Cette semaine, le premier portrait de la série "Petites chroniques urbaines" a fait son apparition sur la Toile. La jeune réalisatrice Jeanne-Marie Laurent propose de brosser le portrait d’un artiste du street art, à découvrir en ligne toutes les trois semaines. Coup d’envoi avec l’artiste Mambo. Aujourd’hui passé dans l’art contemporain, le jeune Mambo, bombe à la main, intègre le monde du graffiti parisien dès 1985. « Je vois ce premier portrait comme une introduction. Mambo évolue aujourd’hui dans l’art contemporain, mais je voulais commencer avec lui pour qu’il nous raconte le graffiti et la rue dans les années 80 », raconte Jeanne-Marie, que nous avons rencontrée quelques jours avant la sortie de ce premier volet.
Elle a 23 ans, le reste des membres de son équipe n’est pas beaucoup plus vieux. Tous ont voulu soutenir, par leur savoir-faire, le projet de la jeune femme, projet qu'elle finance elle-même. Celle-ci espère d'ailleurs séduire des mécènes via le site Internet, vitrine de ce travail qu'elle a débuté voici près d'un an. Publié sur le site Internet dédié, chaque portrait devrait durer moins de dix minutes. A terme, Jeanne-Marie espère en faire un documentaire de 52 minutes, véritable instantané du street art français.
Donner la parole aux artistes
Dans ce premier film, la rue et le travail de l’artiste dans la rue sont moins présents. Voulue comme une entrée en matière, la réalisatrice précise, « c’est pour ça que nous allons enchaîner très vite avec les prochains portraits, qui se partagent eux entre interview de l’artiste et son travail dans la rue ». Le prochain portrait sur la jeune artiste Mademoiselle Maurice ne devrait donc pas tarder. Plus intimiste que ce premier volet, la street artist, filmée chez elle, raconte "sa rue" et les émotions qu’elle y ressent.
Née d’une rencontre entre Jeanne-Marie Laurent et Nordine Kotbi, ancien gérant du squat du 19e la Manufacture, "Petites Choniques Urbaines" dresse une galerie de portraits qui place l'artiste au coeur du mouvement. « C’est vrai, le street art est très à la mode, mais je trouve qu’on ne donne pas la parole aux artistes. On parle toujours des mêmes et surtout, on en parle toujours de la même façon. Et même si beaucoup de projets photo existent, on trouve assez peu de projets de vidéo en France. »
Elle ne se revendique ni critique d’art, ni experte du street art, c’est sans doute ce qui constitue l’intérêt de la série. "Petites chroniques urbaines" ne jugent pas les qualités esthétiques du travail des artistes mais s’intéressent avant tout à leur rapport à la rue. « Pourquoi ont-ils choisi la rue pour medium et comment décident-ils de la façon d’exprimer ce qu’ils ont à dire ? »
FKDL, Gregos, JBC, Djalouz, Lor K, Mademoiselle Maurice, tous ont accepté de se plier au jeu des questions-réponses et de laisser la caméra les filmer dans la rue. La réalisatrice veut éviter à tout prix le discours des galeristes et des collectionneurs. « Street art, c'est devenu un terme poubelle qui ne donne pas la parole aux artistes. » "Petites chroniques urbaines", un projet qu’on apprécie pour son énergie jeune, brute et sincère. La dynamique de la rue.