Annoncée pour le printemps 2014, une nouvelle revue entièrement dédiée à la pornographie, Porn Studies. Jusqu’ici c’est sexy, quoique. L’éditeur n’est pourtant pas un habitué des publications pour adulte concupiscent. Il s’agit en effet de Routledge, une maison d’édition britannique spécialisée dans les ouvrages universitaires. Son dada : les sciences humaines et sciences sociales. Ainsi présente-t-elle Porn Studies : « la première revue internationale entièrement dédiée à la pornographie, visant à explorer l’ensemble des produits et services culturels désignés comme pornographiques et leur contexte culturel, économique, social, institutionnel, juridique et historique ». C’est très sérieux et tout à fait scientifique.
Ici pas question de se demander si ce genre cinématographique et son univers est bon ou mauvais, pour les pervers ou les gens bien. Il s’agit de porter sur un pan important de la culture populaire un regard critique. Car si la culture porn existe inconstestablement, il est paradoxal qu’elle ne soit toujours pas un objet d’études à part entière. Effet de mode ou décrispation des moeurs, ou les deux en même temps, les scientifiques qui s’intéressent à la chose sont de plus en plus nombreux. Le lancement de la revue confirme d’ailleurs que le regard des universitaires sur la discipline évolue.
Les deux rédactrices en chef sont Feona Attwood de l’unversité du Middlesex et Clarissa Smith, de l’université de Sunderland. Interviewée par Quentin Girard pour le quotidien Libération, Feona Attwood explique notamment : « Nous essayons de dépasser l’idée qu’il y a deux facettes du porno, la bonne et la mauvaise. Comme de la même manière les chercheurs ne se demandent pas si un roman, un film ou un journal sont bons ou mauvais, on veut aller plus profond dans les détails. Notre revue sera critique, cela veut dire que nous serons analytiques, pas que nous essaierons d’effectuer une différentiation entre ce qui serait de la bonne et de la mauvaise pornographie. » Porn Studies, à découvrir au printemps prochain.