Le sexe en 2050

Le sexe en 2050

Le sexe en 2050

Le sexe en 2050

31 janvier 2014

Sex-toys connectés ou imprimés en 3D, coït avec des robots, Citazine s'intéresse au sexe et objets sexuels high-tech qui pourraient se généraliser dans les prochaines années. Le sexe du futur a de l'avenir.

Le Blue Motion de OhMiBod. Photo OhMiBod

Con-nec-té. C’est désormais le maître-mot en matière de sex-toys. Même le dernier gel lubrifiant de Durex, qui n’a pourtant rien de très high-tech, surfe sur la tendance marketing avec son « Lovers Connect ». En mars 2013, le LovePalz avait affolé son monde avec ses deux joujoux aux lignes épurées et à la puissance mythologique (la marque les a baptisés Zeus et Hera). Les deux sex-toys réunissaient les amants éloignés via une application mobile ; une fois connectés, les deux Lovepalz envoyaient à l’autre les mouvements du partenaire.

Connected people

Cette année, à l’approche de la Saint-Valentin, un fabricant français a lui aussi dégainé son sex-toy intelligent : le SmartLove. Là encore, les noms de baptême des jouets sont intéressants : « Akari » pour elle, qui sonne comme le prénom d’une héroïne de manga, « Avatar » pour lui, qui sonne comme le film de James Cameron. Ils se connectent à internet en WiFi et fonctionnent via une appli smartphone, désormais omniprésente. 

Récemment, au CES 2014 à Las Vegas, c’est le Bluemotion de OhMiBod qui a créé la surprise. Cette société spécialisée dans le sex-toy haut de gamme et high-tech a en effet présenté son dernier né. Il s’agit d’un vibromasseur pour femmes pouvant être contrôlé à distance, en bluetooth, par une application utilisée comme une télécommande : vitesse et vibrations sont modulables en toute discrétion… Il devrait être commercialisé en mars 2014. 

Côté sexe à distance, Demolition Man, avec ce brave Sylvester Stallone, avait vu encore plus loin. Et l’avenir donnera sans doute raison à ce « monument » du cinéma d’anticipation. Sylvester Stallone incarne John Spartan, un flic incontrôlable revenu du passé après des années de cryogénisation. En 2032, la fliquette Sandra Bullock lui propose de faire l’amour avec lui. Il ne se fait pas prier. C’était sans savoir qu’à cette époque le sexe se faisait à distance via deux casques connectés. Voyez la suite.

La révolution de l’impression 3D

Alors que la révolution de l’imprimante 3D suit son cours, l’industrie des sex-toys ne pouvait évidemment pas passer à côté. Il est désormais possible d’imprimer votre sex-toy à la maison, tranquillou et en chaussettes. Le site américain Makerlove propose depuis peu des modèles de sex-toy à imprimer directement chez soi. L’internaute peut également imprimer un modèle qu’il aura lui-même conçu, et le laisser ensuite à la portée des usagers. Des tutoriels sont également à disposition pour que votre sex-toy soit sans risque, bien lisse et hypoallergénique, ou encore qu’il vibre.

Parmi des formes traditionnelles, on peut aussi imprimer le buste de Sigmund Freud, celui de Justin Bieber ou le corps d’Hello Kitty. Sexy ou pas ?

Freaky Freud de Maker love. Photo DR

En France, une jeune entreprise vient également de s’emparer de l’impression 3D à des fins sexuelles. French Coqs, un jeu de mot avec « coq » symbole de la France et « cock » qui signifie « pénis » en anglais, reproduit des verges. Dans la rubrique le Lab, l’internaute peut créer et personnaliser le pénis de ses rêves. Le phallus tant fantasmé prendra enfin corps ! L’autre fonction du site, c’est Photocopine. Photographiez sous trois angles différents le pénis que vous voulez voir dupliquer et envoyez vos photos ; le sexe vous reviendra modélisé en trois dimensions.

Capture d'écran de French Coqs.

