Le plaisir de s’envoyer en l’air !

Le plaisir de s’envoyer en l’air !

Le plaisir de s’envoyer en l’air !

Le plaisir de s’envoyer en l’air !

10 décembre 2010

Le jogging, c'est morose, le fitness abêtissant et la natation trop aquatique ? Pourquoi ne pas choisir les arts du cirque ? Amateurs mais aussi professionnels s'envoient en l'air au sein de la compagnie Aircraft Circus. Citazine a sauté avec eux.

L’heure de gloire du yoga est-elle révolue ? Mettez votre tapis au placard, place au cirque ! A Londres, Aircraft Circus offre à ses élèves la possibilité de se dépenser et surtout d’avoir une activité artistique. Cette compagnie propose de s’approprier la magie du cirque qui devient, dès lors, accessible à tous. De nombreuses activités sont proposées : trapèze, ruban aérien ou jonglage. Voici le parfait moyen de décompresser ou profiter d’une séance de remise en forme ludique. La compagnie organise également un spectacle annuel pour financer ses locaux et donne ainsi l’opportunité aux apprentis artistes de s’offrir un public. Le spectacle, Madame Pain’s boudoir, réunit au-dessus de vos têtes, professeurs et amateurs, pour plus d’une heure de féérie et une représentation haute en couleur. Les enfants de la balle n’ont qu’à bien se tenir !

Aircraft Circus est le fruit d’une collaboration de passionnés de cirque et de théâtre qui ont décidé de partager leur savoir-faire. Selon Moira Campbell, cofondatrice, professeur de trapèze et performer, « tout étudiant doué de passion, discipline et détermination peut devenir artiste de cirque, moyennant certaines capacités physiques ». La compagnie a ouvert ses portes il y a environ trois ans et compte 150 élèves, certains à temps plein et d’autres pratiquant en dilettante. L’objectif est alors de garder la forme, développer la masse musculaire ou se changer les idées. Pour les sceptiques du footing et les paresseux de la natation, il y a donc l’art du cirque : « c’est créatif, cela développe l’imagination et c’est aussi une excellente expérience humaine », explique Moira. Une heure et demie de trapèze chaque semaine, pendant huit semaines, revient à 147 £ (environ 173 euros) : une somme onéreuse, soit, mais c’est le prix à payer pour atteindre le septième ciel et se faire des jambes en acier. Si vos bras ont un air de guimauve et que vous ne courez que pour attraper le bus, pas de panique ! Selon Moira, le trapèze est un excellent point de départ. « Si vous commencez avec la corde ou le ruban aérien cela peut être un peu frustrant, mais le trapèze possède de nombreux mouvements pour les débutants qui font des progrès plus rapidement. » Il est ensuite possible de passer à autre chose.

Le plus d’Aircraft Circus, c’est de donner à ses élèves, tous niveaux confondus, l’opportunité de participer aux différents spectacles. A l’affiche en ce moment, Madame Pain’s Boudoir (à ne pas confondre avec notre inoffensive baguette, "pain" signifie douleur en anglais) : c’est un show sombre, dans lequel anges déchus, trapézistes cancan, burlesque et masochisme règnent en maître. Chignon crêpé bouffants, bas résilles, faux cils, et lèvres à paillette, Julie Rey vient de finir sa séance maquillage. Cadre le jour et trapéziste burlesque la nuit, elle suit les cours du soir de AirCarft Circus depuis trois ans et fait partie d’un large groupe qui a décidé de joindre l’utile à l’agréable. « Certains sont des performeurs qui veulent ajouter une corde à leur arc, mais la plupart sont des gens qui ont envie de faire quelque chose d’un peu différent. Il y a des profs, des banquiers, des consultants et des étudiants », explique-t-elle. Pour la plupart d’entre eux, l’intérêt est de mélanger activité physique et divertissement pour que l’exercice ne soit plus un supplice. « C’est une bonne échappatoire. Je sors du boulot, j’enlève mes talons, mon tailleur, je mets un caleçon, un body et je m’éclate ! En plus c’est un super moyen de faire travailler les terribles cuisses-abdos-fessiers ». Le rôle de Julie dans le spectacle ? Une trapéziste cancan démoniaque. Voici de quoi épicer votre quotidien. Un peu nerveuse tout de même, elle repart en coulisse, le spectacle va commencer.

