En long et en large, le nouveau visage du pénis

En long et en large, le nouveau visage du pénis

En long et en large, le nouveau visage du pénis

En long et en large, le nouveau visage du pénis

10 mars 2014

A l’occasion de la réédition, en version augmentée, de l’Atlas du pénis, Citazine s’est intéressé de près à l’augmentation du pénis. Entretien avec Sylvie Abraham, chirugienne esthétique spécialiste des membres des hommes.

« P’tite bite », l’insulte cogne violemment contre le crâne de l’intéressé. En effet, la facilité, quand on veut humilier un homme, c’est de s’en prendre à sa verge, objet de toute sa virilité. Ou non. L’homme et sa verge, c’est une histoire compliquée. Emblème de sa virilité, totem de sa gloire, obélisque de sa puissance, quand le porteur est bien membré ou plus simplement bien dans ses baskets, le pénis devient objet de honte, sac à frustrations et source du déshonneur quand le porteur n’en est pas content.

Et voila que le Pénis Atlas est de retour, dans une version augmentée, qui plus est. L’ouvrage, d’abord paru en Norvège, est avant tout une galerie de photos qui nous montre le pénis dans toute sa diversité et nous démontre qu’en matière de verge, il n’existe aucune norme. Petit, grand, large ou fluet, le pénis ne répond à aucune règle. Il n’existe par ailleurs aucun lien entre la taille d’un sexe au repos et sa taille en érection. Comprenez qu’un homme peut être avantageusement membré au repos et ne pas voir son sexe grandir en érection, uniquement durcir. De même qu’un modeste pénis au repos peut se retrouver favorablement transformé en état érectile. Des photos donc, mais aussi une approche scientifique de la verge.

Elle est approchée selon des angles historiques, mythologiques, symboliques et religieux. Le voyage au pays du pénis devient plus concret avec des approches anatomiques et physiologiques. La fin de l’ouvrage propose aussi les réponses d’un sexologue concernant les questions que posent le plus fréquemment les hommes. C’est à eux que s’adresse le Pénis Atlas, afin qu’ils appréhendent leur membre avec un peu plus de légèreté. Mais aussi aux femmes, souvent baignées d’idées reçues sur la question, et capables de faire des ravages, par ignorance ou maladresse.

La chirurgie du pénis en questions

L’exploration phallique de cet Atlas nous a guidés vers la chirurgienne esthétique spécialisée en chirurgie masculine Sylvie Abraham[fn]Sylvie Abraham a publié en 1999 « La chirurgie esthétique au masculin », aux éditions Mazarine[/fn]. Qui sont ces hommes qui demandent une augmentation du pénis ? A quoi peuvent-ils s’attendre ? Pourquoi souffrent-ils du syndrome du vestiaire ? Réponses.

Dans le cadre d’une augmentation du pénis, quels sont les recours chirurgicaux envisageables ?

Le pénis peut être augmenté dans toutes ses dimensions. Il s’agit d’un élargissement ou d’un allongement. On peut aussi n’augmenter qu’une partie du pénis, par l’augmentation du gland. Il existe donc trois techniques, deux chirurgicales et une médicale. Concernant l’élargissement ou l’allongement, on peut associer les deux techniques, simultanément ou successivement.

La technique la plus fréquente est l’élargissement de la verge. Il s’agit d’une autogreffe de graisse, la lipopénistructure, ou lipoplastie. Cela consiste à prélever de la graisse au patient avec une liposuccion avec des précautions particulières pour ne pas abîmer la graisse. On l’injecte ensuite sous la peau du fourreau de la verge, pour obtenir l’élargissement. Parfois, cette technique permet aussi d’obtenir un allongement de la verge par le poids de la graisse, c’est-à-dire qu’on le leste.

Il existe aussi l’allongement de la verge. On procède à la section du ligament suspenseur de la verge. Ce ligament est un ligament profond qui relie la verge à l’os du pubis. En le supprimant, cela permet d’allonger la verge. Reste ensuite, une cicatrice en étoile. Il s’agit d’hommes déjà complexés par leur verge, il faut faire très attention à ne pas remplacer un complexe par un autre.

Concrètement, à quels résultats peut s’attendre le patient qui a subi un élargissement et/ou un allongement ?

Concernant l’élargissement, on peut s’attendre à une augmentation de circonférence de 2 à 3 centimètres. Un gain de circonférence pour la verge au repos et pour la verge en érection. Néanmoins, l’augmentation est moindre sur le pénis en érection car la répartition de la graisse greffée s’effectue différemment. C’est différent pour l’augmentation de longueur. La section du ligament suspenseur de la verge libère de la longueur et il se crée un espace libre. La verge pend davantage, elle est plus longue. Mais en érection, l’expansion des corps caverneux qui est le corollaire de l’état érectile vient occuper l’espace qui a été libéré par la section du ligament suspenseur. De telle sorte que le plus souvent, il n’y a pas d’augmentation de la verge en érection car si le gain en longueur est égal à l’expansion des corps caverneux en érection, on en revient à la situation initiale. Ce n’est que chez les hommes qui ont des érections extrêmement importantes, dont l’augmentation de longueur en érection est plus importante que le gain occasionné par l’intervention, que l’on peut obtenir un gain en érection. Au repos, le gain est de 2 à 5 cm mais il dépend de la configuration anatomique du ligament suspenseur de la verge. Il est profondément enfoui sous l’os du pubis de telle sorte qu’on ne peut pas le voir avant l’opération.

