Vallée de la Vézère, au cœur du Périgord noir. Paysage minéral, topographie tourmentée, quasi zone blanche. Idéal pour se cacher d’un conjoint violent. C’est dans une borie aménagée, dissimulée au creux des coteaux escarpés, que se réfugient Clémence et son fils Tom, six ans. Fabien, spéléologue amateur passionné de préhistoire, entraîne sa fille Johanna, étudiante en médecine à Toulouse, sur un site où l’effondrement d’un arbre lui fait pressentir une grotte inexplorée. Guilhèm, agriculteur du cru, connaîtra avec Marion, une jeune estivante, une histoire aussi brève qu’intense.

C’est l’émerveillement pour Clémence et Tom, qui vivent des moments de découverte idylliques dans cette nature foisonnante. Mais la liberté espérée se mue vite en vase clos : l’isolement protège, mais enferme aussi. Clémence croit pouvoir effacer la menace, mais l’ombre de la violence rôde toujours, comme la silhouette ténue de ce vagabond aperçue à plusieurs reprises. Fabien, lui, s’enfonce dans les entrailles de la terre, creusant autant dans les strates de la roche que dans celles de sa propre mémoire. Guilhèm incarne la permanence et l’attachement au territoire, mais l’enracinement, si protecteur, semble se refermer sur lui comme un piège silencieux.

Chaque goutte qui frappe ta dépouille te rapproche un peu plus de la fin de ton silence. 

Voici trois récits que rien ne semble réunir, sinon le lieu, magnifiquement raconté dans la beauté de ses vallées encaissées, de ses combes, de ses grottes préhistoriques et des merveilles pariétales qu’elles ont si jalousement cachées.  Les ramifications invisibles dessinent une fresque inattendue, qui ne se dévoile vraiment qu’à la fin, même si, çà et là, quelques minuscules indices indiquent au lecteur attentif la clef du mystère. Un tour de force.