Un photographe immergé au coeur de l’Opéra de Paris

Un photographe immergé au coeur de l’Opéra de Paris

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Un photographe immergé au coeur de l’Opéra de Paris

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Un photographe immergé au coeur de l’Opéra de Paris

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15 octobre 2014

Le monde fascinant de l'Opéra de Paris, Pierre-Elie de Pibrac y a vécu un an, en immersion totale. Ce photographe de talent restitue dans un livre et dans une galerie parisienne l'univers baroque et envoûtant de ce milieu très fermé.

Diaporama Un photographe immergé au coeur de l'Opéra de Paris - © Pierre-Elie de Pibrac/Agence Vu’
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Nous avions déjà rencontré Pierre-Elie de Pibrac pour la sortie du livre Real life super heroes, un reportage sur « les super héros de la vraie vie » aux Etats-Unis. Cette fois c’est à l’Opéra de Paris qu’il a laissé traîner son objectif durant une année entière. Il aimait le ballet, s’y rendait deux à trois fois par an. Toujours émerveillé, il a décidé de comprendre comment la compagnie fonctionnait. « Comment ils parvenaient à une telle exigence de leur corps et de leur esprit. »

Avec une idée déjà affinée en tête, il a rencontré Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l’Opéra de Paris, cette année remplacée par le chorégraphe Benjamin Millepied. Elle lui a fait confiance et lui a donné les clés du temple. A une seule condition : « ne surtout jamais déranger les danseurs. »

Un photographe dans l'opéra Garnier

Ce travail documentaire paraît ces jours-ci dans un livre magnifique, In Situ, dans les coulisses de l’Opéra de Paris. Le livre sort en même temps qu’ouvre l’exposition du même nom à la galerie Clémentine de la Feronnière, dans le 4e arrondissement de Paris. Le photographe nous prend par la main pour une plongée saisissante au cœur de l’Opéra de Paris. Répétitions, coulisses, échauffements, ballets, Pierre-Elie de Pibrac nous raconte l’histoire peu banale de cette compagnie, évoluant dans un écrin magnifique, impressionnant et influent, le Palais Garnier.

Plusieurs mois sans prendre une seule photo

« J’ai mis plusieurs mois à prendre ma première photo. Un matin, je me suis levé et je me suis dit qu’il ne fallait plus avoir peur, qu’il fallait que je vainque ma timidité. » Durant des semaines, Pierre-Elie de Pibrac se rend à l’Opéra mais ne prend aucune photo. Il observe, repère. Il tient à se faire accepter par la compagnie. Et surtout, plus que tout, à ne pas se faire remarquer. « Au bout d’un moment, j’étais un poteau, je faisais partie des murs ». Pourtant il n’a jamais ressenti aucune réticence de la part des danseurs. « Je n’ai jamais senti que je dérangeais. J’ai découvert un milieu rempli d’amitié et de complicité. Ce n’est pas si sévère et rigide qu’on ne l’imagine. Bien sûr, il y a de la compétition, mais ça passe. Ce qui m’a frappé c’est cette capacité de concentration incroyable ! »

Certaines photos sont prises au plus près des danseurs, notamment le travail en noir et blanc qui constitue « Confidences », l’une des trois parties du livre. Pour certaines prises de vue, il pouvait même sentir le souffle du danseur. Avant son immersion à l’Opéra, il lui aura fallu un an de recherches pour dénicher les techniques, objectifs et appareils appropriés pour réaliser les photographies qu’il avait imaginées. Pour la série en noir et blanc « j’ai travaillé avec un appareil télémétrique : ce type d’appareil ne fait aucun bruit. Je pouvais être vraiment très proche d’eux, sans les déranger », explique-t-il.

Un photographe dans l'opéra Garnier

Dans la série « Catharsis », Pierre-Elie de Pibrac propose sa propre interprétation. Avec un appareil qu’il a « bidouillé », il a travaillé sur le mouvement du corps et l’énergie qui s’en dégage. Le résultat : un monde parallèle où le flux de l’énergie est visible, presque palpable.

Un lieu qui enveloppe les danseurs

Pour la dernière partie, « Analogia », le photographe a encore une fois « trafiqué » un appareil, pour obtenir un angle de vue particulièrement large. Il s’agit cette fois de mettre en scène les danseurs au sein de ce lieu si particulier qu’est le Palais Garnier. Le photographe veut cette fois montrer à quel point cet endroit mythique et magnifique pénètre ses résidents. « Ce lieu a une influence très forte sur les danseurs, c’est une compagnie à part grâce lui. L’Opéra de Paris est la plus grande compagnie au monde : ce qui est fait à Garnier ne se pas fait pas ailleurs. Et ce qu’on y fait – j’ai par exemple pu y voir le Bolchoï – est moins fort que l’Opéra de Paris. » Les danseurs y passent leur journée, y mangent, parfois même y dorment. L’architecture baroque les enveloppe, de même que la puissance des murs.

Un photographe dans l'opéra Garnier

Durant un an, Pierre-Elie de Pibrac est allé tous les jours à l’Opéra. Il pouvait y passer seulement quelques minutes ou y rester de nombreuses heures. « J’ai pu passer 7 heures à prendre exactement la même photo. » En même temps qu’il construisait le livre, il savait précisément l’histoire qu’il voulait y raconter. Il lui manquait  une photo ? Il la réalisait le lendemain. Il s’est glissé dans les moindres recoins de l’Opéra. A parfois pris des risques, avec la complicité des techniciens. « Les décors, les lumières… c’est un monde de fourmis extraordinaire. C’est une ville à part entière ! » Aujourd’hui, l’Opéra et les danseurs lui manquent énormément. « A la fin, je connaissais tout par cœur. Quand je m’endormais, j’entendais la musique dans ma tête et je savais quel pas allait avec quelle note. »

Après ces deux ans de travail, dont un an immergé dans les entrailles de l’Opéra Garnier, Pierre-Elie a changé son regard sur son travail. « Je ne conçois plus un travail de reportage qui ne nécessite pas au moins un an d’immersion pour connaître son sujet. Il faut être capable d’être quelqu’un d’autre, d’être un caméléon. »

> In situ, dans les coulisses de l’Opéra de Paris, Pierre-Elie de Pibrac, éditions Clémentine de la Féronnière, 2014.

> Exposition du 10 octobre au 23 novembre, galerie Clémentine de la Féronnière, 51, rue Saint-Louis-en-l’île, 75004 Paris.