Dan23, street aquarelliste

Dan23, street aquarelliste

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Dan23, street aquarelliste

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Dan23, street aquarelliste

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21 mars 2014

Dan23 est l'une des belles découvertes de l'événement street art organisé l'année dernière par la galerie Itinerrance, la Tour Paris 13. Citazine a rencontré l'aquarelliste, plutôt rare pour un Street artist, à la galerie Mathgoth où se tient sa première exposition solo.

Diaporama Dan23, street aquarelliste - Bewildered
Diaporama Dan23, street aquarelliste
Diaporama Dan23, street aquarelliste - Close The Door
Diaporama Dan23, street aquarelliste
Diaporama Dan23, street aquarelliste - Dizzie
Diaporama Dan23, street aquarelliste
Diaporama Dan23, street aquarelliste - Dan23, Tour Paris 13
Diaporama Dan23, street aquarelliste
Diaporama Dan23, street aquarelliste - Dan23, Tour Paris 13
Diaporama Dan23, street aquarelliste
Diaporama Dan23, street aquarelliste - Malvin Van Peebles. Photo DR
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Diaporama Dan23, street aquarelliste - Soin Love. Photo DR
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Diaporama Dan23, street aquarelliste - Whats going on. Photo DR
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Diaporama Dan23, street aquarelliste - Photo DR
Diaporama Dan23, street aquarelliste
Diaporama Dan23, street aquarelliste - Dan23 à la galerie Mathgoth. Photo Dorothée Duchemin
Diaporama Dan23, street aquarelliste
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Il fait partie des révélations de l’événement street art de la fin de l’année dernière, la Tour Paris 13. Et il a su en tirer parti. Hyper-médiatisé, le projet fou de la galerie Itinerrance a été un véritable tremplin et un déclic pour Dan23. « J’étais venu peindre par hasard dans le quartier. Je suis tombé sur la galerie Itinerrance. Je suis rentré, j’ai laissé mon book. Deux heures après, ils me rappelaient. »

On découvrant son travail à la Tour Paris 13, on a d’abord été complètement scotché par la lumière qui irradiait de ces visages. Le travail des contrastes, c’est sa marque de fabrique. « Les contrastes, mais aussi l’aquarelle ».

Dan23, Tour Paris 13

Ce Strasbourgeois peint depuis qu’il a 12 ans. Il s’y est mis avec l’arrivée du hip-hop. « Même quand j’ai commencé, je faisais déjà des portraits. » Le milieu du hip-hop ne l’a jamais séduit, « je n’aime pas ces mondes de castes dont tu es exclu si tu ne suis pas les codes ». Alors il garde ses distances et suit le mouvement de loin. Il fait quelques descentes dans la rue mais préfère se consacrer à la technique de l’aquarelle durant près de dix ans. Avant de laisser tomber pour l’acrylique et la bombe.

Du live painting à la rue

A ce moment-là, en 2006, il fait du live painting dans les festivals. C’est son gagne-pain. Et en tant que grand passionné de musique, ça lui convient plutôt bien. Mais la crise passe par là. Les festivals de musique ne font plus appel à lui. Ne reste plus que les événements de grandes entreprises, comme des banques. Rien de très excitant pour cet artiste un peu bohème. Voici un an demi, il décide de retourner dans la rue, mais cette fois de manière intensive, deux à trois fois par semaine. Pour peindre, s’expérimenter et progresser. Le street art avait fait sa révolution et Dan23 se sentait alors beaucoup plus à son aise dans ce milieu-là. « C’est un monde beaucoup plus ouvert. Les artistes viennent d’horizons très différents avec des techniques très variés. Ça me correspond beaucoup plus. »

Difficile de peindre sur les murs de la très proprette ville européenne. « Strasbourg c’est Disneyland. Tout est très propre, ils misent à fond sur le marché de Noël et le Zénith, des choses très institutionnelles. A cause du Parlement, il y a des caméras partout. Et le moindre dessin sur un mur du centre-ville est immédiatement effacé. » N’empêche, Dan23 repère des murs et vient y peindre l’un de ses portraits. Il choisit des rues passantes, « parce que j’aime avoir le retour des gens et communiquer avec les autres » et opère toujours en plein jour, la police commence à le connaître. Il est l’un des seuls artistes de rue de la ville, pas besoin de jouer des coudes pour conserver son bout de mur. Et après avoir ouvert deux fois la même galerie, en 2006, puis en janvier pour, à chaque fois, des durées de vie très courte, il va la rouvrir très prochainement. Dan23 est donc aussi l’homme qui a ouvert trois fois la même galerie.

