Y a-t-il du sang sur vos portables ?

Y a-t-il du sang sur vos portables ?

Y a-t-il du sang sur vos portables ?

Y a-t-il du sang sur vos portables ?

Au cinéma le

Jusqu'au 13 mars, le Festival international du film des droits de l'Homme vous donne rendez-vous à Paris et en Ile-de-France. L'occasion de découvrir des problématiques parfois méconnues, comme celle du commerce des minéraux utilisés pour les téléphones portables, en Afrique.

Le titre original est sans concession : Blood in the mobile. Du sang sur vos portables. Le film, lui, pourrait bien vous faire regarder votre portable d’un autre œil. Jusqu’à mardi, entre Paris, Créteil, Montreuil ou encore Pantin, le Festival international du film des droits de l’Homme célèbre en 2012 sa dixième édition.

Lancé en 2003 par l’association Alliance ciné, ce rendez-vous propose de découvrir, une fois par an, un assez large panorama de la production cinématographique sur le thème des droits humains. Homophobie en Ouganda, univers carcéral en France, problématiques environnementales en Europe de l’Est comme sur le continent américain… les sujets sont nombreux, souvent complexes et peu connus.

Cap sur la République démocratique du Congo

C’est le cas avec Blood in the mobile, du Danois Frank Piasecki Poulsen en 2010. Le réalisateur est un habitué des sujets forts : avec Guerrilla Girl, au début des années 90, il avait décrit la trajectoire d’une jeune Colombienne qui s’enrôlait chez les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), ceux qui ont retenu Ingrid Betancourt pendant des années. Cette fois-ci, il s’est intéressé à la fabrication des téléphones qui dorment dans nos poches.

 

On ne le sait pas toujours mais les minéraux utilisés pour leur fabrication proviennent essentiellement des mines de l’Est de la République démocratique du Congo. Un pays qui a connu, entre la fin du XXe et le début du XXIe siècle, le conflit le plus meurtrier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Là où aujourd’hui encore, des groupes armés financent leurs activités par le contrôle exercé sur le commerce des "minéraux du sang".

Pour le film, tout est parti d’une question, toute simple. Nokia, la compagnie qui lui a vendu son téléphone, peut-elle assurer qu’elle ne contribue pas au financement de la guerre là-bas ? N’ayant pas obtenu de garanties à ce propos, le réalisateur s’est rendu sur place, là où les petites pierres font l’objet des plus gros trafics. 

 

Surveiller l’approvisionnement

Le documentaire raconte notamment comment les ONG sur place ont réclamé des fabricants de mobile qu’ils mettent en place des mécanismes indépendants de surveillance de la chaîne d’approvisionnement des minerais, afin d’assurer qu’ils ne finançaient pas la violence armée.
Ce sujet, Grégoire Niaudet le connaît bien. Chargé de plaidoyer au sein du Secours catholique/Caritas France, il a participé ce 10 mars à une table ronde organisée juste après la projection du film. « L’exploitation des richesses minières est une question sensible en Afrique : à cause des trafics, la surveillance de l’approvisionnement est cruciale. »

Une coalition, baptisée "Publiez ce que vous payez" fait à ce sujet un gros travail pour favoriser la transparence des revenus des industries minières – mais aussi pétrolières et gazières.

Besoin d’une prise de conscience

« L’exploitation de ces ressources rapporte des milliards et pourtant, ces pays restent dans un état de précarité extrême… Il faut une véritable prise de conscience chez les utilisateurs de téléphones portables, continue Grégoire Niaudet. Ce n’est pas toujours évident, quand on est en période de crise, quand le théâtre des opérations est loin de chez nous mais un film comme celui-là peut jouer un rôle. Si on met en place des normes, cela peut profiter à tout le monde ».

L’objectif : éviter de tomber dans ce que l’on appelle parfois "l’A-quoi-Bonnisme" : « Il y a quelques années, lorsque l’on évoquait la régulation financière, l’instauration de dispositifs, les gens étaient sceptiques. Ces thèmes sont devenus véritablement porteurs aujourd’hui. Nous demeurons persuadés que la solidarité sur ces questions peut donc être une solution, pour demain ».

Et demain commence avec le visionnage de ce documentaire de 52 minutes.

 

> Blood in the mobile / Du sang dans nos portables, de Frank Piasecki Poulsen (2010). A voir mardi 13 mars (20h30, après la cérémonie de clôture) au Nouveau Latina (20, rue du Temple, IVe arrondissement) à Paris, dans le cadre du Festival international du film des droits de l’Homme. Renseignements : 01.42.78.47.86.

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