Les salopes marchent aussi

Les salopes marchent aussi

Les salopes marchent aussi

Les salopes marchent aussi

30 septembre 2011

« Les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes » si elles veulent échapper au viol. Tout est parti de ce propos d'un commissaire de police canadien. Face à cette attitude, une SlutWalk - marche des salopes - a pris corps à Toronto en avril dernier. Le mouvement gagne la France ce samedi. Pour en finir avec le sexisme et la misogynie.

SlutWalk Berlin | Photo DR

A Paris et dans quatre autres villes de France[fn]Aix-Marseille, Lille, Lyon et Strasbourg.[/fn], mais aussi à New York, à Milwaukee, à Minneapolis et à Bristol se tiendra samedi 1er octobre une SlutWalk. De quoi s’agit-il ? Littéralement, la SlutWalk est la traduction anglaise de la « marche des salopes ». Un terme provocateur mais qui reste toutefois symbolique de la genèse de cet événement mondial.

L’histoire débute à Toronto, au Canada. Un commissaire de police, Michael Sanguinetti, chargé d’élucider une série de viols sur le campus de l’Université de York, tient sur le sujet une réunion d’informations auprès des étudiants. L’homme fit une grave erreur de langage, qui déchaîna son jeune public. Il indiqua en effet, coiffé de l’autorité de représentant des forces de l’ordre, que « les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes » si elles voulaient échapper au viol. Eviter de tenter le diable, comme on dit.

Les propos fâcheux ont provoqué une déferlante sur le campus de l’Université de York. 3 000 personnes se réunirent, le 3 avril dernier, à l’occasion de la première SlutWalk. Le terme choque ? Il s’agit de le renvoyer à la figure de ce policier irréfléchi et au visage de tous ceux qui pensent encore qu’une femme est parfois responsable de son viol parce qu’elle n’a pas envoyé « les bons signaux ».

SlutWalk London | Photo DR

En France, les marches sont chapeautées par Gaëlle Hym, une femme sans appartenance à telle ou telle association féministe, seulement excédée par la manière dont sont traitées les victimes. « Ils sont très forts pour commander des vaccins quand il n’y a pas de grippe mais quand tous les deux jours et demi, une femme meurt sous des coups, ils sont franchement nuls ! » La jeune femme reprend le flambeau. En mai dernier, une semaine après l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, une marche des salopes s’était déjà tenue à Paris mais n’avait recueilli que très peu d’échos.

« Une jupe n’est pas un oui »

A Jakarta, à Berlin, à Brasilia ou à Cordoue, le mouvement prend de l’ampleur, les revendications sont les mêmes, arrêter la culpabilisation des victimes pour libérer leur parole et les encourager à porter plainte. « En France, il y a 137 viols par jour et seulement 10 % des victimes déposent plainte, constate Gaëlle, amère. Une fille violée se demande encore ce qu’elle a bien pu faire pour que ça lui arrive ! »

Un des nombreux slogans de l'événement.

Cette marche, contre le sexisme et la misogynie, qu’on ne présente plus en France, veut en finir avec ce qu’on appelle les « comportements à risque », caractéristiques qui ne sont plus acceptables au sujet d’une femme, qu’elle soit ivre, en jupette ou même toute nue. Le viol est un crime et les vêtements de la victime, de même que son degré d’alcoolémie ou simplement son sourire ne sont pas des circonstances atténuantes. Rien ne peut être considéré comme un appel au viol.

« Quand c’est oui c’est oui, quand c’est non c’est non », « Une jupe n’est pas un oui », sont quelques-uns des slogans de l’événement. CQFD. Bien sûr que tout le monde le sait. N’empêche qu’il s’agit encore d’une sale idée insidieuse et inconsciente, qui n’est pas si rare que ça. « En France, normalement, on prend quinze ans pour un viol. Je ne connais aucun violeur qui s’est pris quinze ans. Quatre ans maximum et ils ressortent pour bonne conduite ».

La SlutWalk à Manchester | Photo DR

A Paris, samedi, la marche part de la gare Montparnasse, à midi. Les hommes seront bien accueillis, puisque la lutte pour le droit des femmes les concerne en tout premier lieu. Si les SlutWalk sont souvent très théâtrales et dénudées, il n’existe aucun dress code. Col roulé, mini-short, passe-montagne ou brassière, la lutte contre le viol n’a pas d’uniforme.