L’hôtel fait du vélo

L’hôtel fait du vélo

L’hôtel fait du vélo

L’hôtel fait du vélo

18 janvier 2011

Dans le XIVe arrondissement, à Paris, se dresse un hôtel hors du commun. Le Solar Hôtel loge les voyageurs selon trois principes fondateurs : économie, écologie, militantisme. Visite au cœur d’un hôtel particulier.
Diaporama L’hôtel fait du vélo - La façade du Solarhôtel | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - La façade est partiellement illuminée avec les panneaux solaires photovotaïques | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - Vue de la rue | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - Le composteur, dans le jardin | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - Les récupérateurs d'eau, dans le jardin | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - Les vélos, disposés dans le fond du jardin | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - La signalétique, partout | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - Une chambre standard | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - Augustin Laval, sur le balcon d'une chambre | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - Pour trier les déchets | Photo Dorothée Duchemin
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Diaporama L’hôtel fait du vélo - Les artistes exposés dans la salle commune | Photo Dorothée Duchemin
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« L’hôtel écologique, militant et économique ». Impossible de le rater, le slogan s’étale le long de la façade du Solar Hôtel, au cœur du XIVe arrondissement, à Paris. On en apprend encore davantage : une pancarte décoche un message anti-pétrole, anti-charbon et anti-nucléaire. Une autre bannière est estampillée SeaShepherd, organisation non gouvernementale défenderesse du thon rouge. Cet hôtel est particulier, on l’aura compris. En témoigne, l’obtention du label La Clé Verte qui récompense les lieux d’hébergements écologiques. Parce qu’ici, absolument rien n’est laissé au hasard pour faire baisser le bilan carbone annuel. Celui-ci est d’ailleurs publié chaque année. On ne badine pas avec son empreinte écologique.

Le Solar Hôtel, c’est une longue histoire militante. L’hôtel des voyageurs est fondé en 1992 par Franck Laval. Alors que l’époque se désintéresse de l’environnement, le mobilier de l’hôtel est fabriqué avec du bois de récupération. Rebaptisé Solar Hôtel voici un an et demi, la transition est douce. Les salariés sont les mêmes. « Ils ne sont pas ici parce qu’ils ont une sensibilité particulière pour l’écologie », raconte Augustin Laval, élève en BTS hôtellerie, homme de main de l’hôtel et neveu du créateur. Avant d’évoquer leur implication pour l’environnement, le jeune homme nous parle convivialité, essentielle ici. C’est vrai qu’en jetant un coup d’œil sur la terrasse, on l’imagine aisément. Ampoules colorées, tables de jardin sous les arbres, fleure bon la guinguette estivale. Côté respect de l’environnement, le jardin est bavard.

Des vélos à disposition

Les marches qui y mènent sont flanquées, de chaque côté, par les grosses cuves de récupération de l’eau de pluie. Au fond du jardin se trouve l’inévitable composteur, face à lui, une rangée de vélos. Les deux-roues sont mis gratuitement à disposition des clients qui, s’ils n’aiment pas les bicyclettes, sont encouragés à prendre les transports en commun à l’aide d’une signalétique omniprésente. Sur le mur serpente le tuyau de la chaudière à condensation, qui permet une économie d’énergie de près de 30%. De retour dans la salle commune, direction l’ascenseur pour visiter les étages. Sur le chemin, des bagages attendent leur propriétaire, à côté d’un bac à piles usagées. Pour cette fois, on prendra l’ascenseur mais les bons clients sont ceux qui empruntent les escaliers.

Dans les couloirs, détecteurs de mouvement pour économiser la lumière, ampoules basse consommation et tri sélectif des déchets. La plupart des clients s’y soumettent de bon gré. La majorité ne vient pas ici par hasard, la clientèle est attirée par le concept et aussi, par les prix très attractifs. 59 euros la chambre, standard, pour une ou deux personnes. La haute saison n’est pas prétexte à gonfler les prix et rien n’est en option. Dans les chambres, toujours cette même signalétique. Cette fois pour inciter à éteindre la lumière derrière soi, ou pour éteindre le chauffage quand on ouvre la fenêtre. Des gestes simples, mais encore faut-il y penser. « Nous essayons de faire passer les messages en douceur, sans acharnement ni obligations », insiste Augustin Laval. Oui, lire sur une porte « Brulez des calories, prenez les escaliers », c’est incitatif ! Et pour l’eau, ce sont les économiseurs installés sur chaque robinet qui font baisser la facture. « Les hôteliers devraient tous s’y mettre. Les postes de dépenses eau et électricité, habituellement élevés dans un hôtel traditionnel, sont vraiment plus bas ici ! » Pour sensibiliser la profession, les élèves en hôtellerie sont accueillis en stage, dans l’hôtel militant.

La vie de quartier

Les petits-déjeuners sont pris dans la salle commune. Produits locaux et biologiques sont à l’honneur ; les déchets finissent dans le composteur. Le boulanger du coin livre le pain. Le Solar Hôtel met un point d’honneur à entretenir des relations chaleureuses avec ses voisins et veut rendre hommage à leurs différents savoir-faire. L’une des dispositions les plus remarquables est sans doute l’exposition permanente, dans la salle commune, d’artistes du quartier. Les musiciens peuvent y donner des cours et même y organiser des concerts.

Comportement écolo, prix accessibles et posture militante, le concept du Solar Hôtel est-il exportable ? « On aimerait créer d’autres hôtels mais c’est compliqué. Certains hôtels qui n’ouvrent qu’en haute-saison ou seulement le week-end ne peuvent pas pratiquer des tarifs aussi attractifs que les nôtres. » L’économie étant l’un des trois piliers fondateurs de l’hôtel, le projet est encore en réflexion.

Dans le salon, à côté de l’accumulateur d’électricité des panneaux photovoltaïques, un homme travaille sur son ordinateur. Le wifi n’est accessible qu’au rez-de-chaussée, au nom du principe de précaution. L’homme semble serein, il a bien dormi.