Une décennie après les événements de La planète des singes : les origines (2011) l’humanité a été décimée par un virus qui a également eu pour effet un développement spectaculaire de l’intelligence chez un groupe de singes. Isolée du reste du monde, une colonie d’humains – naturellement immunisés contre le virus – tente de réorganiser une vie sociale à Los Angeles où l’épidémie a débuté. Dans une forêt proche, César, l’un des premiers singes de laboratoire infectés, règne désormais sur une société de primates savants.
Poussés par la nécessité, les hommes pénètrent dans le territoire des singes en espérant faire fonctionner une centrale hydraulique, seul moyen d’obtenir l’électricité nécessaire pour contacter d’éventuels survivants ailleurs dans le pays. La confrontation entre les humains et ces simiens développés, forcément explosive, pointe du doigt les mécanismes de la guerre pour la survie. Avec subtilité.
Des effets spéciaux époustouflants
Déjà impressionnants dans le film précédent de la saga, les effets spéciaux de ce nouveau volet continuent de subjuguer. S’ils ne semblent pas avoir énormément évolué sur le plan purement technique, c’est le nombre de singes simultanément présents à l’écran qui fait cette fois-ci la différence, notamment dans des scènes de combat spectaculaires.
Loin de se focaliser uniquement sur César, la galerie de portraits simiesques – famille et garde rapprochée du meneur – est si réussie qu’on oublie aisément que ces visages aux expressions humaines si troublantes sont le résultat d’une technique de performance capture parfaitement maitrisée.
Un résultat d’autant plus impressionnant que dans cette suite, en plus de maitriser le langage des signes, les singes commencent à parler. Dans cet exercice, la prestation d’Andy Serkis – interprétant déjà César dans le film précédent mais également Gollum dans la saga Le seigneur des anneaux – continue d’impressionner, paradoxalement parce qu’il est invisible derrière le personnage qu’il incarne.
Mais au-delà de l’aspect purement visuel, cet affrontement possède un fond narratif plus complexe que le blockbuster classique qui en fait un divertissement aussi intelligent que distrayant.
Humanité destructrice
Le titre français du film est trompeur, en effet ce nouvel opus nous présente des affrontements multiples et non pas une simple guerre entre humains et singes. La rencontre entre les deux clans provoque des scissions et des luttes de pouvoir dans chaque communauté entre ceux qui pensent qu’une coexistence pacifique est possible – chacun sur son territoire – et ceux qui se méfient du camp adverse. Le film se déroule sur le thème de la confiance, dans chaque communauté et entre les deux espèces, et bascule avec la trahison d’un pacte de non-agression menant à un conflit aussi sanglant qu’inévitable.
César et ses semblables sont troublants car avec l’acquisition de la parole et une structure de société qui fait penser aux clans des premiers hommes, plus rien ne les distingue de l’être humain. Mais cette évolution vers plus d’humanité s’avère être plus un fardeau qu’une libération pour la communauté simiesque.
Si César tente de préserver la paix – en s’imposant par la violence, il reste un animal – au sein de son groupe, l’intelligence acquise par les singes va les pousser à envisager une attaque préventive, concept humain étranger à la simple défense du territoire des animaux. En devenant si proches de nous, les anthropoïdes finissent par faire les mêmes erreurs, menant inéluctablement vers une guerre… fratricide ?
En nous montrant César et son clan tellement « humains », La planète des singes : l’affrontement nous renvoie à notre propre animalité et met également en lumière un élément qui nous en distingue : une inclinaison spécifiquement humaine à la destruction. L’esthétique est captivante et le propos loin d’être simpliste, les ingrédients idéaux pour un blockbuster estival réjouissant !
> La planète des singes : l’affrontement (Dawn of the Planet of the Apes), réalisé par Matt Reeves, États-Unis, 2014 (2h10)