Le désert de sable du Sahara, ses variations de températures, ses pistes de sable infinies, garde le visage d’une vaste étendue sans repère, pour nous, peuple des villes et du béton, des campagnes et des champs. Pourtant des peuples nomades regroupés sous une même ethnie, les Berbères, savent depuis des siècles appréhender cet espace, s’y repérer, et même y dormir dans des tentes douillettes, la Khaïma ou la tente berbère.
Une vie en mouvement
Les Berbères appartiennent à une seule et même ethnie formée par plusieurs tribus comme les Kabyles (en Algérie), les Rifains (au nord du Maroc), les Chleuh (au sud marocain), ou encore les Touaregs. Cette ethnie regroupe les plus anciens habitants de l’Afrique du nord, leur nom leur aurait été donné par les Romains et signifierait « ceux dont on ne comprend pas la langue ». Avides de liberté et indépendants, ils ont combattus durant des siècles contre les envahisseurs, colons et autres tribus, et se sont baptisés «Amazigh», un nom à leur image qui signifie hommes libres.
Ces peuples du désert se répartissent sur un territoire d’environ 5 millions de Km2, qui s’étend du sud marocain jusqu’à l’ouest de l’Egypte. Désormais, pratiquement toutes ces tribus sont sédentarisées, à l’exception des Touaregs qui composent le dernier peuple nomade. Ils se déplacent entre le Mali, le Niger, l’Algérie et la Libye.
Tribu fière et nomade, les Touaregs sont essentiellement éleveurs de chameaux et de chèvres, ils mènent leurs troupeaux de pâturage en pâturage, toujours à la recherche de l’or des sables, l’eau. Ces hommes appelés "hommes bleus", de leur chèche indigo symbolisant un jour de fête, saisissent l’insaisissable, le Sahara. Les Touaregs ont maîtrisé le désert en contrôlant les pistes de sable où ils conduisaient les caravanes marchandes entre les oasis et villes commerciales du nord et du centre de l’Afrique.
Un habitat adapté
Avec cette migration perpétuelle vers les sources d’eau, les peuples du sable ont su trouver un habitat adéquat à leur mode de vie. La Khaïma ou la tente berbère se monte, se démonte rapidement ; elle se transporte facilement sur les chameaux. Au sein d’un campement, on veillera à les installer de manière à préserver l’intimité de chaque famille.
Au sud marocain, dans le Moyen Atlas, elle est confectionnée par un assemblage de bandes de laine et de bandes de tissus en poil de chèvre, mouton ou dromadaire, décorées de motifs géométriques. La toile sera ensuite fixée sur des piquets de bois. La Khaïma des Touaregs diffère quelque peu. En effet, le climat étant plus chaud dans le Sahara, les femmes réalisent une toile à partir de peaux cousues entre elles. Généralement rouge, elle se confond ainsi avec la teinte du soleil couchant, si particulier dans cet espace sans fin. Avant son assemblage, les peaux sont préalablement dépourvues de l’ensemble des poils d’animaux. Les femmes utilisent entre 50 et 150 peaux en fonction de la taille souhaitée pour leur Khaïma. Une natte est ensuite fixée autour du toit afin de conserver l’intimité de la famille et de la protéger du vent ou encore des tempêtes de sables.
L’espace intérieur est divisé de telle sorte qu’une partie close est strictement réservée aux femmes et une autre ouverte, pour les hommes, accueille également les visiteurs à qui on offre un thé brûlant, en signe de bienvenue. Malgré cet environnement de sable, les femmes réussissent à créer un habitat confortable et convivial.
Elles installent au sol des tapis ou des nattes aux couleurs vives et lumineuses, confectionnés par leur soin, et disposent sous la tente des objets de décoration. Parce qu’au-delà d’y accueillir la vie quotidienne de la famille, la Khaïma est également l’espace de tous les évènements forts de la vie. Ainsi elle est le lieu de célébrations des mariages, des naissances mais aussi un lieu de recueillement.