l’oubli fait le show en se trémoussant sur la musique de cette période pendant ses rapines. Ces intermèdes musicaux purement 80’s, les pas de danse et les gadgets associés laisseront probablement de marbre les plus jeunes mais rappelleront des souvenirs amusés à ceux qui ont dépassé la trentaine dans la salle.
Prenant le risque de d’essouffler sa mécanique, Moi, moche et méchant 3 compte sur les ficelles habituelles de la franchise sans véritablement creuser l’évolution des personnages qui se retrouve expédiée à grande vitesse. Les péripéties s’enchaînent dans un moment certes divertissant mais qui ne laisse pas une grande impression une fois la salle quittée. Minion certes, mais pour combien de temps encore ?
> Moi, moche et méchant 3 (Despicable Me 3), réalisé par Kyle Balda et Pierre Coffin, États-Unis, 2017 (1h30)