Melun. Sa cité. Ses « kaïra ». Mousten, Abdelkrim et Momo galèrent. Pour s’en sortir, ils décident de tenter leur chance dans l’industrie du X.
Voilà, en gros, le pitch, de ce film qui met en scène le trio du programme court, Kaïra shopping, diffusé sur Canal+. Le trio principal est certes sympathique (on n’ira pas jusqu’à dire attachant), mais il est parachuté dans une succession de scènes et de situations au mieux, grotesques et cocasses, au pire, bâclées et navrantes.

D’où l’impression d’assister à un sketch étiré en longueur, avec un scénario en roues libres. L’humour est plus beaufement bête – et convenu – que méchant. Chaque gag, moquerie ou vanne se voit contrebalancé par un élément « positif » (Momo se mange une portière MAIS il s’avèrera TTBM[fn]Très très bien monté.[/fn], ce sera sa revanche ; Abdelkrim méprise le physique d’une fille qu’il veut simplement « ken » MAIS elle préfèrera demander à un autre de lui faire une gâterie, ce sera sa revanche).

On navigue donc entre une cruauté qui n’est jamais assumée – mais qui serait insupportable si elle l’était – et un propos qui sombre dans la caricature (trois mecs de cités lambda, gentils mais grandes gueules, qui correspondent en tous points aux clichés : survêtement, polo Lacoste contrefait, drague lourdingue…). Les références à La Haine sont nombreuses, mais, à aucun moment, Les Kaïra ne peut prétendre devenir un film emblématique sur la banlieue, dans la catégorie comédie, comme l’est le premier long de Mathieu Kassovitz dans le genre dramatique. Les adeptes du Kaïra shopping y trouveront leur compte, les autres se contenteront de l’apparition de François Damiens. Bandes de bâtards.

> Les Kaïra de Franck Gastambide, juillet 2012, 1h35.