Trois questions à une primo-réalisatrice

Trois questions à une primo-réalisatrice

Trois questions à une primo-réalisatrice

Trois questions à une primo-réalisatrice

Au cinéma le

Petit budget, film plus long que prévu… boucler un premier long-métrage peut très vite devenir le parcours du combattant. Certains n'hésitent pas à s'adresser directement au public. La réalisatrice Bénédicte Pagnot a décidé de faire appel aux internautes pour co-produire son film "Les lendemains" et parle des difficultés à trouver des fonds pour le cinéma d'auteur.

Co-produire votre film, cela consiste en quoi ?

En réalité, il ne s’agit pas vraiment de co-production mais plutôt d’une souscription. Les personnes qui ont la gentillesse de donner pour ce film, font un don c’est à dire qu’ils ne récupéreront pas d’argent. Malgré les aides (CNC, Région Bretagne, et télévisions locales), il a été difficile de récolter de l’argent pour ce film. Durant le tournage, mon producteur a lancé cette souscription sur touscoprod.com en essayant d’obtenir l’équivalent de 15 000 euro pour aider à boucler le film. Le film étant plus long que prévu, tout ce qui est lié à la post-production coûte également plus cher.

Combien coûte un premier film ?

Au départ le budget du film était estimé à 3 millions d’euro, mais on savait qu’avec 1 million on y parviendrait. Au final on l’a fait avec 750 000 euro. Si la somme paraît absolument gigantesque pour tout à chacun, au cinéma c’est une échelle qui est complètement différente. Il y a quelques mois, j’entendais Maïwenn expliquer que tous les premiers longs-métrages se faisaient avec 8 ou 9 millions d’euro et qu’elle n’avait eu « que » 5 millions d’euro pour son troisième film. Ce qu’il faut rappeler à Maïwenn c’est que la plupart des premiers longs-métrages ne se font pas avec 8 millions d’euro mais plutôt avec 1 million d’euro et bien souvent avec moins que ça. Cela pose évidemment de nombreuses questions… On reproche régulièrement au cinéma français d’être dans des films plus intimistes avec une histoire de couple en train de s’engueuler dans une cuisine… mais lorsqu’on a l’ambition d’un autre cinéma avec davantage de personnages, de décors, il n’y a pas vraiment les moyens de le réaliser ; à moins d’être dans la veine du film d’action ou du thriller. Dans le cinéma d’auteur, il y a ce paradoxe où à la fois on vous dit qu’il faut que ça soit ambitieux mais quand ça l’est, on n’hésite pas à vous dire « d’accord faites le d’abord et on vous donnera l’argent après ».

Une sélection en festivals peut être le coup de pouce rêvé pour un premier film ?

Ça aiderait le film effectivement, on l’a envoyé à Cannes et ils l’ont reçu, on verra ce que ça donnera…. L’important pour nous reste la sortie au cinéma, une fois projeté le film ne m’appartiendra plus. En dehors de la question de son succès en salles, les spectateurs feront de ce film ce qu’ils veulent bien en faire. Lors de mes précédentes réalisations, trois courts-métrages de fiction et trois documentaires, je me suis rendue compte que les spectateurs n’y mettaient pas du tout ce que j’ai voulu y mettre moi en tant que réalisatrice. Ils en font autre chose, et c’est toujours surprenant.

> "Les Lendemains", produit par Mille et Une Films, est le premier long-métrage de la rennaise Bénédicte Pagnot. Tourné en équipe réduite entre septembre et novembre derniers, le film raconte l’histoire d’Audrey (Pauline Parigot),18 ans, le bac en poche et qui va découvrir l’engagement politique. Au fil des rencontres, la jeune fille va changer de vie de façon radicale en partant vivre dans un squat.
La sortie en salles est prévue à l’automne prochain. Plus d’informations sur www.touscoprod.com

 

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