Les conteneurs s’emboitent au Tetris

Les conteneurs s’emboitent au Tetris

Les conteneurs s’emboitent au Tetris

Les conteneurs s’emboitent au Tetris

18 septembre 2013

Qui n'a pas joué à ce jeu vidéo durant son adolescence jusqu'à en perdre la tête, et voir des objets s'emboiter partout même une fois la Game boy reposée (faute de piles) ? Au Havre, le Tetris est devenu réalité. Ses gros blocs colorés, faits de conteneurs, ouvrent aujourd'hui leurs portes. Spectacle assuré.

Ce n'est plus seulement un grand amas de tôle au fond d'un port, mais un matériau détourné, revisité et mis en valeur dans l'architecture. Depuis quelques années, on a vu le conteneurs se transformer en maisons, en hôtels low-cost et même en cité universitaire. Exit la seule vocation logistique, le conteneur se veut désormais un habitat, à l'architecture à la fois ludique et économique, rapide à monter… et facilement démontable.

En France, la première cité universitaire en conteneurs a vu le jour au Havre, ville portuaire habituée de ces grosses caisses métalliques. Les premiers étudiants y ont pris leurs quartiers il y a trois ans. La ville est sur le point d'en découvrir de nouveaux, cette fois-ci plus seulement réservés aux étudiants. Le Tetris ouvre ce jeudi sur l'ancien fort militaire de Tourneville. En lieu et place des briques de couleurs empilées et emboitées pour faire disparaître un maximum de lignes, comme dans le jeu des années 1980, un grand complexe de spectacle fait de 36 conteneurs (mais pas seulement), et imaginé par les architectes Vincent Deteurtre et Laurent Martin.

"Lorsque le maître d'ouvrage (Papa's production) est venu nous voir, il avait une idée : il voulait des conteneurs, comme pour la cité universitaire qui était alors en construction", se souvient Laurent Martin. "Nous avons voulu chambouler la droiture du fort militaire, jouer avec des boîtes, les poser dans tous les sens pour montrer quelque chose qui n'existe pas dans la réalité. Car d'habitude, ces boîtes métalliques sont bien rangées, les unes sur les autres", explique l'architecte.

Contrairement à la cité universitaire dont les conteneurs reposent sur une structure, le Tetris utilise surtout les boîtes en façade. "La règlementation pour les lieux accueillant du public, et les normes d'accessibilité et de sécurité ont rendu l'utilisation des conteneurs très contraignante", indique Laurent Martin. Des tests de résistance au feu, aux températures extrêmes et aux déformations ont été réalisés. Les conteneurs ont été renforcés par du béton et des poteaux de métal. Impossible cependant d'utiliser les boîtes de fer partout, comme pour la grande salle de 800 places. Les architectes se sont donc tournés vers un autre matériaux typique de la ville : le béton.

Au total, le Tetris compte sur ses 2.000 m2 une salle de plus de 800 places, un club modulable de 200 places, une salle d'exposition de 50 m2, deux studios de répétition, 4 dortoirs (dans 4 conteneurs) pouvant accueillir jusqu'à 16 artistes en résidence, un bar… Sa forme, ses couleurs et ses conteneurs sont autant un doux flashback dans les années 80 et un appel à la créativité. Et outre le clin d'oeil à la ville portuaire avec l'utilisation des conteneurs, le choix même des architectes, des Havrais, est un symbole. "Nous sommes fiers d'avoir eu la confiance de la ville sur ce projet, qu'elle trouve qu'il y a aussi de bons architectes au Havre", sourit Laurent Martin.