Soin Love. Photo DR

Il a aujourd’hui 42 ans et peint depuis ses 12 ans. Et si ses parents ont essayé de l’en dissuader. Il a persévéré dans la peinture. Malgré des études de designer industriel, un job qu’il n’exercera jamais. Il a bien essayé de l’enseigner, mais a démissionné le premier jour. Non, il devait être peintre. « De ce point de vue, j’ai vraiment toujours eu confiance en moi. J’étais persuadé d’y arriver. »

Old school et impulsif

Son expérience à la Tour Paris 13 fut un stimulant génial. C’est en confrontant son travail avec ceux des artistes de la Tour Paris 13 qu’il est convaincu que pour sortir du lot, il doit faire autrement. « C’est à ce moment que j’ai décidé de revenir à l’aquarelle. C’est un peu old school, personne ne l’utilise. » Et c’est une réussite. L’aquarelle lui colle à la peau depuis toujours. Il l’a choisi parce qu’elle lui permet d’être lui-même. « Je travaille très vite. Je ne suis pas patient et je déteste passer quatre jours sur un même travail. J’aime aller vite. En fait, pour me construire en tant qu’artiste, j’ai pris mes défauts pour construire mon style : je ne suis pas soigneux, on trouve donc des coulures. Je n’aime pas trop réfléchir et essaie de l’utiliser. C’est pour ça que mon travail est très impulsif. »

Après la Tour Paris 13, les événements se sont enchaînés. On le retrouve ensuite sur le M.U.R Oberkampf, sur celui de Mulhouse et jusqu’au 19 avril pour sa première exposition en solo à la galerie Mathgoth dans le 13e arrondissement. Il est penché sur grand portrait de Malvin Von Peebles et lui donne les derniers coups de pinceau. Ce peintre compte énormément pour l’artiste : « J’ai vu un documentaire sur lui sur Arte, depuis je sais que je veux être peintre. » Malvin est important, comme toutes les personnes représentées sur les aquarelles qu’ils exposent. « Tous font partie de ma vie. Ce sont des gens grâce à qui je me suis construit. » Une aquarelle est posée derrière lui, il s’agit de son petit garçon de 8 ans. Il est aussi le père d’une fillette de deux ans. A côté de l’enfant, on trouve dans l’ordre : Georges Benson, le chanteur de The Roots, Donny Athaway et James Brown, maître parmi les maîtres. La musique, celle qui groove, fait partie intégrante du processus créatif de Dan23.

Dan23 à la galerie Mathgoth. Photo Dorothée Duchemin

De même que le cinéma américain est à l’origine de son persistant travail sur les contrastes. Des fonds sombres et des visages d’où pulse une lumière claire, c’est Dan23. Dans le street art, celui qui l’inspire et qu’il admire, c’est Mode2. Et hors du street art, il cite les peintres Emmanuel Michel et Raymond Moretti et l’illusteur Jose Correa. (Soyons honnêtes, nous ne les connaissons que depuis notre entretien avec Dan23). « Je revendique ces influences. Ces artistes m’ont construit. J’ai passé des heures à les copier. J’ai mis du temps avant de développer mon identité. Cette première expo arrive tard, mais c’est le bon moment. »

C’est aussi le bon moment, car ces dernières semaines, le travail de l’artiste prend une tournure plus politique. Il est fâché contre une société qui nous ment et brise notre esprit critique. Son travail sur les yeux, Open your eyes, est le reflet de ce nouvel engagement de l’artiste. « Ouvre les yeux sur le monde dans lequel tu vis. Fais-toi ta propre idée, construis ton propre avis et ta propre réflexion. » Dans la même veine, des animaux font également leur apparition dans sa galerie de portrait. « C’est comme dans Blade Runner. Bientôt, les animaux seront tous synthétiques. » Un peu rebelle Dan23, et révolutionnaire. Mais une révolution qui ne passe que par le beau.

> Dan23, Express Yourself, à la galerie Mathgoth du 21 mars au 19 avril, 34, rue Hélène Brion, 75013 Paris.