Barack Obama ne s’y est donc pas trompé lorsqu’il déclarait, durant son discours de l’Etat de l’Union en février 2013, au sujet de l’impression 3D : « le potentiel de révolutionner la façon dont nous fabriquons presque tout (…). Et je demande au Congrès d’aider à créer un réseau d’une quinzaine de ces centres et de garantir que la prochaine révolution industrielle sera Made in America ». N’empêche que la Photocopine est bien française elle.

Le sexe avec les robots

Bien sûr, ceux qu’on attend tous au tournant, ce sont les robots. D’ailleurs, 9% des Américains déclaraient dans un sondage réalisé par le Huffington Post US qu’ils étaient prêts à avoir des relations sexuelles avec eux.  

Le cinéma d’anticipation s’est emparé de la question depuis plusieurs années. Déjà dans Blade Runner, Daryl Hannah tenait le rôle de Pris, un robot conçu dans le seul but de donner du plaisir à l’homme. Et dans AI de Spielberg, le personnage de Jude Law est Gigolo Joe, un robot gigolo.

Daryl Hannah dans Blade Runner, Ridley Scott, 1982

Quittons un peu la fiction. Et si le domaine de la prostitution était peu à peu investi par les robots. En mai 2012, un article rédigé par le futurologue Ian Yeoman et la sexologue Michelle Mars et publié dans la revue Futures, imaginait pour 2050 un club d’un nouveau genre, le Yub-Yum, basé dans le quartier rouge d’Amsterdam, où les prostituées seraient remplacées par des robots humanoïdes. Les deux prédisaient un nouveau genre de tourisme sexuel : sans culpabilité, sans proxénétisme, sans MST. Mais aussi avec un humain en moins…

En 2007, dans son livre Love and Sex with Robot, Daniel Levy, chercheur à l’université de Maastricht, va plus. Pour lui, le robot s’émancipera de sa fonction sexuelle, à tel point qu’un humain pourra en tomber amoureux. « L’amour et le sexe avec les robots sont inévitables », écrit-il. Il est même persuadé qu’on finira par les épouser !

Les robots plus vrais que nature de Real Humans.

A l’écran, la série suédoise Real Humans a mis en scène l’amour entre un humain et un « hubot », le nom donné aux robots de compagnie dans la série. Lors d’une interview disponible sur le site d’Arte, le créateur Lars Lundström dévoile d’ailleurs qu’aux Pays-Bas, il est possible de se marier avec un hubot ; on l’apprendra dans la saison 2. Déjà dans la première, certains personnages utilisent leur hubot à des fins sexuelles avant de s’y attacher réellement. 

Aujourd’hui, on n’en est pas là, même si certains partagent la vie d’une poupée gonflable. Interviewée par Citazine l’année dernière, Agnès Giard, journaliste et auteur de Les objets du désir au Japon, publié aux éditions Glénat en 2009, commentait les poupées gonflables devenues de plus en plus réalistes : elles « constituent un véritable laboratoire pour la recherche en vie artificielle. Elles servent de modèles à des prototypes d’androïdes et influencent les recherches de pointe en matière d’anthropomorphisme. Certains centres de robotique s’approprient en effet tous les derniers-nés des firmes de love-dolls, afin de les disséquer et de s’en inspirer pour améliorer l’aspect de leurs humanoïdes… Leur système est littéralement en train d’accoucher de formes de vie « psychiques » nouvelles. Les simulacres, qui sont commercialisés au Japon, devraient dépasser les frontières de cet archipel d’ici quelques années et cela d’autant plus aisément que ces objets ne se contentent pas d’être réalistes. Ils proposent quelque chose de plus qu’un simple aspect « ressemblant » ».

Pour l’instant, il existe Roxxxy, la poupée-robot sexuelle de True Companion présentée en 2010. Bientôt, Rocky devrait aussi être disponible. Si RoxxxyPillow est une poupée traditionnelle, la Roxxxy Gold possède, elle, une intelligence artificielle qui lui permet de tenir une conversation, pas forcément sexuelle, ressentir le toucher, et de développer une personnalité en fonction des goûts du propriétaire. Et là, ça coûte 6.995 $. D’ici 2050, les prix devraient baisser. 

Photo page d’accueil : The 3Dildo de MakerLove. DR.