En cas de chaleur intense, le Parisien assoiffé peut toujours se tourner vers les petits hommes verts. Non, pas les OVNI de Roswell, mais les personnages ornant les fontaines de Wallace, emblématiques de la ville. L’eau y est fraîche, potable, et à tous les coins de rues : on en dénombre 119 dans la capitale, dont certaines peintes de couleurs vives. Ces objets emblématiques ne représentent toutefois qu’un dixième des points d’eau potable de la ville, qui en totalise près de 1.000. Il faut dire que l’eau et Paris, c’est une vieille histoire !
Les premières fontaines publiques sont installées au XIIIe siècle par le roi Philippe Auguste. Au départ, elles ne sont que trois et vont puiser dans l’aqueduc de Belleville. La célèbre fontaine des Innocents, lieu de bien des rendez-vous à Chatelêt, est l’une d’elles. Les fontaines sont alors utilisées par les porteurs d’eau, qui l’acheminent aux Parisiens ne disposant pas de puits.
C’est au XIXe siècle, à l’arrivée d’une eau abondante et de bonne qualité, après les travaux réalisées sous l’égide du baron Haussmann, que les fontaines à boire se multiplient. Celle créée par Richard Wallace, qui lui donne son nom, vise à la fois à embellir la ville et à permettre aux Parisiens de se désaltérer et d’améliorer leur hygiène. Le philanthrope anglais vivant en France, avait été ému par la souffrance de la population parisienne, en manque d’eau, durant le siège de 1870-1871. Il décida d’offrir 50 fontaines à boire à la population parisienne.
De Paris à Montréal
Il existe aujourd’hui 119 de ces objets, et plusieurs types de fontaines Wallace : les petits modèles et les modèles en applique, d’un peu plus d’un mètre de hauteur ; et les grands modèles, dans lequel l’eau coule sous un dôme soutenu par quatre cariatides – ces dernières étant parfois remplacées par des colonnettes. Ce modèle, en fonte verte comme le premier, était initialement équipé d’un gobelet attaché à une chaîne. Les gobelets ont été retirés pour des raisons d’hygiène.
Le succès des fontaines Wallace dépasse aujourd’hui largement Paris, puisqu’on trouve leurs petites soeurs à Angers, Bordeaux, Marseille, et même beaucoup plus loin, à Montréal et à Jérusalem !
Depuis, les fontaines se sont multipliées et les designs aussi. Comme les trois fontaines alimentées par la nappe de l’Albien, à plus de 500 mètres de profondeur sous le bassin parisien. Il y en a trois : elles sont installées place Paul Verlaine dans le 13e arrondissement, square Lamartine dans le 16e est square de la Madonne dans le 18e. L’eau qui en coule est faiblement minéralisée, aussi il ne faut pas la garder plus de 48h en bouteille.
On distingue également la fontaine du millénaire, créée par Radi Designer à la faveur d’un concours en 2000 ou, plus insolite encore, la pétillante ! La toute première fontaine à eau gazeuse, qui se présente sous forme de petit kiosque en bois, a été installée en 2010 dans le jardin de Reuilly, dans le 12e. La fontaine est branchée sur le réseau public de distribution d’eau de Paris, et fonctionne grâce à un système de refroidissement et gazéification. Ce système a fait des petits : désormais, les amoureux d’eau fraîche à bulles peuvent aussi trouver leur bonheur dans le 13 arrondissement, rue Neuve-Tolbiac. Trois nouvelles fontaines d’eau gazeuse accessibles à tous doivent être installées à Paris d’ici à l’année prochaine.