Désormais en couple et avec trois enfants, la petite coccinelle a bien grandi depuis le premier film. Dans le Parc national du Mercantour, elle se presse de récolter les réserves nécessaires à la période hivernal. Hélas, lors d’un combat avec les terribles fourmis rouges, l’un de ses enfants se retrouve malencontreusement prisonnier d’un carton à destination de la Guadeloupe. Pour retrouver la petite bête égarée une seule solution : reformer l’équipe de choc ! La coccinelle, la fourmi et l’araignée se serrent à nouveaux les coudes — ou plutôt les pattes — pour tenter de rapatrier la petite coccinelle voyageuse auprès des siens. Dans ce nouveau monde inconnu, les drôles d’insectes vont faire des rencontres étonnantes, et parfois dangereuses ! Pour les secours, le temps est compté.
Le retour des petites bêtes
Court-métrage adapté en série télévisée puis en film au cinéma, Minuscule est un projet qui n’a cessé de prendre de l’ampleur et se devait d’avoir une suite sur grand écran après le succès du premier opus. Avec plus de cinq millions d’entrées à travers le monde et le César du Meilleur film d’animation en 2015, Minuscule – la Vallée des Fourmis Perdues (2013) a su conquérir le public avec ses insectes drôlement attachants. Pour cette suite, les deux réalisateurs Thomas Szabo et Hélène Giraud ont transporté leurs curieux insectes aux Antilles françaises, sur l’île de la Guadeloupe plus précisément. Une envie d’ailleurs qui avait été envisagée pour la série télévisée mais qui n’avait pu être concrétisée pour des raisons budgétaires. On retrouve évidemment dans cette suite les personnages phares de la série : la coccinelle — qui a depuis fondé une famille —, la fourmi téméraire et l’araignée noire, mystérieuse petite boule de poil aux grands yeux. On retrouve avec bonheur ces petites bestioles auxquels les créateurs ont su donner une vraie personnalité et faire évoluer. La bonne idée de ce second opus est d’avoir radicalement modifié la situation de la coccinelle et donc ses priorités. Enfant puis adolescente dans la premier film, le spectateur la retrouve adulte et désormais en couple avec trois enfants à gérer. C’est justement la disparition de l’un d’eux dans un carton à destination de l’autre bout du monde qui va mener la coccinelle en Guadeloupe sur les traces de sa progéniture. Un périple qui va totalement la dépayser !
Chut !
La voix off présente dans la bande annonce de Minuscule 2 et la présence d’acteurs en chair et en os au générique — Bruno Salomone et Thierry Frémont, notamment — peuvent donner l’impression que les créateurs de ce bestiaire fantastique ont effectué un révolution spectaculaire dans le monde des petites bêtes. Ce n’est — fort heureusement — pas le cas. Si les humains quasi invisibles dans le premier opus, Minuscule 2 leur laisse une place plus importante mais leur voix n’est jamais entendue. Un choix dans la continuité qui permet de conserver l’originalité et la poésie de ce drôle de film animalier dans la lignée des films muets où seuls les insectes « parlent ». Contrairement à Disney où les animateurs insufflent une bonne dose d’anthropomorphisme dans leurs animaux, Minuscule s’interdit cette option. Sans dialogue, les insectes qui possèdent — par choix — une expressivité limitée ne peuvent compter que sur des gimmicks sonores pour faire comprendre leurs intentions. Un défi compliqué qui est de nouveau relevé haut la main dans ce film où la musique du compositeur Mathieu Lamboley — qui rempile pour cette suite — reste primordiale.
Un détail pour vous
L’autre concept fascinant dans Minuscule est la fusion de décors naturels avec une animation numérique aux détails surprenants. Tourné en partie au Parc national du Mercantour — comme le premier volet — et au Parc national de la Guadeloupe, Minuscule 2 charme avec des décors magnifiques, et cette fois-ci plus éloignés de notre quotidien pour le spectateur hexagonal. Plus spectaculaire, la mise en scène délaisse les plans plus statiques du premier film proches du documentaire animalier pour ajouter du mouvement et notamment des transitions entre le monde des humains et celui des insectes. En incluant leurs bestioles numériques dans des prises de vue réelles, Thomas Szabo et Hélène Giraud créent un monde étonnant qui permet à la fois d’admirer la beauté de la nature — qui doit être sanctuarisée, c’est l’un des messages de cette suite — et d’apprécier le travail de composition des personnages. Fabriqué en France, Minuscule 2 bénéficie des avancées techniques dans l’animation depuis la sortie du premier film et d’un sens du détail incroyable. Poussières et flocons de neige ont reçu une attention particulière pour être les plus réalistes possibles. Le résultat — à apprécier sur grand écran, évidemment — est véritablement bluffant. Alors que Minuscule empruntait au western et au film de guerre, cette suite est clairement un voyage d’aventure qui s’inspire notamment des périples de Sinbad dont les effets spéciaux étaient confiés à Ray Harryhausen, le maître du stop-motion. Une illustre référence qui explique le côté artisanal cher aux créateurs de cet univers que l’on distingue derrière l’aspect numérique très léché des images.
La coccinelle et ses amis sont de retour sur grand écran pour une nouvelle aventure qui devrait à coup sûr ravir les petits et charmer les grands. Dans la lignée du premier film, Minuscule 2 offre un spectacle plus intense tout en conservant la poésie mutique mais très expressive qui fait tout son charme. Une jolie suite drôlement dépaysante !
> Minuscule 2 : Les Mandibules du Bout du Monde, réalisé par Thomas Szabo et Hélène Giraud, France, 2018 (1h32)