Une autre technique existe pour des hommes assez rondouillards. Leur pubis est empâté. C’est ce qu’on appelle la verge enfouie. En leur faisant une liposuccion du pubis, on ne touche pas à la verge mais elle se trouve désenfouie. On peut gagner pas mal de centimètres rien qu’avec une liposuccion du pubis. Bien sûr, ce n’est pas applicable à tous les hommes.

Et concernant les injections ?

Certains médecins esthétiques pratiquent l’élargissement de la verge par des injections d’acide hyaluronique. Ils injectent cet acide sous la peau de la verge pour un résultat qui est souvent décevant car le greffon ne s’intègre jamais. L’acide hyaluronique est un très bon produit mais qui s’intègre dans les tissus où il y a de la graisse. A cet endroit, il n’y en a pas. Ça donne l’effet de petites billes qui se baladent sous la peau, de manière assez catastrophique, au bout de quelques semaines ou de quelques mois. Et ça coûte cher ! Ce sont selon moi des procédés à proscrire. Par contre, le gland peut aussi être élargi par une injection d’acide hyaluronique. Il a une structure beaucoup plus spongieuse, et dans ce cas, ça fonctionne.

Quel type d’hommes vous demande une augmentation du pénis ? Existe-t-il un profil type ?

Il n’y a pas de profil particulier. A l’heure actuelle, les micros pénis sont souvent opérés dans l’enfance ou dans l’adolescence. Les autres sont des hommes qui souffrent d’un déficit d’image et qui manquent de confiance en eux. Ils s’aperçoivent depuis toujours qu’ils ont un sexe plus petit que la plupart de leur congénère et ont des symptômes très différents. Les sportifs peuvent avoir ce fameux syndrome du vestiaire. Dans le vestiaire : les hommes s’exhibent entre eux, au repos. La verge au repos peut être de taille très modeste, et de taille tout à fait honorable en érection. Il n’y a aucun parallélisme entre la verge au repos et la verge en érection. De même que des hommes ont des verges conséquentes au repos, et quasiment aucune différence en érection. Elle est simplement plus ferme. Les apparences sont parfois trompeuses. Les hommes qui souffrent du syndrome du vestiaire s’imaginent que l’herbe est toujours plus verte chez les copains. Dans les vestiaires ne s’exhibent que les hommes qui sont bien membrés. Les autres, ce sont des malheureux qui n’ont parfois aucun problème en érection mais ont des petites verges et n’osent pas affronter les autres qui jouent les Dieux du Stade. Ces hommes veulent avoir confiance en eux pour aller à la douche, aborder une femme… Et même dans leur travail. Certains d’entre eux racontent qu’ils ne se sentent pas capables d’avoir un poste de direction ! Les métiers d’hommes sont aussi particulièrement touchés comme les policiers ou les pompiers.

Les hommes complexés n’évoluent pas tous dans des vestiaires. Qui sont les autres ?

Certains hommes ont en effet ce type de complexe pour des raisons particulières. Par exemple les grands. Augmenter de 3 centimètres une verge qui en fait 8, c’est génial. Pour un type d’1m75. Mais même une verge de 10 cm chez un type d’1m95, c’est un peu ridicule. Les Noirs aussi sont confrontés à des problèmes. On dit souvent qu’ils sont bien membrés. Certaines ont une verge de taille normale, et rencontrent des femmes qui, comme pour les grands, espèrent un plus qui n’est pas anodin. Elles espèrent tomber sur un étalon et sont déçues. Alors que la taille du sexe de ces hommes est tout à fait normale. Mais elles voyaient en eux un phénomène d’exception. Donc ceux qui viennent me voir ne sont pas forcément ceux qui ont le plus petit sexe. J’opère le plus souvent des hommes qui ont une taille de sexe normale, même parfois avantageuse. La demande n’est pas relative à la taille.

Vous arrive-t-il de refuser d’opérer un homme ? Pourquoi ?

Je refuse d’opérer les patients qui ont des attentes irréalistes. On sait qu’ils ne seront pas contents de l’intervention parce qu’ils n’acceptent pas les risques ou parce qu’ils n’accepteront pas les résultats. Pour ce type de chirurgie en particulier, je montre les résultats avant et après. Pour certains patients, on a beau leur expliquer de manière concrète, en nombres de centimètres, ils n’entendent pas. Bien sûr, je n’opère pas non plus quand on a un mauvais ratio bénéfice/risque. Ou un patient déjà opéré par un confrère, je ne le réopère pas s’il n’est content de la 1re opération, seulement s’il est ravi et en veut encore plus.

Des hommes qui sont dans une mauvaise disposition psychologique, qui viennent de se faire plaquer, l’intervention ne fera pas revenir la donzelle. Il y a aussi des hommes qui ont un vrai complexe mais qui ne sont pas mûrs pour une intervention, car ils n’ont jamais eu de rapports sexuels. Je refuse d’opérer les puceaux. J’estime que s’ils ont entre 30 ou 35, s’ils n’ont jamais eu de rapports sexuels même tarifés, je pense que le problème est ailleurs. Un pénis plus grand ne met pas une femme dans votre lit.

Remarquez-vous une recrudescence du recours à la chirurgie du sexe chez les hommes? Et si oui, comment l’expliquez-vous ?

Cette chirurgie est de plus en plus fréquente, c’est vrai. Les techniques sont plus performantes et le public est mieux informé. Les hommes se sentent moins isolés et sont moins réticents à sauter le pas. Parce que c’est difficile d’oser, surtout pour ce type d’opérations. Car les hommes n’en parlent pas, à personne.

> Le Pénis Atlas, éditions le Contrepoint, 2013.