The Dictator : riez, c’est un ordre !

The Dictator : riez, c’est un ordre !

The Dictator : riez, c’est un ordre !

The Dictator : riez, c’est un ordre !

Au cinéma le

Que l'on se rassure, aucun spectateur ne sera forcé à rire devant The Dictator. Pas plus qu'il ne sera amené à réfléchir.

The Dictator

Sacha Baron Cohen a fait ses premières armes au cinéma sous les traits d’Ali G, déclinaison sur grand écran d’un personnage qu’il interprétait sur Channel 4, mais n’a réellement explosé que derrière la moustache de Borat (Larry Charles, 2006), journaliste kazakh, semblant débarquer d’un autre siècle et découvrant les mœurs américaines d’un œil circonspect. On l’a ensuite vu affublé de la combinaison moulante de Brüno (Larry Charles, 2009), gay autrichien bon aryen – issu de la période Channel 4 du "Ali G Show" – fashionista, qui a fait des victimes dans la mode. Sacha Baron Cohen fait son retour en dictateur de la république du Wadiya, contrée susceptible de se trouver quelque part au Moyen Orient ou en Afrique du Nord. Des exécutions sommaires à l’entretien du culte de la personnalité, en passant par un goût prononcé pour le kitsch : il incarne la dictature.

The Dictator

Dans Borat, il prêchait la fausse bêtise, pour révéler la vraie connerie, celle d’une Amérique de rednecks bornés davantage portée sur les pétoires que sur les livres d’histoire. Le procédé (des caméras plus ou moins cachées et des séquences chocs à la spontanéité mise en scène) avait ses limites, mais l’humour noir, cruel, dévastateur, dénonçait, en creux, une réalité qui l’est bien davantage (noire, cruelle, dévastatrice). Brüno s’acharnait lui aussi à mettre en lumière l’intolérance la plus crasse, tout en faisant un pas supplémentaire vers la fiction.

Un mauvais goût assumé 

The Dictator, lui, relève de la fiction la plus totale. Le projet peut faire penser à l’autre Dictateur, celui de Chaplin, mais toute tentative de comparaison est vaine tant le film de Larry Charles ne s’embarrasse d’aucune subtilité et se vautre dans la trivialité la plus primaire. Le mauvais goût est assumé, chaque scène franchissant une nouvelle limite du cynisme, de l’humour noir ou scato. Du coup, il tente de se doter d’un fond pour contrebalancer cet éclaboussement de vulgarité – qui, en soi, n’est pas condamnable et peut susciter un certain enthousiasme, voire, une franche marrade – mais la portée du message (en gros « certaines démocraties sont des dictatures qui s’ignorent ») est aussi longue que celle d’un missile du Turkménistan.

The Dictator

Restent de vrais moments de bravoure, qui aideront les amateurs de comique décomplexé et ras-les-pâquerettes à se faire des tablettes en chocolat, des caméos classieux et des répliques fendardes. Les aficionados de Sacha Baron Cohen en auront pour leur argent (ou leur carte illimitée), les autres risquent de se retrouver plus circonspect face à cette comédie poussive. Mais peuvent-ils vraiment se permettre un vote sanction face à un dictateur ?

> The Dictator, réalisé par Larry Charles, Etats-Unis, 2011 (1h23)

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