« Si vous êtes blonde à forte poitrine ou grosse, schizo, stupide, surdouée, menteuse, sexy […], bref si vous êtes une princesse, contactez-nous pour rejoindre le squad. » Cette annonce un brin provocatrice n’a rien de surprenant quand on connaît le Tad girls squad (TGS). Ce collectif indépendant, formé il y a trois ans, a fait le pari d’exporter le concept de la pom-pom girl des stades aux salles de concerts. « Nous trouvions qu’il n’y avait plus beaucoup de sexe dans le rock’n’roll », explique Caroline, co-fondatrice et membre du TGS, en référence à la célèbre maxime de Ian Dury. « Au départ, nous pensions créer une troupe de majorettes afin d’animer les concerts organisés par l’association la Ferme de la justice dont j’étais membre. Toutefois, le concept n’offrait pas suffisamment de possibilités. Aussi, nous avons décidé de nous orienter vers les pom-pom girls. Le clip de la chanson Smells like teen spirit de Nirvana, nous trottait dans la tête », ajoute-t-elle.
Peu importe le cadre, la seule chose qui importe pour les membres du TGS est d’apprécier la musique des groupes ou d’adhérer aux valeurs défendues par les organisateurs d’un événement. Le collectif réalise ainsi ses performances aussi bien dans les salles de concerts qu’en festival, en soirée ou en manifestation. Bien qu’il n’ait pas de styles imposés, la troupe de pom-pom girls partage essentiellement la scène avec des formations de punk, de noise et de métal à l’instar des Flying Pooh, d’I love UFO ou des Washington dead cats.
Premier pas
La troupe a livré sa première performance au Parvis de Bagnolet (Paris) dans des conditions plutôt particulières. « Nous nous sommes changés dans les cuisines avant de nous lancer à cinq sur le set de la formation punk, les Marie Salope. Nous avons eu beaucoup d’adrénaline et de plaisir. » Très vite, la troupe trouve d’autres lieux où se produire et d’autres artistes à accompagner. « Pour la plupart, nous sommes impliqués dans le milieu de la musique. Du coup, nous avons très vite eu l’opportunité de faire des scènes. Et si au départ nous jouions souvent pour des amis, nous sommes désormais contactés par des personnes que nous ne connaissons pas. »
Aujourd’hui, ils sont treize à agiter les pompons dont un homme, Wilfried. « Lorsque quelqu’un est désireux de se produire avec le Tad girls squad, je lui propose directement une date. Et en général, il ne repart plus. » Il n’y a pas de profils types au TGS, ni de normes de beauté à respecter. Le collectif est composé d’artistes comme d’employés de bureau, de mères de famille comme de femmes célibataires, de jeunes comme de moins jeunes. « Il y a un minimum d’âge, la majorité, mais pas de maximum. Une femme de soixante ans, si elle est sexy, peut très bien nous rejoindre. »
L’affirmation de sa féminité
Les membres du TGS n’ont pas d’ambitions autres que celles de s’amuser. Pour autant, leur activité s’inscrit dans une volonté commune d’affirmer sa féminité à travers la réappropriation de codes souvent dévalorisés. « Le but est pour chacune d’entre nous d’exprimer le plus possible sa féminité sans être pour autant être considérées comme des potiches. Nous ne pouvons pas le faire tous les jours alors nous le faisons au sein du squad. »
Chacun a toutefois ses propres raisons de rejoindre la troupe. « Quand le collectif a été lancé, je venais tout juste d’avoir mon deuxième enfant. Et comme beaucoup de femmes dans cette situation, j’étais fâchée avec mon corps. Aussi, je voulais redevenir une femme après avoir été une maman », explique Caroline. Ses enfants savent d’ailleurs pertinemment ce qu’elle fait. « A mon sens, il n’y rien de honteux dans ce que nous faisons. Mes enfants ont déjà vu des photos et des vidéos de nos performances et ils ont déjà assisté à des répétitions. Pour la Fête des mères, mon fils a même fait un dessin de moi en pom-pom girl. »
La démarche de la troupe n’est évidemment pas dénuée de provocation. En arrivant sur scène avec fouets, mini-jupes et porte-jarretelles, les filles s’exposent aussi à des regards négatifs et des jugements désapprobateurs. Pour autant, il n’y a pas de débordements. « Les garçons, aussi punk soient-ils, comprennent vite qu’on est là pour faire le spectacle et pas pour être touchées. Il y a un équilibre très fragile à tenir pour ne pas se faire emmerder et en même temps donner une image positive de ce que l’on fait. »