Disquaire Day, merci M. le disquaire !

Disquaire Day, merci M. le disquaire !

Disquaire Day, merci M. le disquaire !

Disquaire Day, merci M. le disquaire !

20 avril 2012

Samedi 21 avril, c'est le Disquaire Day. Coup de projecteur sur les disquaires indépendants, ces passeurs de musique, passionnés érudits, qu'il est important de garder dans notre paysage culturel. Le Disquaire Day, c'est une reconnaissance du rôle des disquaires et un bon moyen de faire venir le public dans leur boutique, avec des vinyles vendus en exclusivité dans leurs bacs.

Le disquaire, une espèce menacée qui a bien failli disparaître totalement de la surface de la France. En 20 ans, ce serait près de 80 % des disquaires indépendants qui ont fermé boutique. A Lucky Records, on a eu plus de chance. Installés rue de la Verrerie, à Paris, George Vidal et Maurice Robert sont encore là. Et ils ont vu leurs voisins disquaires disparaître les uns après les autres. Les raisons de leur longévité ? « On a énormément de disques collectors, et grâce à eux, on a toujours bien travaillé. C’est certain qu’avec la musique actuelle, c’est plus difficile. »

Une journée pour soutenir les disquaires indépendants

Logo du Disquaire Day 2012

Lucky Records et 175 autres disquaires indépendants participent samedi 21 avril au Disquaire Day, une deuxième édition en partenariat avec le Record Store Day anglais et américain, lancé en 2007. David Godevais est directeur du Calif, club action de labels indépendants français, initiateur du projet. « Organiser cette journée, c’est le moyen de faire un focus sur les disquaires indépendants et la nécessité de leur existence pour la diversité culturelle. Faire connaître au grand public la question des disquaires indépendants et amener dans leur boutique les amateurs de musique. C’est un moyen de rassembler toute la filière musicale lors d’un événement festif, à un moment où le disque est en crise. Artistes, labels, distributeurs, disquaires participent à cette célébration de la musique enregistrée avec les amateurs de musique. »

Le vinyle de Johnny Hallyday, en vente à partir du 21 avril | Photo Dorothée Duchemin

Près de 150 artistes , dont une cinquante d’artistes français, participent à l’événement. Pour l’occasion, ils ont enregistré des chansons inédites et proposent en exclusivité chez les disquaires indépendants les vinyles, immédiatement collectors car tirés à peu d’exemplaires. Même Johnny Hallyday s’est laissé tenter. Pour George Vidal, disquaire indépendant de la rue de la Verrerie, l’événement est une belle opération. « C’est une journée qui nous est réservée et pour laquelle on a en exclusivité des vinyles qui ne sont disponibles que ce jour-là, à partir de ce jour là. Cela amène des clients qui pourront aussi acheter d’autres disques ! »

Merci monsieur le disquaire !

Depuis sa création en 2002, et surtout depuis 2005, le Calif soutient les disquaires indépendants, contribuent à leur sauvegarde et à la création de nouvelles boutiques. Mais pour David Godevais, il est aussi important de remettre le disquaire au cœur de la culture et de la connaissance musicale.

Devanture de Lucky Records | Photo Dorothée Duchemin

« Le libraire, on ne se pose pas de questions. On considère qu’il est absolument nécessaire d’avoir des libraires parce qu’ils sont des passeurs, des prescripteurs, ce sont eux qui font découvrir énormément d’œuvres. Et bien les disquaires, c’est exactement la même chose. Ce sont des passeurs, des prescripteurs, ils font découvrir des nouvelles musiques, des nouveaux artistes, ils sont absolument essentiels dans la chaine de diffusion de la culture auprès du public. Quand on voit ce que proposent la télé, la radio et même les salles de concerts, les disquaires ont des milliers d’œuvres auxquelles on n’aurait jamais eu accès sans eux. Il est essentiel d’amener au public cette diversité. »

Le disquaire indépendant va mieux

Ces dernières années, la vie quotidienne du disquaire indépendant s’est tout de même améliorée. En plus d’une concurrence affaiblie suite à l’hécatombe des années 90 et 2000, George Vidal a remarqué de nouveaux clients pousser la porte de sa boutique. « On voit entrer pas mal de jeunes, qui mixent chez eux avec une table branchée à leur ordinateur. Ils nous achètent des disques des années 70, 80, disco, pop, rock. C’est très intéressant pour nous. » Le mange-disque a disparu mais la table de mixage est par contre au goût du jour, de même que le vinyle. On redécouvre un son bien meilleur que celui du MP3, un graphisme bien plus recherché que celui du CD.

Vinyles | Photo Dorothée Duchemin

D’autres raisons expliquent cette embellie. « Outre le soutien financier du Calif, ça va mieux aussi parce que la distribution alimentaire et les grands réseaux spécialisés, suite à des négociations commerciales, ont réduit considérablement leurs rayons de disques ce qui a donné une légitimité aux disquaires indépendants. Surtout pour les amateurs de musique qui retrouvent chez les disquaires indépendants un lieu où ils peuvent parler de musique et échanger sur les artistes. » La grande distribution ayant réduit la voilure, les majors aussi entrevoient l’utilité des disquaires pour leur santé financière et la découverte par le public de leurs jeunes pousses.

Quid du prix unique et de la TVA ?

Le Disquaire Day, c’est un beau coup de pouce pour les disquaires indépendants. Mais pour les mettre définitivement à l’abri de l’extinction, ne faudrait-il pas, comme pour les librairies, uniformiser les prix dans tout le réseau de distribution ? D’après David Godevais, les disquaires indépendants ont disparu à cause de cette absence de prix unique. « Quand on a lancé le Calif, c’est vraiment une chose qu’on voulait obtenir. Les pouvoirs publics nous ont répondu que ça ne passerait pas au niveau européen. » Aujourd’hui, c’est le même discours.

Lady Gaga pour le Record Store Day | Photo Dorothée Duchemin

Pour George Vidal, le prix unique, ce serait bien. Et surtout, une baisse de la TVA ! Une TVA actuellement à 19,6, comme pour les produits ménagers et alimentaires, mais pas comme pour les produits culturels (la TVA sur le livre est à 7%). « Il faut redonner au disque son statut de bien culturel, une notion qui avait un peu disparu du fait de la commercialisation à outrance, sur les mêmes méthodes de marketing que pour les produits alimentaires. Aujourd’hui, on se rend compte que la simple marchandisation ne suffit plus à faire vivre l’industrie du disque. » Votre disquaire est un maillon à préserver. Dites-le lui demain, lors du Disquaire Day, mais pas seulement.