Ambitieux, voilà le premier adjectif auquel on pense en écoutant le dernier projet [fn]Yann Tiersen – Dust Lane, Mute Records.[/fn] du Brestois. Perfectionniste aussi, tant on ressent que Tiersen cherche continuellement à arriver à une sorte d’aboutissement de sa musique. Et pour ce projet, que ce soit sur album (mixé par Ken Thomas) ou en concert, Tiersen s’est adjoint divers artistes : Matt Elliott, Dave Collingwood (Gravenhurst), Laetitia Sheriff ou encore Josh T.Pearson (Lift To Experience).
Pendant des années, Yann Tiersen a multiplié les collaborations et les esthétismes avec une honnêteté assidue ; et "Dust Lane" donne l’impression d’une sorte d’achèvement dans ses recherches, qui laisse supposer qu’il y aura un avant et un après "Dust Lane" dans la musicographie du Breton. On a pu reprocher au Brestois par le passé, un travail plus axé sur les mélodies que sur les parties chantées. Sur cet album, on peut certainement davantage affirmer que ces parties sont négligées tant la part belle est faite aux chœurs et aux harmonies vocales. Est-ce un hasard si Tiersen s’est associé avec les membres de Syd Matters qui ont eux aussi axé leurs récents projets sur ce terrain ? Tout au long de cet album, on aborde à la fois un côté rock étincelant et en progression ("Palestine"), des mélodies étoffées ("Amy"), des élévations intrépides de cordes ("Till The End") et la simplicité de ballades intenses ("Fuck Me").
Difficile pourtant de parler de chef d’oeuvre pour cet album, tant l’album convainc par sa maîtrise et ses qualités, mais sans éblouir vraiment. On se retrouve alors avec cette sensation gênante de se trouver devant un sublime tableau qui ne nous emporte pas.
Retrouvez l’interview vidéo de Yann Tiersen réalisée à la Route du Rock 2010.