George VI fut le premier monarque britannique à se rendre en visite officielle aux Etats-Unis. En juin 1936, il a passé, avec sa femme Elisabeth, quelques jours dans la maison de campagne de Franklin Roosevelt, en espérant convaincre le président américain d’engager le pays aux côtés de la Grande-Bretagne en cas de conflit avec l’Allemagne d’Hitler. Week-end royal se propose donc de nous conduire dans les coulisses de cet événement diplomatique.
Mais le réalisateur, Roger Michell (à qui l’on doit notamment Coup de foudre à Notting Hill), fuit tout ce qui pourrait sembler trop solennel. Cette tranche d’Histoire est traitée sur un mode nonchalant, hésitant entre la farce, lorsqu’il s’amuse des impairs commis par les Roosevelt à l’égard du couple royal – des caricatures de soldats anglais sont affichés dans leur chambre – et le chromo passé à l’acide – la mise en scène classique et élégante contraste avec l’aspect vaguement subversif du propos. Qu’il ait cherché à humaniser ces grandes figures historiques est une chose, mais Michell n’a pas pu s’empêcher de tomber dans l’excès inverse en les croquant avec une certaine trivialité, qui pourrait par moments passer pour du mépris.
Cachez ce sexe…
Week-end royal n’est pas qu’agaçant, il est aussi ennuyeux. La visite royale cohabite avec un autre sujet, auquel le film accorde une plus large importance : la liaison entretenue par Roosevelt avec l’une de ses cousines éloignées, Daisy. C’est autour de sa voix-off que le scénario est structuré. C’est elle qui prend le spectateur par la main, la lui lâchant lorsque le roi d’Angleterre vient occuper une trop grande place à l’écran, comme si elle était de trop (ce qui est d’ailleurs le cas au sens propre puisqu’elle n’est pas invitée lors du premier repas). Tout manque alors de cohérence et la lenteur avec laquelle cela nous est raconté -pourtant le film n’excède pas les 95 minutes – ne rend que plus évidentes les scories de l’intrigue.
Il y avait matière à bâtir, autour de ce secret d’alcôve et de cette visite historique, une oeuvre rock’n’roll et beaucoup moins tiède. Michell cède trop au puritanisme, et se contente de suggérer la sexualité tout en l’éloignant la plus possible du champ de la caméra. Comme s’il cherchait à protéger les sensibilités prudes tout en refusant, dans le même temps, de passer pour quelqu’un qui manque d’audace. L’amitié anglo-américaine sera consolidée par une dégustation de hot-dog, dont la saucisse aura été tartinée de moutarde avec un regard en coin. Ultime marque de trivialité d’un film qui, sous ses beaux atours, manque clairement d’élégance.
> Week-end royal de Roger Michell, Etats-Unis, 2012 (1h35)