Dans la salle, cordes, trapèzes, rubans aériens, cerceaux donnent le ton dans une ambiance mystérieuse baignée de lumières chaudes et tamisées. Des personnages sont pendus au-dessus des spectateurs qui, déjà émerveillés par l’ambiance à la fois magique et ténébreuse, s’installent. L’histoire se déroule sur fond d’acrobaties et de musique live. Moira, ancienne productrice de film et scénariste, a contribué au développement de l’histoire. « Avant nous faisions des spectacles pour enfants, c’était mignon, mais cette fois ont a eu envie de faire quelque chose pour adulte, sexy, burlesque. » La plupart des actes sont réalisés par les élèves, alors que certains morceaux choisis sont délivrés par les professeurs. Le personnage de Madame Pain, par exemple, est interprété par Chrysalis, prof de trapèze, artiste travestis, cracheur de feu, qui compte Alice Cooper parmi ses fans et s’inflige de drôles de souffrances durant la performance. « Ce qu’il fait entre un peu dans la tradition des fakirs qui surmontent la douleur physique et celle de la mouvance fétiche qui a une scène importante à Londres. Cela ajoute une dimension cabaret et burlesque au spectacle que j’adore », explique Julie.

On reconnaît les amateurs aux traits d’inquiétude qui éclairent furtivement certains visages. Les numéros n’en restent pas moins incroyables et les spectateurs sont tenus en haleine. Vient le tour de Julie et ses compagnes de crimes, cancan démoniaques elles aussi. Jambes en l’air, tête en bas et acrobaties, loin du monde des télécoms qui constitue sa routine, Julie paraît être dans son élément. Mais un tel résultat ne vient pas sans pratique. Les élèves du cours du soir, comme Julie, se rendent à leur cours une fois par semaine, après le travail. Les groupes sont composés de cinq à dix personnes. Le cours commence toujours par une séance d’échauffement : « c’est dur mais il faut bien le faire pour pouvoir progresser », reconnaît Julie. Puis, l’apprentissage se fait progressivement suivant le développement de la force de chacun. « Une fois qu’on est à un niveau un peu plus avancé, on passe à des barres plus hautes, et on commence à travailler sur des chorégraphies et à lier les mouvements ensemble ». Beaucoup d’autres professionnels comme Julie ont été séduits par cette activité.

Le but de la compagnie est de rendre le cirque accessible à n’importe qui. Elastique, trapèze, tissu aérien, cerceau, jonglage, poteau chinois et acrobaties, vous pouvez même apprendre à courir sur les murs. Moira distingue Aircraft Circus des autres écoles de cirque : « nous avions dans l’idée d’ouvrir le cercle très fermé du cirque à tous, explique-t-elle. La différence c’est que nous offrons à nos élèves tout le voyage. Ils s’investissent, travaillent dur et peuvent à la fin faire partie du spectacle ». Ceci implique un temps de travail supplémentaire pour les gens qui souhaitent monter sur scène. Mais comme dirait Moira, le cirque doit aussi être ou devenir une passion. Julie par exemple est une élève assidue : « je viens aussi le dimanche pour m’entraîner parfois, ça me manque quand je rate les cours ! » Même si elle reconnaît que la période avant le show peut devenir critique entre son travail et les répétitions le week-end.

Loin des salles de fitness, la valeur ajoutée côté piments est certaine ! « Ca me donne un peu plus de confiance en moi, puisque qu’au niveau physique, j’ai plus de force, de flexibilité, de souplesse ! », admet Julie. Programme de remise en forme, expérience humaine et créative. L’art du Cirque pourrait bien devenir une nouvelle tendance. « Les inscriptions pour les cours du soir ont augmenté récemment, le cirque devient plus courant dans la conscience collective », confirme Moira. Julie, quant à elle, semble avoir trouvé un compromis pour rendre sa vie saine et divertissante. Et que pense son compagnon lorsqu’il la voit déambuler en talons aiguilles et bas résille sur une scène de cabaret ? « Il adore ma tenue cancan », confie-t-elle, coquine. L’art circassien enflammerait-il aussi le quotidien ?