« Les 4 Fantastiques », en progrès mais peut mieux faire

« Les 4 Fantastiques », en progrès mais peut mieux faire

« Les 4 Fantastiques », en progrès mais peut mieux faire

« Les 4 Fantastiques », en progrès mais peut mieux faire

Au cinéma le

Transformés lors d’une téléportation dans un univers parallèle, quatre jeunes gens vont devoir apprendre à assumer leurs nouveaux pouvoirs. Une cure de jouvence de la franchise des 4 Fantastiques plutôt séduisante mais qui ne tient malheureusement pas toutes ses promesses.

Passionné par la science depuis toujours, Reed Richards (Miles Teller) a mis au point une machine permettant de téléporter la matière avec son ami d’enfance Ben Grimm (Jamie Bell). Alors que sa découverte n’est pas prise au sérieux par ses professeurs, Reed rencontre le scientifique Franklin Storm (Reg E. Cathey) qui lui propose de venir travailler avec lui et sa fille adoptive Sue (Kate Mara) au sein d’une mystérieuse fondation. Rejoints par Johnny (Michael B. Jordan), le fils turbulent du professeur Storm, et Victor Domashev (Toby Kebell), un jeune scientifique surdoué, l’équipe parvient à créer un passage vers une autre dimension mais la première expédition vers l’inconnu est catastrophique. Reed, Sue, Johnny et Ben sont victimes d’un accident qui transforme radicalement leurs métabolismes. Devenus Mr Fantastique, la Femme Invisible, la Torche Humaine et la Chose, les quatre jeunes gens vont devoir apprivoiser leurs nouvelles aptitudes exceptionnelles et œuvrer ensemble pour protéger la Terre d’une sérieuse menace.

Les 4 Fantastiques

Fantastiquement maudits ?

Les 4 Fantastiques, première équipe de super-héros des éditions Marvel, ont une relation compliquée – pour ne pas dire chaotique – avec le grand écran. Créés en 1961 par l’incontournable scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby, les quatre héros aux capacités étonnantes sont adaptés au cinéma pour la première fois en 1994 avec The Fantastic Four, réalisé par Oley Sassone avec un budget modeste. Si ce film ne vous dit rien c’est absolument normal. En fait, cette année-là personne ne verra les exploits de Mr Fantastique et de ses amis dans les salles obscures : le film n’a jamais été projeté. Stan Lee a révélé par la suite que le studio qui détenait les droits de la franchise devait à tout prix réaliser un film à cette période au risque de perdre l’autorisation d’adapter la bande dessinée à l’écran. Une information qui n’a jamais été communiquée à l’équipe, ni aux acteurs, avant le tournage. Après ce film fantôme – dont une copie subsiste sur Internet –, l’équipe fantastique revient dans deux films mis en scène par Tim Story, Les 4 fantastiques (2005) et Les 4 fantastiques et le Surfer d’argent (2007). Deux adaptations qui n’ont pas franchement convaincu (pléonasme). L’annonce d’un reboot de la franchise – manie devenant assez insupportable des studios en manque de créativité pour continuer à profiter de la manne financière des super-héros – pouvait cette fois-ci faire naître un frêle espoir. Après tout, difficile de faire pire et ces quatre super-héros méritaient bien une seconde chance.

Les 4 Fantastiques

Retour à l’école

Premier élément réjouissant de cette nouvelle adaptation, la présence du jeune réalisateur – 31 ans seulement – Josh Trank aux manettes, propulsé par son étonnant premier film Chronicle (2012). Le metteur en scène amène d’ailleurs dans ses valises Michael B. Jordan, qui joue ici Johnny Storm. Autre bonne surprise : Miles Teller, le batteur virtuose de Whiplash (2014) [lire notre chronique], qui campe un jeune scientifique surdoué crédible et nous rappelle qu’il ne faut pas forcément être un beau gosse au corps parfait pour être un super-héros. La bonne idée de cette nouvelle mouture est de remonter à l’origine des personnages. S’il faut reprendre l’histoire alors autant débuter avec l’enfance de Reed et de son ami Ben. Le procédé donne de la profondeur aux personnages avant de les plonger dans le fantastique et fonctionne ici plutôt bien. Ce reboot s’autorise également des variations par rapport à la bande dessinée originale mais conserve dans les grandes lignes les motivations de chaque personnage. Parmi les polémiques, le fait que le personnage de Johnny Storm soit noir a fait bondir certains « fans », sous prétexte qu’il ne peut pas être le frère de Sue. Une situation qui s’explique par l’adoption de cette dernière par Franklin Strom dans cette nouvelle version. La première partie du film, qui prend le temps de présenter chaque protagoniste et donne un aperçu de leur psychologie est, de loin, la plus réussie. Une fois les corps des quatre jeunes modifiés, la suite est beaucoup moins convaincante. Un changement dans le récit étonnant, qui fragilise le film et s’explique peut-être en partie par les tensions qui auraient éclaté sur le tournage entre le réalisateur et le scénariste Simon Kinberg.

Les 4 Fantastiques

Plongée vers le connu

Étrangement, alors que les jeunes sont confrontés aux possibilités exceptionnelles de leurs corps modifiés, le film perd de son intensité. Toute profondeur est abandonnée pour faire place à une succession de scènes d’action prévisibles. L’évolution des relations entres les personnages et les thèmes principaux – la culpabilité de Reed envers Ben, l’utilisation des mutations à des fins militaires, l’envie ou non de rester un mutant – est alors évacuée dans des dialogues furtifs, voire laissée à l’abandon. Ce changement de rythme – tout s’accélère à l’écran à grand renfort d’explosions et d’effets spéciaux – est déroutant, il met en scène les prouesses physiques des 4 Fantastiques sans vraiment développer leur évolution psychologique. Il y a pourtant quelque chose de troublant dans la scène où le jeune Reed se réveille attaché sur un lit après l’expédition et contemple ses bras et jambes démesurément étirés, incroyables excroissances d’un corps étranger qui est désormais le sien. La modification corporelle est alors ressentie comme ce qu’elle est, une terrible malédiction. Mais l’instant ne dure pas, le film fait alors un saut dans le temps, expédie la question de l’utilisation de leurs pouvoirs par l’armée, et on retrouve les jeunes en super-héros à l’aise dans leur nouveau corps, prêts à en découdre. Une ellipse d’autant plus frustrante que le combat que mènent les 4 Fantastiques pour sauver la planète se déroule sans surprise, avec une forte impression de déjà-vu.

Après une première partie plutôt réussie, cette nouvelle adaptation qui se voulait plus sombre met curieusement de côté le développement des personnages pour se concentrer sur de l’action pure, sans surprise. Après ce reboot qui ne convainc pas totalement, les quatre explorateurs fantastiques ont intérêt à faire mieux la prochaine fois : dans l’univers Marvel, il y a de la concurrence pour sauver la planète.

Les 4 Fantastiques (Fantastic Four), réalisé par Josh Trank, États-Unis, 2015 (1h46)

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