« La route sauvage », trot plein d’espoir

« La route sauvage », trot plein d’espoir

« La route sauvage », trot plein d’espoir

« La route sauvage », trot plein d’espoir

Au cinéma le

Élevé par un père aimant mais inconstant, Charley Thompson, 15 ans, déniche un petit boulot chez un entraîneur de chevaux. Alors qu'il se retrouve livré à lui-même, l'ado décide de s'enfuir avec Lean on Pete, un pur-sang en fin de carrière auquel il s'est attaché. Quête initiatique rude mais pleine d'espoir, La route sauvage séduit par sa beauté naturelle et des interprétations d'une justesse remarquable.

Charley Thompson (Charlie Plummer) n’a jamais connu sa mère et vit avec son père qui se comporte plus comme un ami qu’une véritable figure paternelle. Au fil des années, le jeune ado de 15 ans a naturellement appris à se débrouiller seul. Tout juste arrivé dans l’Oregon, il déniche un petit boulot auprès de Del (Steve Buscemi), un entraîneur de chevaux habitué aux courses de second classe. Très vite, Charley s’attache à Lean on Pete, un pur-sang arrivé en fin de carrière. Lorsque la fatalité s’abat soudainement sur le garçon, Charley décide de s’enfuir avec son cheval à la recherche de sa tante dont il n’a qu’un lointain souvenir. Avec l’espoir de trouver enfin un foyer stable, les deux compagnons de route entament ensemble un très long périple jalonné d’épreuves difficiles.

La route sauvage

Beau mais pas trop

Pour adapter le roman Lean on Pete de l’écrivain américain Willy Vlautin — publié en France sous le titre Cheyenne en automne —, Andrew Haigh s’est immergé dans son atmosphère en parcourant les endroits traversés par Charley et son fidèle destrier. Un véritable road trip de trois mois pour se familiariser avec le monde des courses et les paysages de l’Ouest américain : l’Orégon, le Wyoming, l’Utah ou encore le Colorado. Il a également révisé ses classiques en se replongeant notamment dans Paris, Texas de Wim Wender. De cette préparation minutieuse, le film restitue la beauté des paysages mais sans jamais s’appesantir sur le sujet. Sublime, la nature est aussi dure et son côté indomptable contrebalance un regard qui serait trop contemplatif. Le paysage, Charley n’a de tout façon pas vraiment le temps d’en profiter : parti avec son vieux « quarter horse » relégué aux « petites » courses, il doit avant tout apprendre à survivre du haut de ses 15 ans. Comme il a recueilli ce cheval en fin de carrière, le garçon part — à travers des chemins sinueux — à la recherche d’une famille de substitution qui pourrait prendre soin de lui. Sans jamais tomber dans le mélo malgré les épreuves rencontrées par le jeune Charley, le réalisateur anglais signe un film parfois rude mais illuminé par une lueur d’espoir constante et une grâce que l’on doit à des acteurs très inspirés.

La route sauvage

Cheval de galère

On retrouve dans ce nouveau film signé Andrew Haigh sa capacité à dépeindre les personnages tels qu’ils sont, avec leurs failles et leurs qualités, sans jugement. Une vision déjà présente dans 45 ans (2015), étonnante autopsie tendre et amère d’un « vieux » couple formé par la rayonnante Charlotte Rampling et l’attachant Tom Courtenay [lire notre chronique]. Pour La route sauvage le cinéaste a su une nouvelle fois très bien s’entourer d’acteurs qui ont déjà travaillé ensemble et le résultat à l’écran fonctionne parfaitement. Révélé dans King Jack en 2015 et aperçu récemment dans Tout l’argent du monde de Ridley Scott, Charlie Plummer connaît bien Steve Buscemi qui joue Del, vieux briscard des champs de courses au cœur tendre mais intraitable quand il s’agit de profit. Ensemble, ils ont partagé le plateau de la série Broadwalk empire. Steve Buscemi a de son côté fait jouer Chloë Sevigny — initialement prévue pour être la tante de Charley, elle incarne finalement Bonnie, une jockey amateur indépendante au caractère bien trempé — dans Happy hour (1996) son premier long métrage en tant que réalisateur. Des complicités et des talents qui s’associent pour créer une alchimie parfaite devant la caméra du cinéaste. Abandonné au bord de la route à l’image du cheval condamné pour lequel il se prend d’affection, Charley n’aura de cesse de croire en un futur meilleur. Son périple sera long et pénible mais l’étincelle d’espoir qui anime le jeune garçon malgré les épreuves rend lumineuse cette route sauvage qu’il emprunte.

> La route sauvage (Lean on Pete), réalisé par Andrew Haigh, Royaume Uni, 2017 (2h01min)

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