Les cinémas, une histoire de Paris

Les cinémas, une histoire de Paris

Les cinémas, une histoire de Paris

Les cinémas, une histoire de Paris

Au cinéma le

L’association Paris-Louxor a publié sur son site une carte interactive qui recense tous les cinémas de Paris depuis 1945. La plupart a aujourd’hui fermé, d’autres ont été transformées en salles de spectacle. Certains sont encore en activité. Et on en apprend aussi sur les habitudes des Parisiens et sur le rôle de pilier du quartier que jouait la salle obscure.

Au 140, avenue de Flandre s’élevait fièrement le Palace Flandre. Aujourd’hui c’est un garage Speedy. Au 36, rue Myrha se tenait le Myrha Palace, aujourd’hui c’est une église méthodiste. Que sont devenus les cinémas parisiens ? C’est la question ardue que se sont posés les membres de l’association Paris-Louxor, à l’occasion de la réouverture du Louxor en avril 2013, au carrefour des IXè, Xè et XVIIIè arrondissement. « On voulait anticiper, faire vivre ce cinéma dans ce paysage commun, dans ce quartier, 3 ans avant. On s’est surtout intéressé à la relation qu’entretiennent les habitants et les spectateurs avec les salles de cinéma. », se souvient Laurent Laborie, président de l’association et ancien rédacteur en chef du site des Cahiers du Cinéma.

Façade du cinéma Gaumont Palace. Photo DR

Les 60’s, âge d’or des cinémas parisiens 

L’équipe a d’abord orienté ses recherches sur l’axe Clichy Barbès pour n’étudier que les anciens cinémas du quartier, très nombreux dans les années 60. Et puis c’était finalement dommage de s’arrêter là. Ce sont tous les cinémas de Paris qui ont été recensés au sein d’une carte interactive mise en ligne sur le site de l’association au début du mois de septembre, dans le cadre des Journées du Patrimoine.

Pour mener à bien ce projet, répertorier tous les cinémas de Paris depuis 1945 à nos jours, l’association s’est appuyée sur le témoignage des habitants et des fonds documentaires à disposition notamment à la Cinémathèque française et à la bibliothèque François Truffaut. Le Pariscope, le courrier cinématographique, les Annuaires du Cinéma, la Cinématographie française… des documents précieux pour ces historiens amateurs. 

Façade du Louxor le jour de s réouverture. Photo Dorothée Duchemin

Que nous disent ces données sur les relations de Paris avec le cinéma ? C’est l’amoureux du cinéma et sans doute aussi de Paris qui répond : « Paris a toujours été et restera la capitale mondiale du cinéma ». Dans les années 60, l’âge d’or du cinéma, le nombre de salles obscures connaît un pic, près de 460 salles de cinéma sont en activité ! « Rien qu’autour du Louxor, on en comptait plus de cent ! » Les Champs-Elysées, le Quartier Latin, les Grands Boulevards, Pigalle, Montparnasse, ces lieux de vie qui fourmillent de cinémas, à tous les coins de rue. L’histoire des cinémas de Paris c’est aussi celle du Gaumont-Palace qui fut le plus grand cinéma du monde avec une salle de 6 000 places ! Au 1, rue Caulaincourt, celui qui a ouvert ses portes en 1911, arborant fièrement son architecture signée Gustave Eiffel, est aujourd’hui un centre commercial, Les Arcades. Sa façade « beaux-arts » a disparu au profit d’un hôtel Ibis et d’un Castorama. 

« On a tous une belle histoire de cinéma à raconter »

On en apprend aussi sur les habitudes des Parisiens. « Dans les années 60, on trouve des salles de cinéma partout. On ne va pas seulement voir un film, on va au cinéma. Pour se retrouver, échanger, passer du temps ensemble. C’est surtout vrai pour les quartiers populaires où on vit dehors. Les lieux de rencontres sont les commerces, le bistro et le cinéma. Ca n’a rien à voir avec la logique de flux des multiplexes aujourd’hui. C’est l’époque du cinéma permanent. Vous payiez une entrée et vous pouviez rester dans le cinéma toute la journée ! »

Sur cette carte, les cinémas ont été divisés en quatre catégories : les salles disparues, les salles transformées en salles de spectacle, les salles en activité et celles devenues des cinémas porno. Qui l’emporte ? Non, ce n’est pas les salles classées X qui tire leur épingle du jeu mais les salles fermées, remplacées par des parkings ou des Franprix. Les cinémas sont pointés sur la carte. En cliquant dessus apparaissent des informations : ce qu’il est devenu, son ancien nom, son nom actuel… Aujourd’hui, à peine 100 salles sont en activité. L’éradication commence à la fin des années 70, début des années 80. « La multiplication des écrans, les nouveaux modes de vie, il y a plusieurs raisons à cela. »

N’empêche, Laurent Laborie note que la tendance s’inverse. « En 2010, les salles de cinémas n’avaient jamais eu un tel taux de fréquentation depuis 1967. Pourtant il n’y a jamais eu autant d’écrans. » De même que les spectateurs ont selon lui de plus en plus envie de partager leurs impressions après la séance. Et l’expérience du Louxor le conforte dans son idée. « Les gens se retrouvent après le film au petit bar convivial du Louxor. »

La carte n’est pas terminée. L’association Paris-Louxor espère encore recueillir les témoignages des spectateurs qui ont fréquenté ces lieux, étant plus jeunes. « Comme Raymond qui a demandé sa femme en mariage au Louxor en 1949. » Le passionné insiste : « Il ne s’agit pas de nostalgie. On a tous, encore aujourd’hui, de belles histoires de cinémas à raconter. »

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