Josh (Ben Stiller) et Cornelia (Naomi Watts) Srebnick, la quarantaine, sont mariés et mènent une vie de couple paisible où la routine s’accompagne d’un certain confort. Contrairement à leurs amis du même âge qui se reproduisent tout naturellement, ils n’ont pas réussi à avoir d’enfants mais ont décidé de s’accommoder de la situation. Réalisateur et prof à la fac, Josh stagne dans sa vie professionnelle. L’inspiration lui manque pour terminer un documentaire sur lequel il travaille depuis déjà plusieurs années. La rencontre avec Jamie (Adam Driver) et Darby (Amanda Seyfried), couple de hipsters dans la vingtaine, libres et spontanés, va apporter à Josh une bouffée d’oxygène inattendue et lui faire découvrir une jeunesse qu’il aurait aimé avoir. Rapidement, Josh et Cornelia délaissent leurs amis pour fréquenter le jeune couple cool et branché pour qui la vie semble plus simple. Mais ils sont loin d’imaginer jusqu’où cette cure de jouvence miraculeuse va les mener.
Vieillir, c’est nul
Qu’on le veuille ou non, chaque seconde qui passe nous vieillissons, c’est inéluctable. Josh a bien du mal à digérer cette implacable vérité qui s’impose à lui quand son médecin lui annonce qu’il a de l’arthrose et va devoir commencer à porter des lunettes. Deux signes du temps qui passe qui sont d’autant plus difficiles à accepter que sa vie personnelle et sa carrière semblent faire du surplace. Alors qu’il se demande comment il en est arrivé là, Josh rencontre Jamie et Darby, un jeune couple dynamique et plein de projets qui lui donne envie de pourchasser une jeunesse qui s’enfuit. Josh entraine sa femme Cornelia dans cette quête de régénération et très vite, les deux couples se trouvent très liés. Noah Baumbach joue habilement sur le décalage entre les deux générations en inversant certains clichés : ainsi le jeune couple de hispters écoute des vinyles et regarde des films en VHS alors que Josh et sa femme sont accros aux nouvelles technologies. Une façon de recentrer le propos sur un état d’esprit – le fait d’oser faire les choses en toute liberté – plutôt que sur l’utilisation ou non des possibilités techniques qui s’offrent à nous. Le cinéaste en profite pour égratigner au passage notre aliénation aux smartphones omniprésents.
Sans surprise, on retrouve dans ce nouveau film du réalisateur de Frances Ha (2012), sa facilité à ciseler des situations et des dialogues à la fois drôles, efficaces et intelligents. Si le port d’un chapeau pour Josh ou les cours de hip hop de Cornelia sont des tentatives de « rester jeune » qui peuvent paraître superficielles et assez désespérées, leur quête de renouveau a quelque chose de touchant car elle s’accompagne d’une remise en question plus profonde, à la fois personnelle et au niveau de leur couple. Confrontés à l’insolente jeunesse de Jamie et Darby pour qui tout semble facile, les quadragénaires vont devoir faire le choix de changer radicalement leur façon de voir les choses… ou non.
L’intrigue de trop
Lorsque Josh découvre que Jamie est également réalisateur de documentaires, il prend le jeune homme sous son aile et le conseille pour qu’il puisse réaliser son projet. Alors que Josh est empêtré dans son propre film, le documentaire du jeune homme avance rapidement et attire bientôt la reconnaissance du milieu. Vexé et un peu jaloux du succès de Jamie, Josh va examiner de plus près le travail de son jeune ami et entrer en conflit avec sa manière de travailler. Cette intrigue secondaire qui éloigne Josh et Jamie est intéressante – le débat sur l’éthique du documentaire mérite d’être posée – mais elle parasite la fin du film et nous éloigne du propos principal du film, la lutte contre le temps qui passe. Cette mise en avant du conflit sur la façon de faire un documentaire est d’autant plus surprenante que le réalisateur ne semble pas vraiment avoir un avis sur le sujet. Dans sa dernière partie, le film perd malheureusement de sa pertinence en emmêlant la mésentente professionnelle entre les deux hommes et la quête de renouveau de Josh et Cornelia qui passe au second plan pour ne revenir qu’au dernier moment, dans une conclusion un peu trop prévisible.
Malgré un épilogue qui laisse dubitatif, While We’re Young saisit assez bien l’incompréhension et la rébellion face au futur qui semble arriver toujours trop vite. Une comédie subtile aux dialogues adroitement ciselés qui, à défaut de suspendre le temps, permet de passer un bon moment. Ce qui est déjà une bonne chose.
> While We’re Young, réalisé par Noah Baumbach, États-Unis, 2014 (1h37)